cabal

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samedi 10 juillet 2004

A la pointe extrême du Sahara marocain, à 300 kilomètres au sud de Dakhla, un no man’s land miné, long de 60 kilomètres, qu’il faut parcourir en convoi escorté d’un véhicule militaire, sépare le Maroc de la Mauritanie. Malgré cela, les accidents ne sont pas rares. A notre arrivée, l’escorte vient d’être supprimée depuis quelques semaines et le passage se fait aux risques et périls de chacun. Avertis du danger, regroupant quelques voitures, nous nous engageons, de nuit, dans une traversée qui va durer plus de sept heures. La piste de goudron défoncé est impraticable. Sans trop s’en éloigner, il faut se risquer sur les côtés où l’on s’ensable régulièrement. Nos compagnons de voyage, inexpérimentés, nous laissent faire la trace. Parmi eux, dans une minuscule voiture, un pasteur allemand, sa femme sur le point d’accoucher et trois enfants âgés de deux à huit ans. Le pasteur n’a ni boîte à outils ni matériel de dépannage ou de secours, à l’exception d’une énorme bible posée sur le tableau de bord. Il s’ensable plus souvent qu’à son tour. A chaque arrêt, les enfants s’échappent par le hayon et s’égaillent sous notre surveillance inquiète, tandis qu’il faut dégonfler les pneus, creuser, poser les plaques en tôle, pousser, récupérer les plaques enfouies sous le sable, regonfler. Mais aux adultes tendus, bientôt épuisés, la vision renouvelée des trois petits princes en pyjama, épanouis de bonheur insouciant sous la superbe voûte étoilée, est une promesse de salut.

We are now 300 km south of Dakhla (Western Sahara), a town near the Mauritanian border. Army vehicles usually escort convoys of cars across the frontier, a 60-km stretch of no-man’s-land with landmines. Accidents are common. But at the border we are told that the escorts have been suspended and crossing is “at your own risk”. We set off into the night with other vehicles. The trip takes more than seven hours : the road is in abysmal condition and we are forced to drive along its verge. We often get stuck in the sand, leading the way for our travelling companions, who include a German clergyman, his extremely pregnant wife and three young children, all crammed into a tiny car. With no toolbox, emergency kit or safety equipment, other than an enormous Bible on their dashboard, they get stuck. Each time we stop the children escape via the boot and run around. We deflate the tyres, dig holes in the sand, lay down sheet metal, push the car out, retrieve the buried metal strips and reinflate the tyres. We adults are exhausted ; but our three pyjama-clad little princes frolic under the starry sky, a promise of salvation.

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