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1. AU KOSOVO, IL Y AVAIT UNE AUTRE SOLUTION |
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1. ANOTHER WAY FOR KOSOVO ? |
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2. Dans la nuit du 24 au 25 mars 1999, l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) déclenchait contre la Yougoslavie une offensive aérienne, qui allait durer soixante-dix-huit jours. Un an après, quel est le bilan de l’opération ? Si le calvaire des Albanais du Kosovo a pris fin et si les réfugiés ont pu regagner leurs foyers, le plus souvent détruits, Serbes et Tziganes du Kosovo ont été, à leur tour, contraints de quitter la province. Dernière grande ville multiethnique, Mitrovica est en proie à de redoutables affrontements (voir page 14). Quant à M. Slobodan Milosevic, il est toujours au pouvoir à Belgrade... |
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2. On the night of 24-25 March 1999 Nato unleashed an air attack on Yugoslavia that lasted for 78 days. How should the operation be viewed one year on ? The suffering of the Kosovar Albanians has ended and the refugees have returned to their homes - more often than not destroyed - but Kosovo’s Serbs and Gypsies have in turn been forced to leave. Mitrovica, the last great multiethnic city, is the scene of fearsome clashes. And Slobodan Milosevic is still in power in Belgrade. |
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3. Pareille faillite incite à s’interroger sur la véritable nature de cette guerre. |
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3. Such a failure means the real nature of this war needs to be examined. |
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4. Si le "génocide" des Albanais du Kosovo, qu’il fallait à tout prix stopper, n’en était pas un (voir pages 12et 13), ne s’agissait-il pas, pour les États-Unis, via l’OTAN, d’imposer leur emprise sur les Balkans ? D’où le refus obstiné, par les alliés, de toute solution diplomatique. |
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4. The "genocide" of the Kosovar Albanians had to be stopped. But was it not a question of the United States using Nato to imposing its grip on the Balkans ? Which would explain why the allies stubbornly refused any diplomatic solution. |
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5. Au cours de l’année précédant les bombardements, le Kosovo était un endroit tout à fait sinistre. D’après l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), environ 2 000 personnes avaient été tuées, des Albanais pour la plupart, au cours d’une lutte violente, qui avait commencé en février 1997 avec les actions de l’Armée de libération du Kosovo (UCK), qualifiées de "terroristes" par les États-Unis, et la brutale réaction serbe. Au début de l’été 1998, l’UCK avait pris le contrôle d’environ 40 % de la province, suscitant une réaction brutale de la part des forces de sécurité et des groupes paramilitaires serbes qui s’attaquèrent à la population civile. Selon Marc Weller, qui était le conseiller juridique de la délégation des Kosovars albanais à la conférence de Rambouillet, "en l’espace de quelques jours après le retrait des observateurs, le 20 mars 1999, le nombre de personnes déplacées avait à nouveau augmenté pour atteindre plus de 200 000" , chiffre qui correspond à peu près à celui des services de renseignement américains. |
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5. Kosovo was an extremely ugly place last year. About 2000 people were killed according to Nato, mostly Albanians, in the course of a bitter struggle that began in February with Kosovo Liberation Army (KLA) actions that the United States denounced as terrorism" and a brutal Serb response. By summer the KLA had taken over about 40% of the province, eliciting a vicious reaction by Serb security forces and paramilitaries, targeting the civilian population. According to Albanian Kosovar legal adviser Marc Weller, "within a few days [after the withdrawal of the monitors on 20 March 1999] the number of displaced had again risen to over 200,000," figures that conform roughly to US intelligence reports. |
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6. Supposons que les observateurs n’aient pas été retirés en préparation des bombardements et que les efforts diplomatiques aient été poursuivis. Pareilles options étaient-elles possibles ? Auraient-elles produit un résultat encore pire, ou peut-être meilleur ? Puisque l’OTAN a écarté cette possibilité, nous ne le saurons jamais. Mais on peut au moins analyser les faits connus et voir ce qu’ils suggèrent. |
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6. Suppose the monitors had not been withdrawn in preparation for the bombing and diplomatic efforts had been pursued. Were such options feasible ? Would they have led to an even worse outcome, or perhaps a better one ? Since Nato refused to entertain this possibility, we cannot know. But we can at least consider the known facts, and ask what they suggest. |
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7. Les observateurs de la Mission de vérification au Kosovo (MVK) de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) auraient-ils pu être laissés en place, voire renforcés de préférence ? Cela semble avoir été possible, en particulier à la lumière de la condamnation immédiate de leur retrait par l’Assemblée nationale serbe. Aucun argument n’a été avancé pour suggérer que l’augmentation observée des atro cités après leur retrait se serait produite même s’ils étaient restés, sans parler de l’escalade énorme qui fut la conséquence prévue de la campagne de bombardements annoncée par le retrait. De la même manière, l’OTAN ne fit guère d’efforts pour explorer d’autres voies pacifiques ; même l’embargo sur le pétrole, noyau de toute politique sérieuse de sanctions, ne fut envisagé qu’après le début des bombardements. |
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7. Could the Kosovo Verification Mission (KVM) monitors of the Organisation for Security and Cooperation in Europe (OSCE) have been left in place, preferably strengthened ? That seems possible, particularly in the light of the immediate condemnation of the withdrawal by the Serb National Assembly. No argument has been advanced to suggest that the reported increase in atrocities after their withdrawal would have taken place even had they remained, let alone the vast escalation that was the predicted consequence of the bombing signalled by the withdrawal. Nato also made little effort to pursue other peaceful means ; even an oil embargo, the core of any serious sanctions regime, was not considered until after the bombing. |
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8. Cependant, la question la plus importante concerne les options diplomatiques. Deux propositions étaient sur la table à la veille du bombardement. L’une était l’accord de Rambouillet, présenté comme un ultimatum à la Serbie. La seconde était la position de la Serbie formulée dans son Projet révisé d’accord du 15 mars et la résolution du 23 mars de l’Assemblée nationale serbe. Un souci sincère de protéger les Kosovars aurait pu mener à prendre en considération d’autres options, y compris, par exemple, quelque chose comme la proposition du président serbe de Yougoslavie Dobrica Cosic, qui envisageait, en 1992-1993, la partition du Kosovo, lui permettant de se séparer de la Serbie à l’exception d’ "un certain nombre d’enclaves serbes". |
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8. The most important question, however, has to do with the diplomatic options. Two proposals were on the table on the eve of the bombing. One was the Rambouillet accord, presented to Serbia as an ultimatum. The second was Serbia’s position, formulated in its 15 March 1999 "Revised Draft Agreement" and the Serb National Assembly Resolution of 23 March 1999. A serious concern for protecting Kosovars might well have brought into consideration other options as well, including, perhaps, something like the 1992-93 proposal of the Serbian president of Yugoslavia, Dobrica Cosic, that Kosovo be partitioned, separating itself from Serbia apart from "a number of Serbian enclaves". |
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9. En ce temps-là, la proposition fut rejetée par la République du Kosovo de M. Ibrahim Rugova, qui avait déclaré son indépendance et établi un gouvernement parallèle ; mais elle aurait pu servir de base pour des négociations dans les circonstances bien différentes du début de l’année 1999. Limitons-nous, cependant, aux deux positions officielles de la fin mars 1999 : l’ultimatum de Rambouillet et la résolution serbe. |
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9. At the time the proposal was rejected by Ibrahim Rugova’s Republic of Kosovo, which had declared independence and set up a parallel government ; but it might have served as a basis for negotiation in the different circumstances of early 1999. Let us, however, keep to the two official positions of late March : the Rambouillet ultimatum and the Serb Resolution. |
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10. Des propositions cachées au public |
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10. Kept from the public eye |
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11. Il est important et révélateur que, dans l’ensemble, le contenu essentiel de ces deux documents ait été caché au public, à l’exception des médias dissidents qui touchent peu de monde. |
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11. It is important and revealing that, with marginal exceptions, the essential contents of both positions were kept from the public eye, apart from dissident media that reach few people. |
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12. La résolution de l’Assemblée nationale serbe, bien que rapportée immédiatement par les agences de presse, demeura pratiquement secrète. Il a été fait très peu mention de son existence même, sans parler de son contenu. La résolution condamnait le retrait des observateurs de l’OSCE et demandait à l’ONU et à l’OSCE de faciliter une solution diplomatique par le biais de négociations "en vue de parvenir à un accord politique sur une autonomie substantielle pour le Kosovo , garantissant l’égalité totale de tous les citoyens et de toutes les communautés ethniques, et respectant la souveraineté et l’intégrité territoriale de la République de Serbie et de la République fédérale de Yougoslavie" . La résolution évoquait la possibilité d’une "présence internationale" , dont la "taille et le caractère" restaient à déterminer, pour veiller à l’application de "l’accord politique sur l’autonomie établi et accepté par les représentants de toutes les communautés nationales vivant au Kosovo". L’accord de la RFY pour discuter de la taille et du caractère de la présence internationale au Kosovo chargée d’appliquer l’accord qui serait accepté à Rambouillet " avait été communiqué de façon formelle aux négociateurs le 23 février, et rendu public par la RFY lors d’une conférence de presse le même jour. Nous ne saurons jamais si ces propositions avaient quelque substance, dans la mesure où elles n’ont pas été prises en considération et demeurent ignorées. |
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12. The Serb National Assembly Resolution, though reported at once on the wire services, has remained a virtual secret. There has been little indication even of its existence, let alone its contents. The Resolution condemned the withdrawal of the OSCE monitors and called on the United Nations and OSCE to facilitate a diplomatic settlement through negotations "toward the reaching of a political agreement on a wide-ranging autonomy for [Kosovo], with the securing of a full equality of all citizens and ethnic communities and with respect for the sovereignty and territorial integrity of the Republic of Serbia and the Federal Republic of Yugoslavia [FRY]." It raised the possibility of an "international presence" of a "size and character" to be determined to carry out the "political accord on the self-rule agreed and accepted by the representatives of all national communities living in [Kosovo]." FRY agreement "to discuss the scope and character of international presence in [Kosovo] to implement the agreement to be accepted in Rambouillet" had been formally conveyed to the negotiators on 23 February, and announced by the FRY at a press conference the same day. Whether these proposals had any substance we cannot know, since they were never considered, and remain unknown. |
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13. Ce qui est encore plus frappant, c’est que l’ultimatum de Rambouillet, bien que présenté universellement comme étant la proposition de paix, fut également caché au public —en particulier les dispositions introduites, semble-t-il, au dernier moment des négociations de Paris en mars, après que la Serbie eut exprimé son accord avec les principales propositions politiques, alors que les nouvelles dispositions rendaient pratiquement inéluctable le refus serbe. |
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13. Perhaps even more striking is that the Rambouillet ultimatum, though universally described as the peace proposal, was also kept from the public, particularly the provisions that were apparently introduced in the final moments of the Paris peace talks in March after Serbia had expressed agreement with the main political proposals, and that virtually guaranteed rejection. |
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14. Sont particulièrement importantes les dispositions des annexes sur la mise en oeuvre des accords, qui accordaient à l’OTAN le "droit de passage libre et sans restriction et d’un accès sans ambages dans toute la République fédérale de Yougoslavie, y compris l’espace aérien et les eaux territoriales associées" , sans limites ou obligations, et sans souci aucun pour les lois du pays ou les compétences de ses autorités, qui doivent, cependant, suivre les ordres de l’OTAN sur une "base prioritaire et avec tous les moyens appropriés" (Annexe B). |
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14. Of particular importance are the terms of the implementation Appendices that accorded to Nato the right of "free and unrestricted passage and unimpeded access throughout the FRY including associated airspace and territorial waters", without limits or obligations or concern for the laws of the country or the jurisdiction of its authorities, who are, however, required to follow Nato orders "on a priority basis and with all appropriate means" (Appendix B). |
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15. L’annexe ne fut pas communiquée aux journalistes qui couvraient les négociations de Rambouillet et de Paris, rapporte le journaliste britannique Robert Fisk. "Les Serbes annoncèrent qu’ils la rejetaient lors de leur dernière conférence de presse à Paris, une réunion qui attira peu de participants à l’ambassade de Yougoslavie à 11 heures du soir le 18 mars." Les dissidents serbes qui ont participé aux négociations affirment qu’on leur a communiqué ces conditions le dernier jour des pourparlers et que les Russes n’étaient pas au courant de leur existence. Ces dispositions ne furent communiquées à la Chambre des communes britannique que le 1er avril, le premier jour des vacances parlementaires et une semaine après le début des bombardements. |
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15. The Annex was kept from journalists covering the Rambouillet and Paris talks, says Robert Fisk : "The Serbs say they denounced it at their last Paris press conference —an ill- attended gathering at the Yugoslav Embassy at 11pm on 18 March". Serb dissidents who took part in the negotiations allege that they were given these conditions on the last day of the Paris talks and that the Russians did not know about them. These provisions were not made available to the British House of Commons until 1 April, the first day of the Parliamentary recess, a week after the bombing started. |
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16. Lors des négociations qui commencèrent après les bombardements, l’OTAN abandonna complètement ces revendications, ainsi que d’autres auxquelles la Serbie s’était opposée. En toute logique, Robert Fisk demande : "Quel était le but réel de l’exigence de dernière minute de l’OTAN ? Etait-ce un cheval de Troie ? Visait-elle à sauver la paix ? Ou à la saboter ?" Quelle que soit la réponse, si les négociateurs de l’OTAN s’étaient préoccupés du sort des Kosovars albanais, ils auraient cherché à déterminer quelles auraient pu être les chances de succès de la diplomatie si les exigences les plus provocatrices, et à l’évidence inutiles, avaient été retirées ; si la mission d’observation avait été renforcée et non retirée ; et si la menace de sanctions sérieuses avait été brandie. |
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16. In the negotiations that began after the bombing, Nato abandoned these demands entirely, along with others to which Serbia had been opposed, and there is no mention of them in the final peace agreement. Reasonably, Fisk asks : "What was the real purpose of Nato’s last minute demand ? Was it a Trojan horse ? To save the peace ? Or to sabotage it ?" Whatever the answer, if the Nato negotiators had been concerned with the fate of the Kosovar Albanians, they would have sought to determine whether diplomacy could succeed if Nato’s most provocative, and evidently irrelevant, demands had been withdrawn ; the monitoring enhanced, not terminated ; and significant sanctions threatened. |
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17. A prendre ou à laisser |
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17. Take it or leave it |
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18. Confrontés à de telles questions, les responsables des délégations américaine et britannique aux négociations ont affirmé qu’ils étaient disposés à laisser tomber les exigences les plus exorbitantes, qui furent abandonnées par la suite, mais que les Serbes avaient refusées. |
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18. When such questions have been raised, leaders of the US and British negotiating teams have claimed that they were willing to drop the exorbitant demands that they later withdrew, but that the Serbs refused. |
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19. Cette affirmation est difficilement crédible. Ils auraient eu toutes les raisons au monde de rendre immédiatement publics de tels faits. Il est intéressant de noter qu’on ne leur a pas demandé de comptes pour une performance aussi étonnante. |
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19. The claim is hardly credible. There would have been every reason for them to have made such facts public at once. It is interesting that they are not called to account for this startling performance. |
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20. Des partisans de premier plan des bombardements ont fait des déclarations similaires. On en a un exemple important dans le commentaire de Marc Weller sur la conférence de Rambouillet. |
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20. Prominent advocates of the bombing have made similar claims. An important example is the commentary on Rambouillet by Marc Weller. |
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21. Marc Weller tourne en ridicule les "allégations extravagantes" à propos des annexes de mise en oeuvre de l’accord qui, selon lui, ont été "publiées en même temps que l’accord" —il fait référence au projet d’accord du 23 février. Il ne dit cependant pas où elles ont été publiées, et n’explique pas non plus pourquoi les journalistes couvrant les négociations de Rambouillet et de Paris n’étaient pas au courant de leur existence ; ni, semble-t-il, le Parlement britannique. |
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21. Weller ridicules the "extravagant claims" about the implementation Appendices, which he claims were "published along with the agreement," meaning the Draft Agreement dated 23 February. Where they were published he does not say, nor does he explain why reporters covering the Rambouillet and Paris talks were unaware of them. As was, it appears, the British parliament. |
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22. La "fameuse Annexe B" , écrit-il, établissait les "conditions normales d’un accord sur le statut de force armée pour la KFOR la force d’occupation de l’OTAN, alors envisagée". Il n’explique pas pourquoi cette revendication fut abandonnée par l’OTAN après le début des bombardements, et ne fut pas nécessaire, selon toute évidence, pour les forces entrées au Kosovo sous le commandement de l’OTAN en juin : celles-ci sont bien plus importantes que ce qui avait été envisagé à Rambouillet et devraient donc dépendre encore plus d’un tel accord sur leur statut de force armée. Il n’explique pas non plus la réponse du 15 mars de la RFY au projet d’accord du 23 mars. |
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22. The "famous Appendix B," he states, established the "standard terms of a status of forces agreement for KFOR [the planned Nato occupying forces]". He does not explain why the demand was dropped by Nato after the bombing began, and is evidently not required by the forces that entered Kosovo under Nato command in June, which are far larger than what was contemplated at Rambouillet and therefore should be even more dependent on the status of forces’ agreement. Also unexplained is the 15 March FRY response to the 23 February Draft Agreement. |
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23. Cette réponse discute le texte en détail, section par section, proposant d’importants changements et coupures, mais ne fait aucune mention des annexes —les mesures de mise en oeuvre de l’accord qui, comme le souligne Marc Weller, étaient de loin la partie la plus importante du document et étaient l’objet des négociations alors en cours à Paris. On ne peut qu’éprouver quelque scepticisme à la lecture de ce compte rendu, indépendamment même de l’attitude cavalière de l’auteur, déjà relevée, à propos de faits cruciaux, comme de sa partialité évidente. Pour le moment, ces questions essentielles restent obscures. |
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23. This response goes through the Draft Agreement in close detail, section by section, proposing extensive changes and deletions throughout, but includes no mention at all of the appendices —the implementation agreements which, as Weller points out, were by far the most important part and were the subject of the Paris negotiations then underway. One can only view his account with some scepticism, even apart from his casual attitude toward crucial fact, already noted, and his clear commitments. For the moment, these important matters remain buried in obscurity. |
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24. Malgré les efforts officiels déployés pour empêcher le public de prendre conscience de ce qui était en train de se passer, les documents étaient en fait accessibles à tout organe de presse désireux d’approfondir la question. Aux États-Unis, l’exigence extrême (et inutile) d’une occupation de fait de la RFY par l’Alliance atlantique fut mentionnée pour la première fois dans une conférence de presse de l’OTAN, le 26 avril 1999, quand une question fut posée à ce sujet, pour être vite écartée et abandonnée. Les faits furent rapportés dès que les exigences eurent été retirées formellement par l’Alliance, et qu’elles eurent Marc donc perdu toute pertinence en termes de choix démocratique. Immédiatement après l’annonce de l’accord de paix du 3 juin, la presse cita les passages-clés à prendre ou à laisser" de l’ultimatum de Rambouillet, notant qu’ils exigeaient qu’ "une force exclusivement composée de troupes de l’OTAN soit pleinement autorisée à aller où elle le souhaitait en Yougoslavie, en toute immunité légale" et que "les troupes dirigées par l’OTAN aient un accès pratiquement libre à tout le territoire de la Yougoslavie, et pas seulement du Kosovo" . |
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24. Despite official efforts to prevent public awareness of what was happening, the documents were available to any news media that chose to pursue the matter. In the US the extreme (and plainly irrelevant) demand for virtual Nato occupation of the FRY received its first mention at a Nato briefing of 26 April, when a question was raised about it but was quickly dismissed and not pursued. The facts were reported as soon as the demands had been formally withdrawn and had become irrelevant to democratic choice. Immediately after the announcement of the peace accords of 3 June the press quoted the crucial passages of the "take it or leave it" Rambouillet ultimatum, noting that they required that "a purely Nato force was to be given full permission to go anywhere it wanted in Yugoslavia, immune from any legal process," and that "Nato-led troops would have had virtually free access across Yugoslavia, not just Kosovo". |
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25. Les négociations se poursuivirent durant les soixante-dix-huit jours de bombardement, chaque camp faisant des concessions —décrites aux États-Unis soit comme des supercheries serbes, soit comme une capitulation sous les bombes. L’accord de paix du 3 juin était un compromis entre les deux positions en présence fin mars. L’OTAN abandonnait ses exigences les plus extrêmes, y compris celles qui avaient apparemment sapé les négociations à la dernière minute, ainsi que la formulation qui avait été interprétée comme prévoyant un référendum sur l’indépendance du Kosovo. La Serbie donna son accord à "une présence internationale de sécurité, avec une participation substantielle de l’OTAN" , seule mention de l’Alliance dans l’accord de paix ou dans la résolution 1244 du Conseil de sécurité qui l’entérina. |
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25. Through the 78 days of bombing negotiations continued, each side making compromises — described in the US as Serb deceit, or capitulation under the bombs. The peace agreement of 3 June was a compromise between the two positions on the table in late March. Nato abandoned its most extreme demands, including those that had apparently undermined the negotiations at the last minute and the wording that had been interpreted as calling for a referendum on independence. Serbia agreed to an "international security presence with substantial Nato participation" - the sole mention of Nato in the peace agreement or Security Council Resolution 1244 affirming it. |
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26. Chiffon de papier |
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26. Scraps of paper |
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27. L’OTAN n’avait aucune intention de respecter le chiffon de papier qu’elle venait de signer, et elle commença immédiatement à le violer, procédant à une occupation militaire du Kosovo sous son commandement. Lorsque la Serbie et la Russie insistèrent pour que les termes des accords formels soient respectés, elles furent sévèrement critiquées pour leur duperie, et les bombardements reprirent pour les forcer à céder. Le 7 juin, les avions de l’OTAN bombardèrent à nouveau les raffineries de pétrole de Novi Sad et Pancevo, deux centres d’opposition à Milosevic. La raffinerie de Pancevo prit feu, dégageant un gigantesque nuage de fumée toxique dont la photographie accompagnait un article du New York Times du 14 juillet, qui en discutait les graves effets pour l’économie et la santé publique. |
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27. Nato had no intention of living up to the scraps of paper it had signed, and moved at once to violate them, implementing a military occupation of Kosovo under Nato command. When Serbia and Russia insisted on the terms of the formal agreements, they were castigated for their deceit, and bombing was renewed to bring them to heel. On 7 June Nato planes again bombed the oil refineries in Novi Sad and Pancevo, both centres of opposition to Milosevic. The Pancevo refinery burst into flames, releasing a huge cloud of toxic fumes, shown in a photo accompanying a New York Times story of 14 July that discussed the severe economic and health effects. |
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28. Le bombardement lui-même n’était pas mentionné, bien qu’il ait été rapporté par les agences de presse. |
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28. The bombing itself was not reported, though it was covered by wire services. |
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29. Il a été soutenu que Milosevic aurait tenté de se soustraire aux termes d’un accord, s’il avait été possible d’en conclure un, en mars. Le bilan des événements corrobore cette conclusion, tout comme il corrobore la même conclusion à propos de l’OTAN —et, soit dit en passant, pas seulement dans ce cas ; le démantèlement par la force des accords formels est la norme de la part des grandes puissances. Comme on le reconnaît bien tardivement aujourd’hui, le bilan suggère aussi qu’ "il aurait été possible en mars d’inaugurer une véritable série de négociations — et non le désastreux diktat américain présenté à Milosevic à la conférence de Rambouillet— et d’envoyer un large contingent d’observateurs extérieurs capables de protéger les civils albanais comme les civils serbes". |
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29. It has been argued that Milosevic would have tried to evade the terms of an agreement, had one been reached in March. The record strongly supports that conclusion, just as it supports the same conclusion about Nato —not only in this case, incidentally ; forceful dismantling of formal agreements is the norm on the part of the great powers. As now belatedly recognised, the record also suggests that "it might have been possible [in March] to initiate a genuine set of negotiations —not the disastrous American diktat presented to Milosevic at the Rambouillet conference— and to insert a large contingent of outside monitors capable of protecting Albanian and Serb civilians alike". |
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30. Cela, au moins, semble clair. L’OTAN a choisi de rejeter les options diplo matiques qui n’avaient pas été épuisées, et de lancer une campagne militaire qui a eu des conséquences terribles pour les Albanais du Kosovo, comme prévu. |
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30. At least this much seems clear. Nato chose to reject diplomatic options that were not exhausted and to launch a military campaign that had terrible consequences for Kosovar Albanians, as anticipated. |
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