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Quand la CIA complotait en Iran


Iran : the CIA plot that failed

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1.

RÉVÉLATIONS SUR LE COUP D’ÉTAT DE 1953

1.

THE TRUTH ABOUT THE 1953 COUP

2.

Pour la première fois, le 19 mars 2000, la secrétaire d’État américaine Madeleine Albright reconnaissait l’ "implication" des État-Unis dans le coup d’État qui renversa le premier ministre iranien Mohammad Mossadegh en 1953. Pourtant, les circonstances de cette intervention restent mal connues. Un rapport de la CIA, divulgué en avril 2000 par le New York Times, révèle le rôle joué par les services secrets de Londres et de Washington dans un événement qui renversa les rapports de forces au Proche-Orient.

2.

On 19 March US Secretary of State Madeleine Albright acknowledged, for the first time, Washington’s involvement in the murky coup that ousted Iranian prime minister Mohammad Mossadegh in 1953, changing the balance of forces in the Middle East. The New York Times has disclosed a CIA report detailing the part played by the US and UK secret services.

3.

Il y a quelques mois, le New York Times reçoit le rapport officiel du coup d’État mené en 1953 par la CIA contre le premier ministre iranien Mohammad Mossadegh. Le 16 juin 2000, le journal publie ce récit sur son site Internet. Les noms de plusieurs personnalités iraniennes impliquées y sont effacés, mais la plupart d’entre elles sont désignées nommément sur un autre site. Ce document passionnant contient d’importantes révélations sur la manière dont cette opération fut menée, et toute personne intéressée par la politique intérieure de l’Iran ou la politique étrangère américaine devrait le lire.

3.

Some months ago the New York Times obtained the official report on the coup organised by the United States Central Intelligence Agency in 1953 to topple Iranian prime minister Mohammad Mossadeq ; and on 16 June it published the story on its internet site. The names of several Iranian personalities involved have been removed, but most of them are named at another site. This document contains important revelations on how the operation was carried out — required reading for anyone interested in the internal politics of Iran or US foreign policy.

4.

Le coup d’État s’est produit pendant une période de grande effervescence de l’histoire iranienne et au plus fort de la guerre froide. Mohammad Mossadegh est alors chef du Front national, organisation politique fondée en 1949 et militant pour la nationalisation de l’industrie pétrolière, alors sous domination britannique, ainsi que pour la démocratisation du système politique. Ces deux questions passionnent la population, et le Front national devient rapidement le principal acteur de la scène politique iranienne. En 1951, le chah Mohammad Reza Pahlavi est contraint de nationaliser l’industrie pétrolière et de nommer Mossadegh premier ministre, provoquant une confrontation ouverte avec le gouvernement britannique. La Grande-Bretagne réagit en organisant un embargo général sur le pétrole iranien et engage des manoeuvres à long terme visant à renverser Mossadegh.

4.

The coup took place at a time of great ferment in Iranian history —and also at the height of the cold war. Mossadeq was then leader of the National Front, a political organisation established in 1949 to work for the nationalisation of the oil industry —British-controlled— and the democratisation of the political system. Both issues were popular in Iran at the time and the National Front quickly became the main player in Iranian politics. As a result, in 1951 the Shah, Mohammad Reza Pahlavi, was forced to nationalise oil and make Mossadeq prime minister, bringing Iran into direct confrontation with the British. Britain then organised a global embargo on Iranian oil and began efforts to get rid of Mossadeq.

5.

Les États-Unis décident tout d’abord de rester neutres et encouragent les Britanniques à accepter la nationalisation tout en essayant de négocier un arrangement à l’amiable, allant jusqu’à persuader Londres, en septembre 1951, de ne pas envahir l’Iran. Cette neutralité continue jusqu’à la fin de l’administration de Harry S.Truman, en janvier 1953, même si de nombreux dirigeants américains estiment déjà que l’obstination de Mossadegh crée une instabilité politique mettant l’Iran en réel danger de passer derrière le "rideau de fer" (page III du rapport). En novembre 1952, peu après l’élection du général Dwight D. Eisenhower à la présidence des États- Unis, de hauts responsables britanniques proposent à leurs homologues américains de mener conjointement un coup d’État contre Mossadegh. Ceux-ci répondent que l’administration sortante n’entreprendra jamais une telle opération, mais que celle d’Eisenhower, qui va entrer en fonction en janvier, déterminée à intensifier la guerre froide, serait probablement susceptible de le faire.

5.

At first the US decided to stay out of the fray. It encouraged Britain to accept nationalisation, tried to broker a settlement of the dispute and dissuaded the British from invading Iran. It maintained this neutral position until the end of the Truman administration in January 1953, though by then many US officials thought Mossadeq’s refusal to settle the oil dispute was creating political instability that put Iran in real danger of falling behind the "Iron Curtain" (page lll of the report). In November 1952, shortly after Dwight D. Eisenhower was elected president, British officials proposed to their US counterparts that the two countries jointly carry out a coup against Mossadeq. The US officials replied that the outgoing Truman administration would never do such a thing, but that Eisenhower’s team —which would take over in January and wanted to step up the cold war - probably would.

6.

Le récit de la CIA rend bien compte de la manière dont fut préparée l’opération. Après autorisation du président Eisenhower en mars 1953, des officiers de la CIA étudient la manière dont pourrait être mené le coup d’État et se penchent sur le problème du remplacement du premier ministre. Leur choix se porte rapidement sur Fazlollah Zahedi, un général à la retraite qui avait déjà comploté avec les Britanniques. En mai, un agent de la CIA et un spécialiste de l’Iran travaillant pour le Secret Intelligence Service (SIS) britannique passent deux semaines à Nicosie (Chypre), où ils mettent au point une première version du plan. Des responsables de la CIA et du SIS la révisent, et une version définitive est écrite à Londres à la mi-juin.

6.

The CIA report gives a good account of how the coup was planned. President Eisenhower authorised the CIA to begin preparations in March 1953. CIA officers looked at who should be chosen to replace Mossadeq and soon settled on Fazlollah Zahedi, a retired Iranian army general who had plotted with the British to overthrow Mossadeq in autumn 1952. In May a CIA officer and an Iran specialist from the British Secret Intelligence Service (SIS) spent two weeks in Nicosia, Cyprus, writing the first draft of a plan for the coup. CIA and SIS officers revised the plan, and a final version was drawn up in London in mid-June.

7.

Ce plan était divisé en six étapes principales. Tout d’abord, l’antenne iranienne de la CIA et le plus important réseau de renseignement britannique en Iran, alors dirigé par les frères Rashidian, devaient déstabiliser le gouvernement Mossadegh par le biais de la propagande et d’autres activités politiques clandestines. Fazlollah Zahedi organiserait ensuite un réseau constitué d’officiers capables de mener le coup d’État. Troisième étape, la CIA devait "acheter" la collaboration d’un nombre suffisant de parlementaires iraniens afin de s’assurer que le corps législatif s’opposerait à Mossadegh. Puis des efforts sérieux devaient permettre de persuader le chah de soutenir le coup d’État, ainsi que Zahedi, même s’il était établi que l’opération serait menée avec ou sans l’accord du monarque.

7.

This London" plan (Appendix B of the report) had six main stages. First, the Tehran CIA station and the main British spy network in Iran, headed by the Rashidian brothers, would destabilise the Mossadeq government using propaganda and covert political activity. Next, Zahedi would form a network of army officers to carry out the coup. Then the CIA team in Iran was to "purchase" (p. B19) the cooperation of enough members of parliament to ensure that it would act against Mossadeq. Next, there would be an elaborate effort to persuade the Shah to support the coup and back Zahedi - though the coup would be carried out even if the Shah opposed it.

8.

La CIA devait ensuite tenter, de manière "quasi légale" (page A3), de renverser Mossadegh en provoquant une crise politique au cours de laquelle le Parlement le destituerait. Cette crise serait provoquée par des manifestations de protestation organisées par des dirigeants religieux, qui persuaderaient le chah de quitter le pays, ou créeraient une situation forçant Mossadegh à démissionner. Enfin, si cette tentative venait à échouer, le réseau militaire monté par Fazlollah Zahedi s’emparerait du pouvoir avec l’aide de la CIA.

8.

The CIA was then to make a "quasi-legal" (p. A3) attempt to overthrow Mossadeq by generating a political crisis and getting parliament to vote Mossadeq out of office. This crisis would be generated by getting religious leaders to organise a large protest against Mossadeq, inducing the Shah to leave Iran, or creating other conditions that would lead Mossadeq to offer his resignation. Finally, if this quasi-legal" effort failed, Zahedi’s military network would seize power with help from the CIA team.

9.

"Par n’importe quel moyen"

9.

The plan underway

10.

Les trois premières étapes étaient en fait déjà entamées pendant la mise au point du plan de "Londres". Le 4 avril, la section de la CIA à Téhéran reçoit 1 million de dollars destiné "à faire tomber Mossadegh par n’importe quel moyen" (page 3). En mai, elle déclenche, avec les frères Rashidian, une campagne de propagande contre Mossadegh et, on le suppose, mène d’autres actions clandestines contre ce dernier. Ces efforts redoublent de manière brutale au cours des semaines précédant le coup d’État (page 92).

10.

The first three of these steps were already underway as the "London" plan was being written. On 4 April the Tehran CIA station was given $1m to be used "in any way that would bring about the fall of Mossadeq" (p. 3). In May the CIA and the Rashidians began a propaganda campaign against Mossadeq, and probably used other covert action as well. They sharply increased their efforts in the weeks before the coup in an all out" effort to destabilise the government (p. 92).

11.

La CIA prend contact avec Fazlollah Zahedi en avril, lui versant 60 000 dollars (et peut-être bien plus) afin qu’il trouve de nouveaux alliés et influence des "personnes-clés" (page B15). Le compte-rendu officiel nie que des officiers iraniens aient été achetés (page E22) ; il est toutefois difficile d’imaginer à quoi d’autre Fazlollah Zahedi aurait dépensé cet argent. La CIA n’en comprend pas moins rapidement que ce dernier manque de "détermination, d’énergie et de stratégie concrète" et qu’il n’est pas capable de monter un réseau militaire apte à mener un coup d’État. Cette tâche est donc confiée à un colonel iranien travaillant pour la CIA.

11.

The CIA station made contact with Zahedi in April and gave him at least $60,000 to win additional friends and to influence "key people" (p. B15). Although the report denies that any Iranian military officers were bribed (p. E22), it is not clear what else Zahedi might have used this money for. The CIA team soon realised that Zahedi was lacking in "drive, energy, and concrete plans" (p. 27) and could not organise a military network capable of carrying out a coup, so an Iranian colonel working for the CIA was given the job.

12.

Fin mai 1953, la section de la CIA est autorisée à engager environ 11 000 dollars par semaine pour acheter la coopération de parlementaires, ce qui accentue fortement l’opposition politique à Mossadegh. Ce dernier réagit en appelant les élus qui lui sont fidèles à démissionner pour empêcher la formation du quorum, ce qui entraînerait la dissolution du Parlement. Pour le contrer, la CIA essaie alors de persuader certains élus de renoncer à leur démission. Début août, Mossadegh organise un référendum truqué au cours duquel les Iraniens se prononcent massivement pour la dissolution et la tenue de nouvelles élections. Cela empêche désormais la CIA d’exercer ses activités "quasi légales" même si elle continue à utiliser la propagande pour imputer à Mossadegh la falsification du référendum.

12.

In late May the CIA station was authorised to spend $11,000 a week to buy the cooperation of Iranian members of parliament. This helped increase parliamentary opposition to Mossadeq. As a result, in mid-July Mossadeq decided to close parliament by having loyal members resign, thereby preventing a quorum from forming. The CIA team tried to stop this by encouraging members not to resign. Then, in early August, Mossadeq organised a fraudulent referendum in which Iranians voted overwhelmingly to close parliament and hold new elections. This put a stop to the CIA team’s "quasi-legal" effort to have parliament vote Mossadeq out of office, though it used its propaganda operation to attack Mossadeq for rigging the referendum.

13.

Le 25 juillet, la CIA entame une longue démarche de "pression" et de "manipulation" pour persuader le chah de soutenir le coup d’État et d’accepter la nomination de Fazlollah Zahedi au poste de premier ministre. Au cours des trois semaines suivantes, quatre émissaires rencontrent le chah presque chaque jour afin de le convaincre de coopérer. Le 12 ou 13 août, malgré ses réticences, il finit par accepter et signe les décrets royaux (firmans) révoquant Mossadegh et nommant Zahedi à sa place. La reine Soraya l’aurait persuadé d’agir ainsi (page 38).

13.

On 25 July the CIA began a protracted effort to "pressure" and "manoeuvre" the Shah (pp. 22, A3) into supporting the plot and accepting Zahedi as prime minister-designate. During the next three weeks four emissaries met with the Shah almost daily to try to persuade him to cooperate. The Shah was reluctant to back the plot but finally agreed on 12-13 August, signing royal decrees dismissing Mossadeq and appointing Zahedi prime minister. It seems that Queen Soraya persuaded him to do this (p. 38).

14.

Le 13 août, la CIA charge le colonel Nematollah Nassiri de remettre les firmans à Zahedi et à Mossadegh. Mais la longueur des négociations avec le chah a fragilisé le secret, et l’un des officiers impliqués révèle l’existence du complot. Mossadegh fait alors arrêter Nassiri, dans la nuit du 15 au 16 août, au moment où celui-ci s’apprête à remettre le premier décret, et plusieurs autres conjurés sont interpellés peu après. Prête à cette éventualité, la CIA avait préparé des unités militaires pro-Zahedi à s’emparer des points névralgiques de Téhéran. Mais les officiers disparaissent lorsque Nassiri est arrêté, faisant échouer cette première tentative.

14.

(...).

15.

Zahedi ainsi que d’autres personnes impliquées se réfugient alors dans des cachettes de la CIA. Le chah fuit en exil, d’abord à Bagdad, puis à Rome, et Kermit Roosevelt, directeur de la section locale de la CIA, annonce à Washington que le coup d’État a échoué. Peu après, il reçoit l’ordre d’abandonner l’opération et de revenir aux États-Unis.

15.

Zahedi and other participants in the plot were then hidden in CIA safehouses. The Shah fled into exile, travelling first to Baghdad and then to Rome. Kermit Roosevelt, head of the CIA team, reported to Washington that the plot had failed. He was told to abandon the operation and return home.

16.

Mais Kermit Roosevelt et son équipe décident d’improviser une autre tentative. Ils commencent par distribuer des copies des décrets du chah aux médias afin de mobiliser l’opinion publique contre Mossadegh. Au cours des jours suivants, leurs deux principaux agents iraniens mènent une série d’opérations "noires" visant le même objectif. Afin de dresser les Iraniens croyants contre Mossadegh, ils profèrent des menaces téléphoniques contre des chefs religieux et simulent un "attentat" contre la maison d’un ecclésiastique (page 37) en se faisant passer pour des membres du puissant parti communiste Toudeh. Le 18, ils organisent également des manifestations dont les participants prétendent appartenir au Toudeh. A l’instigation de ces deux agents, les manifestants saccagent les bureaux d’un parti politique, renversent des statues du chah et de son père, et sèment le chaos dans Téhéran. Réalisant ce qui est en train de se passer, le Toudeh recommande à ses membres de rester chez eux (p. 59, 63 et 64), ce qui l’empêche de s’opposer aux manifestants anti-Mossadegh qui envahissent les rues le lendemain.

16.

But Roosevelt and his team had already begun to improvise another coup attempt. They made copies of the Shah’s decrees and distributed them to the news media in an effort to mobilise public opinion against Mossadeq. To do this, their two main Iranian agents carried out a series of "black" operations during the next few days. To turn pious Iranians against Mossadeq, they made threatening phone calls to religious leaders and carried out a "sham bombing" of a clergyman’s house (p. 37), pretending to be members of the communist Tudeh party. They also organised demonstrations on 18 August by people pretending to be Tudeh members. Incited by these two agents, the fake Tudeh demonstrators ransacked the offices of a political party, tore down statues of the Shah and his father, and created havoc in Tehran. When the Tudeh party realised what was happening, it told its members to stay off the streets (pp. 59, 63 - 64). So the Tudeh was not in a position to confront the anti-Mossadeq crowds that emerged on the following day.

17.

Le matin du 19 août, ces derniers commencent à se rassembler à proximité du bazar de Téhéran. Le compte-rendu de la CIA décrit ces manifestations comme partiellement "spontanées", mais ajoute que "les circonstances favorables créées par l’action politique de la CIA contribuèrent également à les déclencher" (page XII). En effet, la divulgation des décrets du chah, les "fausses" manifestations du Toudeh et les autres opérations "noires" menées au cours des jours précédents poussèrent de nombreux Iraniens à rejoindre ces manifestations.

17.

On the morning of 19 August, crowds of anti- Mossadeq demonstrators began to form near the Tehran bazaar. The CIA report describes these demonstrations as partially "spontaneous", but adds that "[CIA] political action assets also contributed to [their] beginnings" (p. xii). The CIA team’s efforts to publicise the Shah’s decrees and the fake Tudeh demonstrations and other "black" operations carried out in the preceding days led many Iranians to join these demonstrations.

18.

Plusieurs membres iraniens de l’équipe de la CIA mènent alors les manifestants dans le centre de Téhéran et persuadent des unités de l’armée de les épauler, incitant au passage la foule à attaquer le quartier général du Parti iranien favorable à Mossadegh et à incendier une salle de cinéma et plusieurs rédactions de presse (p. 65, 67 et 70). Des unités militaires anti-Mossadegh commencent dès lors à prendre possession de Téhéran, s’emparant de stations radio et d’autres points sensibles. De vifs combats se déroulent, mais les forces favorables au premier ministre sont finalement vaincues. Mossadegh lui-même se cache, mais se rend le lendemain.

18.

Several of the CIA’s Iranian agents led the demonstrators into central Tehran and persuaded army units to join them, inciting the crowd to attack the headquarters of the pro-Mossadeq Iran party and burn a cinema and several newspaper offices (pp. 65-67, 70). Anti-Mossadeq army units then began to take over Tehran, seizing the radio station and other key locations and clashing with pro-Mossadeq units. Extensive fighting ensued and the pro-Mossadeq forces were finally defeated. Mossadeq went into hiding but surrendered the next day.

19.

Le compte-rendu de la CIA laisse deux questions essentielles en sus-pens. Tout d’abord, il n’éclaircit pas l’origine de la trahison qui fit échouer la première tentative de coup d’État, se contentant d’attribuer celle-ci à l’indiscrétion d’un des officiers de l’armée iranienne "impliqué" (page 39). Ensuite, ce texte n’explique pas comment l’action politique de la CIA favorisa l’organisation des manifestations du 19 août, ni quelle fut l’importance de cette action dans le déclenchement de ces manifestations. D’autres comptes-rendus, établis d’après des entretiens avec des participants de premier plan, suggèrent que l’équipe de la CIA aurait donné de l’argent à des chefs religieux, qui ne connaissaient probablement pas l’origine de ces fonds. Le rapport de la CIA ne confirme pas cette version. La quasi-totalité des personnes impliquées étant aujourd’hui décédées et la CIA affirmant avoir détruit la plupart des archives concernant cette opération, ces questions resteront peut-être sans réponse.

19.

The CIA history leaves two key questions unanswered. First, it does not explain how the initial coup attempt was betrayed, beyond attributing it to the indiscretion of one of the Iranian Army officer "participants" (p. 39). Second, the history does not explain how the CIA team’s political action assets helped organise the demonstrations of 19 August and how important these CIA assets were in organising the demonstrations. Other accounts of the coup based on interviews with key participants have suggested that the CIA team may have helped organise these demonstrations by giving money indirectly to clerical leaders, who probably did not know where the money came from. The CIA history does not confirm this. Most of those who took part in the coup have died and the CIA claims to have destroyed most of its files, so these issues may never be resolved.

20.

Il est également difficile de savoir qui est à l’origine de la fuite qui a permis la divulgation de ce rapport officiel et quelle est la véritable finalité de cette fuite. Dans l’article publié le 16 avril 2000, le New York Times explique seulement "que le document a été fourni par un ancien officier qui en conservait un exemplaire". Coïncidence, un mois plus tôt, la secrétaire d’État Madeleine Albright, au cours d’un important discours destiné à promouvoir le rapprochement entre les États-Unis et l’Iran, avait reconnu pour la première fois que le gouvernement américain était impliqué dans le coup d’État et s’en est excusée. Beaucoup estiment que la fuite fut délibérément organisée par le gouvernement ou par une personne décidée à soutenir l’initiative de Mme Albright. Si tel est le cas, toutefois, il est difficile de croire que l’intégralité du rapport aurait été révélée, mais on ne peut exclure cette possibilité.

20.

It is also unclear who leaked the CIA report and why it was leaked. In an article published on 16 April, when it first released parts of the history, the New York Times said only "that it had obtained the report from a former official who kept a copy." By coincidence, a month earlier, US Secretary of State Madeleine Albright had made the first official admission by the US government that it had been involved in the coup, in a major speech aimed at promoting US-Iran rapprochement. As a result, many people have speculated that the history was leaked either deliberately by the government or by someone acting individually to advance Albright’s initiative. It seems unlikely that the full history would have been released if this was true. But it cannot be ruled out.

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