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L’Amérique dans les têtes


The control of pleasure

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1.

Comment ne fascinerait-elle pas ? Pour séduire les coeurs et les esprits, l’Amérique dispose de formidables et enviables atouts. Sur le plan politique d’abord, elle se présente avec le visage affable d’une vieille démocratie accueillante, héritière d’une révolution à portée universelle et d’une riche culture. Son célèbre symbole —la Liberté éclairant le monde— représente toujours, pour des millions d’opprimés de la planète, un fort message d’espoir et la promesse d’une vie meilleure.

1.

How could it fail to fascinate us ? The United States has powerful resources with which to excite our envy and enchant our hearts and minds. In political terms, it has the amiable countenance of an old and accommodating democracy, heir to a revolution of universal significance and a rich culture. For millions of oppressed people all over the world, its famous symbol - Liberty lighting the world - still represents a powerful message of hope and the promise of a better life.

2.

Sortie victorieuse de la guerre froide, l’Amérique a de surcroît remporté la guerre du Golfe et gagné celle du Kosovo. Au nom de principes humanitaires. Et chaque fois contre des régimes autoritaires ou des dictatures malveillantes. Parvenue au pinacle de la gloire militaire, désormais seule hyperpuissance, elle domine calmement le monde comme nul autre pays dans l’histoire.

2.

After emerging victorious from the cold war, the US went on to win the war in the Gulf and then in Kosovo, upholding humanitarian principles and countering authoritarian regimes or evil dictatorships on each occasion. Having reached this peak of military glory as the only remaining "hyperpower", it coolly dominates the world like no other country in history.

3.

En outre, la durée sans précédent de son actuel cycle de croissance semble confirmer que, décidément, Dieu est avec l’Amérique. N’atelle pas inventé Internet ? N’a-t-elle pas créé la "nouvelle économie" ? Ne pilote-t-elle pas la mondialisation ?

3.

What is more, the length of the current US cycle of growth seems to confirm that God really is on America’s side. Did it not invent the internet and launch the new economy ? Is it not the driving force behind globalisation ?

4.

Partout on adopte son modèle rénové. Ses méthodes de management, ses dispositifs juridiques, ses techniques commerciales, ses conseils en communication et, bien sûr, ses passions, ses stars et ses mythes. Dans tous les domaines, des firmes américaines —de Microsoft à Yahoo, de Walt Disney à Monsanto— étalent leur fascinante réussite. Et, grâce aussi à d’habiles offensives d’intoxication publicitaire, reconquièrent le monde.

4.

All over the world, people are following its example, adopting the latest management methods, legal systems, sales techniques, spin doctors and, of course, its fashions, stars and myths. US firms in every field —from Microsoft to Yahoo, Walt Disney or Monsanto— flaunt their intriguing success and continue their world conquest, backed by clever advertising campaigns.

5.

N’en déplaise aux philoaméricains béats, il n’est point anormal que, çà et là, et en premier lieu aux États-Unis mêmes (comme on l’a vu à Seattle en décembre 1999 et à Washington en avril dernier), des citoyens s’interrogent sur le sens de cette reconquête. Sur la nouvelle physionomie de l’empire américain. Sur sa puissance idéologique. Et sur ses stratégies de persuasion.

5.

But whatever its admirers may think, it is hardly surprising that here and there, and above all in America itself (as we saw in Seattle last December and in Washington this April), people should be wondering about the meaning of this offensive. About the new face of the US empire. The power of its ideology. And its strategies of persuasion.

6.

On domine d’autant mieux que le dominé en demeure inconscient. Les colonisés et leurs oppresseurs savent que la relation de domination n’est pas seulement fondée sur la suprématie de la force. Passé le temps de la conquête, sonne l’heure du contrôle des esprits. C’est pourquoi, sur le long terme, pour tout empire désirant durer, le grand enjeu consiste à domestiquer les âmes.

6.

It is easier to dominate someone if they are unaware of being dominated. Colonised and colonisers both know that domination is not just based on physical supremacy. Control of hearts and minds follows military conquest. Which is why any empire that wants to last must capture the souls of its subjects.

7.

Jadis génocideurs (contre les Indiens), esclavagistes (contre les Noirs d’Afrique), expansionnistes (contre les Mexicains) et colonialistes (contre les Portoricains), les États-Unis d’Amérique, sans doute lassés par leur excessive brutalité, aspirent désormais à s’installer pacifi quement dans les têtes de tous les non-Américains, et à séduire leurs coeurs.

7.

In the past the United States has been involved in genocide (of American Indians), enslavement (of African Americans), territorial expansion (into Mexico) and colonial conquest (of Puerto Rico). But now, tired of its past brutality, it seeks to occupy the minds of non-Americans peacefully and win their hearts.

8.

C’est en Europe occidentale que ce projet impérial rencontre curieusement le moins de résistance (lire, page 10, l’article de Serge Halimi). Pour des raisons politiques d’abord : les États-Unis sont issus de la première révolution démocratique, celle de 1776, qui précéda de treize ans la Révolution française. Et pour des raisons aussi historiques : aucun État d’Europe - à l’exception de l’Angleterre au XVIIIe siècle et de l’Espagne à la fin du XIXe - n’a eu l’Amérique pour ennemie dans une confrontation bilatérale. Au contraire, "pays de la liberté" , celle-ci a généreusement accueilli des millions de réfugiés et d’exilés européens ; et, à l’occasion des deux guerres mondiales (1914-1918 ; 1939-1945), s’est comportée en amie du Vieux Continent. En intervenant, de manière décisive, en faveur des libertés contre des puissances militaristes ou fascistes.

8.

Oddly enough, it is in Europe that this imperial design meets the least resistance, for reasons that are, above all, political. The first democratic revolution brought the US into existence, in 1776, 13 years before the French revolution. There are also historical reasons. No European state - except Britain in the 18th century and Spain at the end of the 19th century - has waged war against the US in a two-sided dispute. On the contrary, the US has long been a land of freedom, generously welcoming millions of European refugees and political exiles. What is more it stood by Europe in two world wars (1914-18 and 1939-45) and has, on various occasions, played a decisive role in interventions against war-mongering or fascist powers.

9.

En 1989-1991, l’Amérique a gagné la guerre froide par K.-O. face à l’Union soviétique, entraînant la chute du mur de Berlin et, cahin-caha, la démocratisation des régimes d’Europe centrale et orientale.

9.

In 1989-91 the US won the cold war against the Soviet Union, bringing down the Berlin wall and heralding the emergence of democratic regimes in central and eastern Europe.

10.

Au plan géopolitique, les États-Unis se retrouvent placés dans une situation d’hégémonie que nul pays n’a jamais connue. Militairement, leur force est écrasante. Ils sont non seulement la première puissance nucléaire et spatiale, mais également maritime. Les seuls à posséder une flotte de guerre dans chacun des océans et des principales mers du globe ; et à disposer de bases militaires, de ravitaillement et d’écoute dans tous les continents.

10.

In geopolitical terms the US occupies a position of power that no other country has ever enjoyed. Its military force is overwhelming, on account of its nuclear weaponry and control of space, but also its naval power. It is the only country to operate fleets on all the world’s oceans and its main seas, and to have military bases, depots and listening posts on all five continents.

11.

Le Pentagone dépense, au titre de la seule recherche militaire, environ 31 milliards de dollars (autant d’euros), soit le budget total de la défense française. Il possède, en matière d’armement, plusieurs générations d’avance. Ses forces armées (1,4 million de soldats) peuvent tout identifier, tout suivre et tout entendre, dans n’importe quel milieu, en l’air, sur terre ou sous l’eau. Elles peuvent presque tout voir sans être vues, et, sans être elles-mêmes menacées, détruire une cible, de jour comme de nuit, avec une précision extrême.

11.

The Pentagon spends about $31bn on military research alone, a sum equivalent to the entire budget of the French army. Its armament is several generations ahead of the competition. Its armed forces (1.4 million soldiers) can identify, monitor and listen to objects, in the air, below ground or underwater. The US military can see almost everything, without being seen or threatened, and destroy targets, by day or night, with extreme precision.

12.

Washington dispose, en outre, d’une impressionnante gamme d’agences de renseignement —Central Intelligence Agency (CIA), National Security Agency (NSA), National Reconnaissance Office (NRO), Defense Intelligence Agency (DIA)— employant plus de 100 000 personnes et dont le budget dépasse les 26 milliards de dollars. Ses espions sont actifs partout, tout le temps. Chez les amis comme chez les ennemis. Ils volent non seulement des secrets diplomatiques et militaires, mais aussi industriels, technologiques ou scientifiques.

12.

Washington also has an impressive range of intelligence agencies —the Central Intelligence Agency, National Security Agency, National Reconnaissance Office and Defence Intelligence Agency— that employ over 100,000 people, with a budget of more than $26m. US spies are at work everywhere, all the time, in friendly and hostile countries. Not only do they steal diplomatic and military secrets but also industrial, technological and scientific data.

13.

Sur le front des affaires étrangères, l’hyperpuissance américaine régente la politique internationale. Et a l’oeil sur les crises dans tous les continents. Car elle a des intérêts partout et reste la seule à agir sur l’ensemble de l’échiquier planétaire : du Proche-Orient au Kosovo, de Timor à Taïwan, du Pakistan au Caucase, du Congo à l’Angola, de Cuba à la Colombie.

13.

In foreign affairs, the US "hyperpower" directs international policy. It keeps an eye on crises all over the world, for it has interests everywhere and is the only country to act globally, from the Middle East to Kosovo, in Timor and Taiwan, Pakistan and the Caucasus, Congo and Angola, Cuba and Colombia.

14.

Le poids de Washington est décisif également au sein des instances multilatérales dont les options déterminent la marche du monde : Organisation des Nations unies (ONU), G7 (groupe des sept pays les plus industrialisés), Fonds monétaire international (FMI), Banque mondiale, Organisation mondiale du commerce (OMC), Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), etc.

14.

Washington also exerts a decisive influence in the multilateral bodies whose decisions set the course of world affairs : the United Nations, Group of Seven (major industrialised countries), International Monetary Fund, World Trade Organisation, Organisation for Economic Cooperation and Development, North Atlantic Treaty Organisation and so on.

15.

Mais la prépondérance d’un empire, dans le contexte contemporain, ne se mesurant plus aux seuls atouts militaires et diplomatiques, l’Amérique s’est assurée aussi de la domination scientifique. Elle aspire comme une pompe, chaque année, des dizaines de milliers de cerveaux (étudiants, chercheurs, diplômés) du reste du monde qui viennent dans ses universités, ses laboratoires ou ses entreprises. Cela lui a permis, ces dix dernières années, de rafler 19 prix Nobel (sur 26) en physique, 17 (sur 24) en médecine et 13 (sur 22) en chimie.

15.

In the modern world the strength of an empire no longer depends exclusively on its military and diplomatic clout ; and the US has also secured a dominant position in science. Every year it drains tens of thousands of brains (students, researchers and graduates) from the rest of the world into its universities, laboratories and companies. In the last 10 years this has enabled it to win 19 Nobel prizes for physics (out of 26), 17 in medicine (out of 24) and 13 in chemistry (out of 22).

16.

Dans le contrôle des réseaux économiques, les États-Unis exercent également une indiscutable suprématie. Leur produit intérieur brut en 1999 (8 683,4 milliards de dollars) représente plus de six fois celui de la France (1 346,6 milliards de dollars). Le dollar reste la devise suprême ; dans 83 % des transactions de devises, il est l’une des monnaies concernées. La Bourse de New York constitue le baromètre financier universel et ses hoquets, comme ceux de l’indice Nasdaq en avril dernier ( lire le dossier pages 12 à 15), font trembler la planète. Enfin la force de frappe des fonds de pension américains —mastodontes régnant sur les marchés financiers — intimide tous les acteurs de la sphère économique mondiale.

16.

US control of economic networks is not open to question. Its gross domestic product in 1999 ($8,683.4bn) was over six times the French equivalent. The dollar is still the top currency. It is involved in 83% of all exchange transactions. The New York stock exchange is the universal financial barometer, and its hiccups send ripples round the world, as we saw with the Nasdaq index in April. US pension funds —the behemoths of the financial markets— intimidate executives in every sphere of global business.

17.

L’Amérique est aussi la première cyberpuissance. Elle maîtrise les innovations technologiques, les industries numériques, les extensions et les projections (matérielles et immatérielles) de tous ordres. C’est le pays du Web, des autoroutes de la communication, de la "nouvelle économie" , des géants de l’informatique (Microsoft, IBM, Intel) et des champions d’Internet (Yahoo, Amazon, America Online).

17.

The US is also the leading cyberpower. It controls technological innovation and the computer industry. This is the land of the Web, the information highway and the new economy, home of computer giants, such as Microsoft, Intel and IBM, and Internet champions, such as Yahoo, Amazon and America Online.

18.

Pourquoi une si écrasante suprématie militaire, diplomatique, économique et technologique ne suscite-t-elle pas davantage de critiques ou de résistances ? Parce que l’Amérique exerce, de surcroît, une hégémonie dans le champ culturel et idéologique. Elle possède depuis longtemps de très grands intellectuels, unanimement respectés, et d’immenses créateurs dans tous les domaines artistiques, admirés, à juste titre, partout. Elle détient aussi la maîtrise du symbolique, qui lui donne accès à ce que Max Weber nomme la "domination charismatique" .

18.

Why then does such crushing military, diplomatic, economic and technologic supremacy not prompt more criticism or resistance ? No doubt because US hegemony also embraces culture and ideology. It has long been the home of many fine, universally respected intellectuals and creative artists in every field, who are quite rightly admired by one and all. Its mastery extends to the symbolic level, lending it what Max Weber calls "charismatic domination".

19.

Dans maints domaines, l’Amérique s’est assuré le contrôle du vocabulaire, des concepts et du sens. Elle oblige à dire les problèmes qu’elle crée avec les mots qu’elle-même propose. Elle fournit les codes permettant de déchiffrer les énigmes qu’elle-même impose. Et dispose à cet effet de quantité d’institutions de recherche et de boîtes à idées ( think tanks ), auxquelles collaborent des milliers d’analystes et d’experts. Qui produisent de l’information sur des questions juridiques, sociales et économiques dans une perspective favorable aux thèses néolibérales, à la mondialisation et aux milieux d’affaires. Leurs travaux, généreusement financés, sont médiatisés et diffusés à l’échelle mondiale.

19.

The US has taken control of the vocabulary, concepts and meaning of many fields. It obliges us to formulate problems of its own invention with the words it offers. It provides the codes to decipher enigmas it created in the first place. In fact, it has set up any number of research centres and think-tanks for this very purpose, employing thousands of analysts and experts. These eminent bodies produce reports on legal, social and economic issues with a perspective that supports the ideal of the free market, the world of business and the global economy. Their lavishly funded work attracts endless media attention and is broadcast the world over.

20.

Les principales usines de cette industrie de la persuasion —le Manhattan Institute, la Brookings Institution, la Heritage Foundation, l’American Enterprise Institute, le Cato Institute— ne lésinent pas à inviter massivement, à leurs séminaires et débats, journalistes, professeurs, fonctionnaires, dirigeants, qui vont porter, ensuite, partout la bonne parole.

20.

The main factories of this industry of persuasion —the Manhattan Institute, Brookings Institution, Heritage Foundation, American Enterprise Institute and Cato Institute— spare no expense in inviting large numbers of journalists, academics, civil servants and company directors to their seminars and conferences, so that they may return home and spread the word.

21.

En s’appuyant sur le pouvoir de l’information et des technologies, les États-Unis établissent ainsi, avec la passive complicité des dominés, ce qu’on pourrait appeler une oppression affable, ou un délicieux despotisme. Surtout quand ce pouvoir se double d’un contrôle des industries culturelles et de la domination de notre imaginaire.

21.

Wielding the might of information and technology, the US thus establishes, with the passive complicity of the people it dominates, what may be seen as affable oppression or delightful despotism. And this is all the more effective as its control of the culture industries lets it capture our imagination.

22.

L’Amérique, avec un savoir-faire admirable, peuple nos rêves d’une foule de héros médiatisés. Chevaux de Troie du maître dans l’intimité de nos cerveaux. Alors qu’elle n’achète, par exemple, que 1 % de films à l’étranger, elle inonde le monde des productions de Hollywood (lire, page 26, l’article de Carlos Pardo). Et de téléfilms, dessins animés, vidéo-clips, bandes dessinées, etc. Sans parler des modèles vestimentaires, urbanistiques ou culinaires (lire, pages 6 et 7, l’article de Rick Fantasia).

22.

The US uses its admirable know-how to people our dreams with crowds of media heroes, Trojan horses despatched by their master to invade our brains. Only 1% of the films shown in the US are foreign productions, while Hollywood floods the world with its wares. And close behind come television series, cartoons, videos and comics, not to mention fashion, urban development and food (see article by Rick Fantasia in this issue).

23.

Le temple, le lieu sacré où se déroule le culte des nouvelles icônes est le mall, le centre commercial, cathédrale érigée à la gloire de toutes les consommations. Dans ces lieux de ferveur acheteuse s’élabore une même sensibilité à travers la planète, fabriquée par des logos, des stars, des chansons, des idoles, des marques, des objets, des affiches, des fêtes (cf. l’expansion fulgurante Le régime d’Halloween en France).

23.

The faithful gather to worship the new icons in malls —temples raised to the glory of all forms of consumption. All over the world these centres of shopping fever promote the same way of life, in a whirl of logos, stars, songs, idols, brands, gadgets, posters and celebrations (like the extraordinary spread of Halloween in France).

24.

Tout cela accompagné d’une rhétorique séduisante de liberté de choix et d’autonomie du consommateur. Martelé par une publicité obsessionnelle et omniprésente (les dépenses de publicité aux États-Unis s’élèvent, par an, à plus de 200 milliards de dollars !) qui porte autant sur les symboles que sur les biens. Le marketing est tellement sophistiqué qu’il aspire à vendre, non plus une marque, mais une identité, pas un signe social, mais une personnalité. Selon le principe : avoir c’est être.

24.

All this is accompanied by the seductive rhetoric of freedom of choice and consumer liberty, hammered home by obsessive, omnipresent advertising (annual advertising expenditure in the US exceeds $200bn) that has as much to do with symbols as with the goods themselves. Marketing has become so sophisticated that it aims to sell not just a brandname or social sign, but an identity. All based on the principle that having is being.

25.

Il est donc urgent de se souvenir du cri d’alerte lancé, dès 1931, par Aldous Huxley : "A une époque de technologie avancée, le plus grand danger pour les idées, la culture et l’esprit risque davantage de venir d’un ennemi au visage souriant que d’un adversaire inspirant la terreur et la haine."

25.

It is high time that we recall Aldous Huxley’s warning that, "As the art and science of manipulation come to be better understood, the dictators of the future will doubtless learn to combine these techniques with the non-stop distractions which, in the West, are now threatening to drown in a sea of irrelevance the rational propaganda essential to the maintenance of individual liberty and the survival of democratic institutions".

26.

Car, devenu maître des symboles, l’empire américain se présente désormais devant nous avec la séduisante apparence des enchanteurs de toujours. Nous proposant des loisirs à gogo, des distractions en boucle, des sucreries pour les yeux, ce nouvel hypnotiseur entre par effraction dans notre pensée et y greffe des idées qui ne sont pas les nôtres. Il ne cherche plus à obtenir notre soumission par la force, mais par l’incantation, pas sur ordre, mais par notre propre consentement. Pas par la menace de la punition, mais en pariant sur notre soif de plaisir.

26.

The American empire has become a master of symbols and seduction. Offering unlimited leisure and endless distraction, its hypnotic charm enters our minds and instils ideas that were not ours. America no longer seeks our submission by force, but by incantation. It has no need to issue orders, for we have given our consent. No need for threats, as it bets on our thirst for pleasure.

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