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1. L’EMPIRE CONTRE L’ONU |
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1. LAW OF EMPIRE |
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2. Au nom d’une supposée "supériorité morale", les États-Unis entendent définir seuls les normes de la vie internationale. |
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2. In the name of so-called "moral superiority" the United States wants to determine the norms of international life. |
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3. Mais de quelle "supériorité morale" s’agit-il ? Depuis la fin de la guerre froide, l’aide au développement octroyée par Washington aux pays les plus pauvres —7 milliards de dollars en 1997— a diminué de plus de la moitié. |
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3. But Washington’s development aid to the poorest countries —$7bn in 1997— is less than half what it was at the end of the cold war. |
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4. Après avoir repoussé, le 13 octobre dernier, le traité sur l’interdiction totale des essais nucléaires (CTBT), les États-Unis relancent une course aux missiles antimissiles qui menace l’ensemble des accords de désarmement signés depuis plusieurs décennies. |
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4. Having failed to ratify the Comprehensive Test Ban Treaty (CTBT) on 13 October, the US is forging ahead with anti-missile systems that put the disarmament treaties of the last decades at risk. |
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5. En marginalisant l’ONU, en instrumentalisant l’OTAN pour intervenir en Yougoslavie, ils ont clairement violé le droit international et la Charte des Nations unies. |
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5. By marginalising the UN and empowering Nato to intervene in Yugoslavia, it has violated international law and the UN Charter. |
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6. Tout comme ils rejettent la nouvelle Cour pénale internationale et refusent de signer ou de ratifier des textes de toute première importance pour l’humanisation de la planète. |
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6. And it is also refusing to sign or ratify other key documents such as the new International Criminal Court. |
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7. LORSQUE, à la mi-octobre 1999, le Sénat américain rejette le traité sur l’interdiction globale des essais nucléaires (CTBT), les commentateurs sont unanimes : les "nouveaux isolationnistes" l’ont emporté. |
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7. When the United States Senate voted down the Comprehensive Test Ban Treaty (CTBT) in mid-October, the perceived wisdom was that the "new isolationists" had won the day. |
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8. Mais, une fois encore, les commentateurs se trompent. La majorité républicaine de droite ne refuse pas le principe de l’intervention tous azimuts à l’étranger : si elle avait été "isolationniste", elle rappellerait les troupes américaines des quatre coins du globe pour les redéployer le long des frontières. Elle exigerait la rupture avec les réseaux commerciaux qui quadrillent le globe, et ne se contenterait pas de chercher à limiter les pouvoirs de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). |
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8. But the perceived wisdom was wrong. The rightwing congressional opposition was not retreating from global involvement. Real "isolationists" would have been busy withdrawing far-flung troops from international deployments and restationing them on the US borders, not just rejecting a particular arms control treaty. They would be pulling back from the US-centred trade webs that criss-cross the globe, not simply trying to limit the power of the World Trade Organisation. |
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9. Ce que le vote du Sénat confirme, c’est la volonté d’intervention unilatérale des États-Unis et leur refus de tout multilatéralisme, notamment de celui symbolisé par les Nations unies, qui sont devenues le bouc émissaire dans les nouveaux jeux de pouvoir à Washington. |
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9. It is not isolationism, but a thoroughly interventionist unilateralism that was the driving force behind the defeat of the CTBT. Multilateralism —and especially the United Nations— have become the key fall guys in Washington’s newest blame games. |
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10. C’était facilement prévisible. A peine quelques semaines s’étaient écoulées depuis les bombardements de l’OTAN sur la Serbie que déjà les responsables américains reprochaient à l’ONU leur propre incapacité à rétablir ne serait-ce qu’un semblant de paix au Kosovo et dans le reste de la Yougoslavie. L’attaque de l’OTAN n’a pu arrêter ni la purification ethnique ni les expulsions du Kosovo ; elle a, en revanche, ravagé la Yougoslavie et renforcé le pouvoir du président Slobodan Milosevic. |
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10. It was eminently predictable. Only a few weeks after Nato’s spring bombing campaign, US officials were already blaming the UN for its own failure to restore anything resembling peace in Kosovo and the rest of Yugoslavia. Months of Nato bombing had failed to stop the ethnic cleansing and expulsions in Kosovo. Instead, it devastated Yugoslavia and shored up support for Slobodan Milosevic. |
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11. Ce n’est qu’après avoir constaté leur échec que les États-Unis, à contrecoeur, ont admis que l’ONU, jusque-là écartée, avait un rôle à jouer dans la mise en place d’un accord qui organiserait le retrait des troupes yougoslaves et créerait un protectorat international au Kosovo. Malgré ce ralliement tardif, la stratégie américaine a alors consisté à récuser le rôle décisionnaire de l’ONU, à la priver de ressources adéquates, de personnel et d’autorité, puis à lui faire endosser la responsabilité des suites sanglantes de la guerre menée par les États- Unis. |
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11. Only then did Washington and its allies grudgingly allow a role for the UN to orchestrate the deal for ending the air war, withdrawing Yugoslav troops, and creating an international protectorate in Kosovo. Even then US strategy was to reject UN decision-making, deny the UN adequate resources, personnel and authority, and then hold it responsible for the messy and violent aftermath of the US-Nato war. |
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12. Les dirigeants américains passent sous silence le fait que c’est surtout à cause de l’avarice des États-Unis et de leurs riches alliés que le Haut-Commissariat aux réfugiés n’a reçu que 140 des 400 millions de dollars nécessaires pour la reconstruction des logements détruits au Kosovo. Le New York Times rapportait, au milieu de l’été, que "seuls 150 agents de police [étaient] arrivés au Kosovo, alors qu’était prévue une force internationale de 3 110 membres" et on imagine "les hochements de tête réprobateurs devant ce nouvel échec de l’ONU". Mais le vrai problème est qu’une force d’intervention de plus de 3 000 hommes doit être recrutée séparément par différents gouvernements à travers le monde, parce que les États-Unis bloquent la création d’une police internationale ou d’une force permanente d’intervention rapide de l’ONU capable, sous l’autorité du secrétaire général, d’agir rapidement et préventivement dans une région en crise. |
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12. The officials ignored the fact that, thanks largely to US and its wealthy allies’ miserliness, the UN High Commissioner for Refugees had so far received only $140m of the $400m needed to rebuild homes for the returning Kosovar refugees. The New York Times reported that "only 150 police officers of a projected 3,110-member international force are in Kosovo" and you could almost see the shaking heads of disapproval at the UN’s failure. The real problem, however, was that the entire 3,000+ volunteer force had to be individually recruited and sent to Kosovo by separate governments around the world. This was because the US has long prevented the creation of a standing UN rapid reaction or international police force that could, under the direction of the secretary-general, move swiftly and proactively to crisis zones. |
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13. Le gouvernement du président Clinton refuse d’aider à la reconstruction de l’infrastructure dévastée de la Serbie aussi longtemps que M. Slobodan Milosevic restera au pouvoir, et il exerce des pressions sur les autres membres de l’OTAN pour qu’ils agissent de même. Ainsi, les albanophones du Kosovo recevront des millions de dollars pour reconstruire leurs villes, alors que le reste de la Serbie ne percevra rien. Compte tenu de l’exacerbation des tensions interethniques, la tâche des Nations unies s’annonce gigantesque, et l’attitude de Washington rend encore plus probable un échec. De semblables insuffisances planent déjà sur un autre projet de l’ONU, chiffré à plus de 1 milliard de dollars, la reconstruction du Timor-Oriental, plus dévasté que le Kosovo. |
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13. The Clinton administration refuses to help rebuild Serbia’s bomb-devastated infrastructure so long as Milosevic remains in power, and it is pressuring other Nato members to do the same. So the Albanian Kosovars will eventually receive millions in reconstruction money, while the rest of Serbia gets nothing. With ethnic tensions thus exacerbated, the UN’s task will remain even more daunting, and Washington’s position will make the UN’s failure more likely. Similar inadequacies are already looming over the UN’s ambitious $1b-plus peacekeeping and nation-building effort in the even more devastated East Timor. |
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14. Du bout des lèvres, le gouvernement du président Clinton soutient l’ONU. Il demande au Congrès de régler les contributions américaines impayées au budget de l’organisation internationale —le retard se chiffre à plus de 1,5 milliard de dollars—, mais ne déploie pas beaucoup d’efforts pour faire voter une telle mesure. Dans le même temps, il refuse d’admettre qu’il ne peut pas se passer des Nations unies pour atteindre son objectif affiché, la paix dans le monde. Il tient l’ONU à l’écart de ses décisions en politique étrangère et ne déploie que très rarement ce "multilatéralisme agressif", marque de la diplomatie du président Clinton durant les premiers mois de son pouvoir. |
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14. The Clinton administration pays lip service to supporting the UN. It calls on Congress to pay overdue UN dues —more than $1.5bn— but fails effectively to mobilise support for paying them. At the same time it refuses seriously to acknowledge how much it needs the UN for any hope of achieving its claimed goal of a more peaceful world. Instead, it separates the UN from its operative foreign policy and only rarely projects the "aggressive multilateralism" that was the official hallmark of Clinton’s early diplomacy. |
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15. En se tournant vers l’OTAN pour entériner la guerre aérienne qu’ils ont menée contre la Yougoslavie, les États-Unis ont clairement violé le droit international et la charte des Nations unies, qui stipule que seul le Conseil de sécurité peut autoriser le recours à la force. De la même manière, en empêchant l’envoi d’une force de paix des Nations unies à Dili tant que leur allié indonésien n’avait pas donné son accord, les États-Unis sont restés fidèles à eux-mêmes, car jamais ils n’ont tenu compte des résolutions de l’ONU rappelant la complète illégalité de l’occupation du Timor-Oriental par Djakarta. |
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15. In turning to Nato, a cold war military alliance, to approve its air war against Yugoslavia instead of placing the issue before the UN, the US explicitly violated international law and the UN Charter that stipulates that only the Security Council can authorise the use of force. In refusing to allow the UN to send peacekeepers to Dili until after its Indonesian ally grudgingly agreed, Washington followed a longstanding pattern of ignoring UN resolutions ruling Jakarta’s occupation of East Timor completely illegal. |
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16. Dans le monde tel qu’il est, il est probable qu’il continuera à y avoir des cas de violations des droits humains telles celles qui se sont produites au Timor-Oriental et au Kosovo et qui rendront nécessaire d’envisager une intervention internationale sur le territoire d’un État souverain ou dans un territoire illégalement occupé par un autre État souverain. Mais seule l’ONU est en droit de prendre des décisions d’une telle gravité. La crainte d’un possible veto russe ou chinois (très surfaite, compte tenu de l’importance de l’aide économique occidentale à ces deux pays) ne confère pas aux États-Unis, avec ou sans leur satellite britannique, le droit de bafouer la préséance des Nations unies sur les questions de paix et de sécurité dans le monde. En agissant en solitaire, les États-Unis claironnent leur mépris des autres nations. |
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16. In today’s world it is clear there may be times when widespread human rights violations, such as those that occurred in East Timor or Kosovo, may necessitate at least the consideration of international intervention within a sovereign state or in a territory illegally occupied by another sovereign state. But only the UN is entitled to make such grave determinations. Fear of a possible veto by other Security Council members (however exaggerated that fear, given Chinese and Russian dependency on Western economic support) does not give the US —with or without tag- along Britain— the right to conduct an end run around UN primacy in matters of international peace and security. By acting solo, the US trumpets its contempt for other nations. |
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17. Pourquoi les États-Unis —et même l’administration du président William Clinton, naguère partisan du multilatéralisme— orchestrent- ils une campagne visant à discréditer l’ONU et le droit international encore davantage, maintenant que la guerre en Yougoslavie est terminée et que la tâche difficile de la reconstruction du Timor-Oriental est à peine commencée ? |
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17. So why is the US —including the once relatively multilateralist Clinton administration— leading the charge to discredit and undermine the UN and international law even further, now that Nato’s unauthorised war in Yugoslavia is over and the difficult work of rebuilding a shattered East Timor is beginning ? |
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18. Pour le comprendre, il faut remonter à l’histoire, notamment à celle des empires à l’apogée de leur pouvoir et de leur influence. Successivement, chacun d’entre eux a tenté de récrire les règles globales selon lesquelles il entend gérer le monde, d’imposer ce que l’on pourrait appeler la "loi de l’empire". Thucydide décrit déjà la conquête de l’île de Mélos par les Grecs soucieux d’assurer la stabilité de leur empire alors dans son âge d’or, et la gouvernant selon des principes totalement différents de ceux de la démocratie athénienne. L’Empire romain agira de même. Et, au cours des deux siècles écoulés, l’empire britannique, sur lequel "le soleil ne se couchait jamais", ne s’est pas comporté différemment. Aujourd’hui, ayant atteint les cimes d’une puissance militaire, économique et politique, naguère inimaginables, les États-Unis à leur tour veulent, seuls, définir les normes de la vie internationale. |
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18. It’s an old story - the story of a strategically unchallenged dominion, at the apogee of its power and influence, rewriting the global rules for how to manage its empire. Two thousand years ago Thucydides described how Mylos, the island the Greeks conquered to ensure stability for their empire’s golden age, was invaded and governed according to laws wholly different from those ruling democratic Athens. So it was, too, with the Roman empire. In the last 200 years the British empire (on which "the sun never set") did much the same thing. And now, having achieved once unimaginable heights of military, economic and political power, it is Washington’s turn. |
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19. Étrange alliance |
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19. Strange alliance |
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20. LA loi de l’empire signifie notamment, pour les États-Unis, une dispense à l’égard d’accords internationaux auxquels ils exigent que les autres se soumettent. Cela transparaît dans le rejet par Washington de la nouvelle Cour pénale internationale, destinée à juger les crimes de guerre et de génocide. En 1998 encore, l’administration Clinton, par la voix de M. David Scheffer, ambassadeur américain pour les crimes de guerre, avait réaffirmé le soutien officiel du gouvernement à la création d’une telle instance. Il reprenait là une position que Washington avait formulée pour la première fois au lendemain de la seconde guerre mondiale, quand les États-Unis défendaient l’idée que les individus devaient être tenus pour personnellement responsables des crimes de guerre. Mais quand, en juillet 1998, la nouvelle Cour reçut à Rome l’approbation de cent deux pays, les États-Unis furent l’un des sept pays à voter contre, aux côtés d’Israèl, de la Libye, de l’Irak, de la Chine, du Qatar et du Soudan. Pourquoi les États-Unis se sont-ils joints à cette étrange alliance ? M. Scheffer expliquera, le 31 août 1998, "que c’est parce que le tribunal fait courir un risque à ceux qui endossent la responsabilité du maintien de la paix et de la sécurité internationale". Bien entendu, il faut un tribunal pour tous les autres, dit le choeur des thuriféraires des États-Unis, mais les dirigeants et soldats américains doivent échapper à sa juridiction ! |
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20. The law of empire takes the form of the US exempting itself from treaties and other international agreements that it demands others accept. It is evident in Washington’s rejection of the new International Criminal Court, designed to hold individuals accountable for war crimes and genocide. Last year the Clinton administration, through David Scheffer, US Ambassador for War Crimes Issues, reaffirmed the administration’s official support for such a court. Scheffer reiterated a position Washington first asserted at the end of the second world war, when the US fought for individuals to be held personally accountable for crimes against humanity. But when the new court was approved in July 1998 by 102 nations, the US was one of only seven countries voting against - joined by Israel, Libya, China, Iraq, Qatar and Sudan. Why did the US join this odd group in opposing the court ? Because, said Scheffer on 31 August of that year, "the court places at risk those who shoulder the responsibility for international peace and security." Of course there should be an international court for everyone else, said the US cheerleaders, but "responsible" US officials and soldiers should be granted immunity from its jurisdiction. |
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21. La loi de l’empire apparaît clairement dans le refus américain de signer la convention de 1997 interdisant les mines antipersonnel. Le monde entier s’était mis d’accord pour mettre hors la loi ces engins, responsables d’innombrables morts, aussi bien civiles que militaires. L’organisation qui a développé la campagne pour la signature de cette convention a reçu le prix Nobel de la paix. Les dirigeants américains y ont applaudi, déplorant les morts dues aux mines abandonnées à travers le monde par des nations irresponsables. Mais ils n’en continuent pas moins d’exiger d’être exemptés et de disposer de tels engins de mort dans la zone démilitarisée de la Corée et autour de la base américaine de Guantanamo, à Cuba. Tous les autres devront interdire l’usage de ces mines, mais une exception doit être faite pour une puissance aussi responsable. |
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21. The law of empire was clear in the US refusal to sign the 1997 convention prohibiting the use of anti-personnel land mines. The rest of the world agreed that the mines, responsible for far more civilian than military deaths, should be outlawed. The campaign that orchestrated the convention was awarded the Nobel Prize for Peace. US officials cheered it on, bemoaning the deaths caused by mines left behind by irresponsible nations. But Washington still demanded that the US be exempt, and be allowed to continue using land mines in Korea’s demilitarised zone and around the US naval base at Guantanamo Bay in Cuba. Everyone else should ban land mines, the US agreed, but we are more responsible and should therefore be the exception. |
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22. L’unilatéralisme de Washington se manifeste aussi à propos de la campagne pour la protection des enfants en temps de guerre. La convention des droits de l’enfant de 1994 reflète l’inquiétude croissante du monde concernant l’utilisation de jeunes —par le rapt, la coercition, l’absence d’autres solutions économiques— comme combattants ou alors comme travailleurs, domestiques ou esclaves paramilitaires. Un protocole mettrait hors la loi tout recrutement de jeune de moins de dix-huit ans. Or les États-Unis, tout en approuvant bruyamment d’autres amendements plus restreints, mènent campagne pour faire capoter ce texte, car le Pentagone souhaite pouvoir continuer de recruter des jeunes de dix-sept ans pour les forces armées américaines. En attendant, les États-Unis sont le seul pays au monde, avec la Somalie, à avoir refusé de ratifier la convention elle-même. |
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22. Washington’s unilateralism also shows up in the campaign to protect children in warfare. The Convention on the Rights of the Child reflects growing international concern about the use of children —through kidnapping, coercion, and lack of economic alternatives— as soldiers or other military workers, servants or slaves. An optional protocol will outlaw all military recruitment of children under the age of 18. The US, the cheerleader for other, narrowly drawn, amendments, is leading the campaign to derail that protocol - because the Pentagon finds it convenient to continue to recruit 17-year-olds into the US military forces. In the meantime, the US remains one of only two countries that have refused to sign the convention itself. The other is Somalia. |
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23. En ce qui concerne le dossier israélo-palestinien, les États-Unis ont fait admettre leur propre interprétation restrictive du droit international. Ils ont décrété que les seuls textes des Nations unies valables sont les résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité, qui préconisent l’échange de territoires contre la paix. Sont ainsi balayés d’un revers de main des textes approuvés par la communauté internationale — dont les États-Unis—, comme la résolution 194 de l’Assemblée générale des Nations unies sur le droit au retour des réfugiés palestiniens et même celle du 29 novembre 1947 (résolution 181), qui préconise le partage de la Palestine en deux États et sur laquelle repose la légitimité internationale d’Israèl. |
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23. In Israeli-Palestinian diplomacy, the US has asserted its prerogative to impose on the peace process its own narrow redefinition of international law. Specifically, the US proclaimed by fiat that the only relevant UN resolutions are 242 and 338, calling for the exchange of territory for peace. Thus Washington has erased with a wave of its hand resolutions codifying decades-old international understandings on issues such as the right of Palestinians to return (Resolution 194) and even the original 1947 partition resolution (181) on which Israel’s own international legitimacy rests. |
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24. Quiconque croit voir dans la défaite du traité sur l’interdiction globale des essais nucléaires une simple aberration devrait se rappeler le traité de non- prolifération de 1968. Dans ce cas, l’"exception" américaine a été à peine plus subtile. Certes, les États-Unis ont non seulement signé et ratifié le traité, mais ont impulsé, vingt-cinq ans plus tard, la campagne en faveur de sa reconduction sine die, à travers un mélange de pressions et de pots-de-vin. Dans le même temps, Washington a toujours refusé de prendre au sérieux l’engagement des puissances nucléaires —États-Unis, Union soviétique, Royaume-Uni, France et Chine—, consigné dans le texte, de faire des pas sérieux vers le désarmement, et d’aller vers l’interdiction totale et "la destruction complète des armements nucléaires". |
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24. If anyone believed the CTBT’s defeat to be an aberration, bear in mind the 1968 Non-Proliferation Treaty (NPT). Here US exceptionalism was only slightly more subtle. The US not only signed and ratified the NPT, but took the lead 25 years later in orchestrating, through a complex web of bribes and threats, the campaign to permanently extend the treaty’s life. The American opt-out came in the blatant refusal to take seriously the NPT’s commitment that the nuclear powers, the US, Russia, Britain, France and China, move seriously towards disarmament —"the complete prohibition and thorough destruction of nuclear weapons". |
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25. Or seul un tel engagement pourrait convaincre d’autres pays de renoncer à se doter d’armes nucléaires. Et, pourtant, les diplomates américains, au cours de la conférence convoquée en janvier 1995 à Genève sur ce thème, ont affirmé que l’idée qu’ils puissent envisager de se défaire de leurs armes nucléaires était "rien moins que risible". Comme l’a dit le représentant du Mexique, à l’ouverture de la réunion, "ils insistent, comme des adultes parlant à des enfants, pour que le reste du monde fasse ce qu’ils disent et non ce qu’ils font". |
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25. Only such a move could justify the rest of the world agreeing to forgo nuclear weapons altogether. Yet US diplomats during the 1995 conference on this subject called planning to get rid of their nuclear weapons "nothing short of ridiculous". As Mexico’s representative put it, "they insist, as adults to children, that the rest of the world ‘do as I say, not as I do’". |
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26. La prétention de Washington à une "supériorité morale" est aussi battue en brèche par son refus de signer ou de ratifier une série d’autres textes internationaux, notamment la convention des Nations unies sur les droits économiques et sociaux (1966), la convention sur les droits des femmes (1979), la convention sur les droits humains de l’Organisation des États américains (1969). Les protocoles additionnels de 1977 aux conventions de Genève de 1949, qui élargissent la protection des populations civiles en temps de guerre, n’ont pas non plus été signés par les États-Unis. D’autre part, Washington continue de refuser la convention sur le droit de la mer de 1982, bien que les États-Unis aient obtenu, durant la négociation, de nombreux avantages pour leur flotte militaire. Mais ils les estiment insuffisants et refusent d’accepter la juridiction de l’organe de médiation prévu par le texte, comme ils rejettent l’exploitation, au profit de l’humanité, des ressources de la mer —notamment les nodules polymétalliques. |
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26. Washington’s claim to moral superiority does not stand up in view of its refusal to sign or ratify a series of other international texts, in particular the UN conventions on economic and social rights (1966), women’s rights (1979), and human rights in the Organisation of American States (1969). Nor has the US signed the additional protocols (1977) to the 1949 Geneva Conventions, extending the protection of civilian populations in times of war. Washington also still fails to approve the 1982 convention on the law of the sea, even though it has won a number of concessions for its navy over the course of negotiations. |
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27. La plus claire illustration de la loi de l’empire se trouve peut-être dans la manière dont les États-Unis ont enlevé aux Nations unies le pouvoir de décision sur les interventions internationales, au profit d’un recours illégal à l’OTAN. En 1990, de façon cynique, les États-Unis ont mis en avant l’ONU, qu’ils ont choisie pour accomplir leurs desseins, organisant au moyen de pots-de-vin, de menaces et de sanctions les votes successifs du Conseil de sécurité qui préparaient la guerre menée contre l’Irak. Entre 1992 et 1994, période qui voit des crises en série et l’échec de tous les efforts internationaux pour maintenir la paix en Bosnie, en Somalie, au Rwanda et ailleurs, les États-Unis ne cessent de mettre leurs échecs et ceux de leurs partenaires sur le dos des Nations unies. Le président Clinton laisse entendre que les Nations unies sont responsables de la mort de 27 soldats américains en Somalie, alors même que le Pentagone était intervenu unilatéralement et sans autorisation des instances internationales. En 1995, Mme Madeleine Albright désigne publiquement l’ONU comme "un outil de la politique étrangère américaine". Et en 1996, alors que les États- Unis bombardent l’Irak, Washington prétend qu’ils n’ont plus besoin des résolutions de l’ONU pour justifier les frappes aériennes. En décembre 1998, malgré l’avis contraire de la plupart des États membres du Conseil de sécurité, les États-Unis —avec l’appui du Royaume- Uni— déclenchent l’opération "Renard du désert". |
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27. The law of empire is perhaps most clear of all in how the US, the only country in the world with the power to do so, has shifted decision-making on international interventions out of the hands of the UN, in favour of illegal reliance on Nato as an authorising power, and ultimately on unilateral US action. In 1990 the US, however cynically, promoted the UN as its chosen instrument, orchestrating through bribes and threats and punishments a Security Council vote authorising Washington’s "coalition" war against Iraq. In the 1992-94 period of escalating crises and failures of international peacekeeping efforts in Bosnia, Somalia, Rwanda and elsewhere, the US continually blamed its own and Western failures on the UN. President Clinton still implies the UN is responsible for the deaths of US Rangers in Somalia during Washington’s non-UN authorised, unilateral Pentagon mission in 1993. By 1995 Madeleine Albright openly called the UN "a tool of American foreign policy". And by 1996, as the US continued bombing Iraq, Washington claimed it no longer needed UN resolutions to justify its air strikes. In December 1998, despite the disagreement of most members of the Security Council, the US —with British support— launched Operation Desert Fox. |
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28. Désormais, les États-Unis abandonnent complètement les Nations unies. A l’exigence légale d’une autorisation de l’ONU pour tout usage de la force, ils substituent l’utilisation de l’OTAN. Et ils imposent, à un monde qui en a assez des empires, les règles qui les arrangent. |
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28. Now Washington has abandoned the UN altogether. It has replaced the legal requirement of UN authorisation for the use of force with the direct use of Nato. It is imposing its own rules on a world that has had enough of empires. |
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