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Veillée d’armes contre l’Irak


From war on terror to plain war

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1.

Le Monde diplomatique - NOVEMBRE 2002 - Pages 1, 16 et 17

1.

Le Monde diplomatique - November 2002

2.

VEILLÉE D’ARMES CONTRE L’IRAK

2.

FROM WAR ON TERROR TO PLAIN WAR

3.

Les vrais desseins de M. George Bush

3.

United States : energy and strategy

4.

« Si les Nations Unies n’agissent pas, si elles font preuve de mollesse dans leurs responsabilités, et si Saddam Hussein ne désarme pas, les Etats-Unis conduiront une coalition au nom de la paix pour le désarmer. » C’est un ultimatum que le président George W. Bush lançait, le 24 octobre, aux membres du Conseil de sécurité, après que Washington eut présenté un projet de résolution particulièrement dur sur l’Irak. Mais la volonté du président américain de faire entériner ses objectifs par les Nations unies se heurte à la fois aux réticences des opinions publiques de l’Europe et du Sud et à une résistance de la France et de la Russie. Celle-ci suffira-t-elle à enrayer la marche à la guerre ? Rien n’est moins sûr, car la campagne contre l’Irak s’inscrit dans une stratégie globale, imposée à Washington par une petite clique de nostalgiques de la guerre froide et fondée sur leur vision des intérêts stratégiques militaires, idéologiques et économiques des Etats-Unis.

4.

President Bush’s attempts to bully the United Nations Security Council into ratifying whatever Washington wants to do in Iraq have been resisted by France and Russia, and by public opinion in Europe and much of the rest of the world. This resistance is unlikely to prevent the threatened campaign against Saddam Hussein, which is part of a global strategy instituted by a small group of United States policy-makers who share an arrogant vision of US strategic, military and economic interests.

5.

Par MICHAEL T. KLARE, Professeur à l’université Hampshire, Massachusetts, auteur de Resource Wars : the New Landscape of Global Conflict, Metropolitan Books, New York, 2001.

5.

by MICHAEL KLARE, Professor of peace and world security studies at Hampshire College in Amherst, Massachusetts, and the author of Resource Wars : The New Landscape of Global Conflict (Metropolitan Books, New York, 2001) - Original text in English

6.

Depuis les attentats de New York et de Washington, les Etats-Unis se sont tellement investis dans la guerre contre le terrorisme que celle-ci semble être devenue le seul objectif de la politique étrangère de l’administration Bush. Il est vrai que le président américain a réaffirmé à plusieurs reprises que l’organisation de cette campagne internationale est devenue sa plus lourde responsabilité. Mais, s’il ne fait aucun doute que des moyens énormes lui sont alloués, la lutte contre le terrorisme est loin d’être l’unique préoccupation du gouvernement américain.

6.

THE United States has been so involved in the war against terrorism for the past year that it can seem that winning it is the Bush administration’s sole foreign policy objective - especially since the president has often said that this campaign is his most important responsibility. But though enormous effort is undoubtedly being devoted to this campaign, anti-terrorism is not the only major foreign policy concern.

7.

Dès son investiture, le président des Etats-Unis s’est en effet donné deux autres priorités stratégiques : la modernisation et le développement des capacités militaires américaines ainsi que l’acquisition de réserves pétrolières supplémentaires auprès de sources étrangères. Bien qu’ayant des origines différentes, ces deux objectifs ont fusionné avec la guerre antiterroriste pour former la stratégie cohérente qui guide actuellement la politique étrangère américaine.

7.

Since taking office, Bush has devoted equal attention to two other strategic priorities : the modernisation and expansion of US military capabilities, and the procurement of more foreign oil. These two priorities have independent roots, but have intertwined together, and with the war on terrorism, to produce a unified strategic design. It is this design, rather than any individual objective, that now governs US foreign policy.

8.

Cette nouvelle stratégie n’a pas fait l’objet d’une déclaration de principe, et il ne semble pas qu’elle ait été explicitement formulée par Washington. Mais il ne fait aucun doute que ces trois priorités réunies ont profondément modifié les comportements militaires américains.

8.

This design has neither a formal name nor a written declaration of principles ; no one in Washington has actually articulated the vision. But there is no doubt that these intertwined priorities, have decisively shifted US military behaviour.

9.

L’analyse de quelques initiatives récentes des Etats-Unis permet de comprendre la nature de cette évolution. L’Irak et le golfe. Il semble désormais certain que l’administration Bush prépare une invasion de l’Irak, dont l’objectif est bien de renverser M. Saddam Hussein et de mettre en place un gouvernement pro-américain à Bagdad. Pour préparer cette opération, le ministère de la défense renforce sa présence militaire dans la région du Golfe. L’objectif déclaré de cette prochaine invasion serait de détruire la capacité de l’Irak à produire des armes nucléaires, chimiques ou bactériologiques. Mais il est évident que Washington est décidé à éliminer toute menace pesant sur la production et sur le transport du pétrole dans cette région. Pour les stratèges américains, il s’agit également de s’assurer que les vastes réserves pétrolières irakiennes demeureront disponibles, c’est-à-dire ne tomberont pas sous le contrôle exclusif des compagnies pétrolières russes, chinoises ou européennes.

9.

To understand the nature of the change we need to look at recent US actions, and we will start with Iraq and the Persian Gulf. There is no longer any doubt that the Bush administration is planning an invasion of Iraq, to remove Saddam Hussein and install a pro-US government in Baghdad. In preparation, the US Department of Defence is expanding its already large military presence in the Persian Gulf region. Supposedly, the sole aim of the invasion is to destroy surviving Iraqi capabilities for the production of nuclear, chemical, and biological weapons and prevent the handover of them to terrorists. But Washington is clearly also worried about the future availability of oil from the Gulf area and is determined to eliminate any threat - such as that of Iraq - of interruption to the flow. American strategists want to make sure that Iraq’s vast oil reserves will be accessible to US oil companies in the future and not be exclusively controlled by Russian, Chinese and European firms.

10.

L’Asie centrale et le Caucase. Lorsque les forces américaines ont été déployées dans la région peu après le 11 septembre 2001, leur unique objectif – avoué alors – était de soutenir les opérations militaires dirigées contre les talibans en Afghanistan. Bien que ces derniers soient vaincus, il semble que ces forces vont rester dans la région afin d’accomplir une autre mission. Celle-ci consistera probablement – les Etats-Unis étant déterminés à accéder aux vastes réserves énergétiques du bassin de la mer Caspienne – à protéger l’acheminement du pétrole et du gaz destinés aux marchés occidentaux. Cette hypothèse est étayée par l’envoi d’instructeurs militaires américains en Géorgie, étape-clé de l’oléoduc qui relie la mer Caspienne à la mer Noire et à la Méditerranée, ainsi que par la décision américaine de remettre en état une base aérienne au Kazakhstan, sur les rives de la Caspienne.

10.

Then there is Central Asia and the Caucasus. When US troops were deployed there soon after 11 September, it was said their sole objective was to support military operations against the Taliban in Afghanistan. But with the Taliban defeated, it seems they remain for other reasons. Given the US interest in access to the vast energy supplies of the Caspian Sea basin, it is likely that these will include protecting the flow of oil and natural gas from the Caspian to markets in the West. The recent deployment of US military instructors in Georgia, which is an important way-station for pipelines connecting the Caspian with the Black Sea and the Mediterranean, and the announcement of US plans to refurbish a military airbase in Kazakhstan, on the edge of the Caspian Sea make this idea credible.

11.

La Colombie. Jusqu’à il y a peu de temps, le but annoncé de l’engagement militaire américain en Colombie était la lutte contre le trafic de stupéfiants. Au cours des derniers mois, la Maison Blanche a ajouté deux nouveaux objectifs au programme d’assistance militaire américain : combattre la violence politique et le « terrorisme » pratiqués par la guérilla, et protéger les oléoducs qui transportent le pétrole des gisements intérieurs jusqu’aux raffineries situées sur la côte. Pour financer ces nouvelles priorités, l’administration Bush a demandé au Congrès de voter une augmentation de l’aide militaire à Bogota, dont 100 millions de dollars spécifiquement destinés à la protection des oléoducs.

11.

And there is Colombia. Until recently the US said that its military involvement there was only to combat the illegal trade in narcotics. But lately the White House has identified two other objectives for the aid programme : to combat political violence and terrorism by Colombia’s guerrilla organisations and to protect oil pipelines from the interior to terminals and refineries on the coast. To finance these initiatives, the Bush administration has asked Congress to approve increases in aid, including $100m for pipeline protection.

12.

On retrouve dans ces exemples, et dans d’autres ailleurs dans le monde, les trois grandes priorités énoncées plus haut. Mais c’est leur fusion en une seule et même stratégie qui attire l’attention. Il est désormais impossible de comprendre la direction globale de la politique étrangère américaine sans prendre en compte les implications de cette intégration.

12.

In these developments, and others elsewhere, we can see the strands of US foreign policy. It is their integration that is most significant. In future, we will not be able to understand US foreign policy without taking the integration into account.

13.

Pour ce faire, il est nécessaire d’examiner séparément ces trois priorités, puis d’analyser la manière dont elles se combinent. Cet objectif, défini par le candidat George W. Bush lors de la campagne présidentielle, est devenu depuis une priorité absolue du gouvernement. Dans un discours-clé prononcé à Citadel (une prestigieuse école militaire située à Charleston, en Caroline du Sud), M. Bush a expliqué, en septembre 1999, la manière dont il comptait accomplir la « transformation » des forces militaires américaines. Après avoir affirmé que l’administration Clinton n’était pas parvenue à ajuster les programmes militaires aux nouvelles réalités de l’après-guerre froide, le candidat républicain s’est engagé à effectuer une réévaluation complète de la stratégie américaine afin de « commencer à construire l’armée du siècle à venir ».

13.

So we will look at the strands, and their integration. The first, enhancing US military capabilities, has been a main Bush priority since his electoral campaign. In a speech at The Citadel (a military academy in Charleston, South Carolina) in September 1999, Bush proposed the transformation of the US military establishment. Claiming that the Clinton administration had failed to re-adjust US military policy to the altered realities of the post-cold war era, Bush promised comprehensively to review US strategy and “begin creating the military of the next century”.

14.

Cette transformation de l’armée aura deux objectifs principaux : en premier lieu, assurer l’invulnérabilité du territoire en construisant un bouclier anti-missile et en préservant la supériorité américaine dans le domaine des armes de pointe ; ensuite, développer la capacité des Etats-Unis à envahir des puissances régionales hostiles comme l’Iran, l’Irak ou la Corée du Nord.

14.

The transformation of the US defence establishment is intended to achieve two key strategic objectives : to ensure Washington’s future invulnerability by installing an effective anti-missile defence system and preserving US superiority in hi-tech weaponry ; and to enhance the US capacity to invade and conquer hostile regional powers like Iran, Iraq and North Korea.

15.

M. Bush a donc affirmé son soutien à la mise au point d’un bouclier antimissile protégeant les cinquante Etats américains, ainsi qu’à la « révolution de la pensée militaire » qui tend à rendre systématique l’utilisation de l’ordinateur, de capteurs perfectionnés, de matériaux « furtifs » et d’autres technologies avancées sur le champ de bataille. D’après le président, cette politique assurera la suprématie américaine « à long terme ».

15.

Bush affirmed his support for a national missile defence system (NMD) to protect all 50 American states against attack. He also embraced the “revolution in military affairs”, using computers, advanced sensor devices, stealth materials and hi-tech systems in future combat. These efforts, he suggested, would ensure US superiority “into the far realm of the future”.

16.

Dans le cadre du second objectif, M.Bush a appelé de ses voeux le développement de la capacité américaine à « projeter [la] puissance » – en d’autres termes, la capacité à déployer sur des territoires lointains des forces puissantes, capables de triompher de n’importe quel adversaire. Une telle ambition réclame l’acquisition de nouveaux équipements, comme des capteurs de pointe et des avions sans pilote, mais aussi la réduction de la taille des unités afin de rendre leur déploiement plus rapide. M.Bush a expliqué : « Nos forces armées devront être mobiles, meurtrières et faciles à déployer avec un minimum de soutien logistique. Nous devons être capables de projeter notre puissance à très longue distance, en quelques jours ou en quelques semaines, plutôt qu’en quelques mois (...). Sur terre, nos unités lourdes doivent devenir plus mobiles, nos unités légères plus meurtrières. Toutes doivent être plus faciles à déployer. »

16.

To achieve his second objective, Bush called for a substantial expansion of power projection capabilities - the ability to deploy powerful US forces in distant battle zones and win against any potential enemy. This would mean new hi-tech devices, advanced sensors and pilotless aircraft, and reducing the numbers of existing combat units to accelerate their deployment. As Bush said : “Our forces in the next century must be agile, lethal, readily deployable, and require a minimum of logistical support. We must be able to project our power over long distances, in days or weeks rather than months. On land, our heavy forces must be lighter. Our light forces must be more lethal. All must be easier to deploy”.

17.

Sitôt investi, M. Bush a immédiatement ordonné au ministère de la défense de commencer à mettre en oeuvre ces dispositions. « A ma demande, le ministre de la défense, Donald H. Rumsfeld, a entamé une étude approfondie des forces armées américaines, a déclaré le président au début de l’année 2001. Je lui laisse toute liberté de remettre en question le statu quo afin de mieux concevoir la nouvelle architecture destinée à défendre l’Amérique et ses alliés. » Cette architecture reposera largement sur les nouvelles technologies, mais son orientation principale reste la capacité à projeter rapidement la puissance militaire. Reprenant les termes du discours donné à Citadel, M. Bush estime que les forces terrestres américaines seront « plus mobiles et plus meurtrières » , que les forces aériennes seront « capables de frapper des objectifs lointains avec une précision absolue » , et que les forces navales pourront « projeter notre puissance loin à l’intérieur des terres ».

17.

Immediately after inauguration, Bush ordered the Department of Defence to start implementing the proposals in that speech, and by early 2001, he said that at his request, the Secretary of Defence, Donald Rumsfeld, had begun the review. “I have given him a broad mandate to challenge the status quo as we design a new architecture for the defence of America and our allies.” The architecture would rely on new technologies, and would emphasise power projection. Bush repeated that the US ground forces would be lighter and more lethal, the air forces “will be able to strike across the world with pinpoint accuracy” and its sea forces would maximise “our ability to project power over land”.

18.

Ces objectifs déterminent désormais les orientations budgétaires à long terme du Pentagone. Déjà, le budget de la défense pour l’année fiscale 2003 (qui commence le 1er octobre de l’année précédente), s’élève à 379 milliards de dollars, en augmentation de 45 milliards par rapport à 2002. lors de la présentation de ce budget, M. Rumsfeld a déclaré : « Nous avons besoin de forces armées rapidement déployables et totalement intégrées entre elles, capables d’arriver rapidement sur des champs de bataille lointains et de coopérer avec nos forces aériennes et navales pour frapper nos adversaires rapidement, avec précision et de manière dévastatrice. » Et, si des moyens supplémentaires seront effectivement assignés à un bouclier antimissile et à la lutte contre le terrorisme, c’est bien la capacité à projeter la puissance militaire qui définira les investissements et l’organisation des forces armées dans les années à venir.

18.

These objectives have now been embedded in the Pentagon’s long-range budget. Introducing the $379bn defence budget for fiscal year 2003 (an increase of $45bn over 2002), Rumsfeld said : “We need rapidly deployable, fully integrated joint forces, capable of reaching distant theatres quickly and working with our air and sea forces to strike adversaries swiftly, successfully, and with devastating effect”. Though additional resources will go to missile defence and anti-terrorism, power projection will dominate US military procurement and development.

19.

Après le 11 septembre 2001, une notion a fait son entrée dans la pensée stratégique américaine : l’idée selon laquelle les Etats-Unis doivent pouvoir employer la force de manière préventive contre des puissances hostiles susceptibles d’utiliser des armes de destruction massive. La Maison Blanche affirme en effet que des attaques préventives pourraient se révéler nécessaires afin de défendre les citoyens américains face à la menace représentée par les « Etats voyous ». S’il est évident pour tout le monde qu’une telle affirmation représente un changement radical dans la stratégie américaine, elle est parfaitement cohérente par rapport aux deux autres objectifs de l’administration : assurer l’invulnérabilité des Etats-Unis et développer leur capacité à envahir et à soumettre des puissances hostiles.

19.

After 11 September the administration added a new feature : the proposition that the US must be able to employ force pre-emptively to prevent the possible use of weapons of mass destruction. Such action may be necessary, argued the White House, because of the great risk to American civilians from the potential use of such weapons by rogue states undeterred by US retaliatory capacity. This proposition, while rightly seen as significant departure, is quite consistent with the administration’s other two goals : ensuring the invulnerability of the US to hostile military action and enhancing its capacity to invade.

20.

La seconde priorité de l’administration – l’acquisition de nouvelles réserves de pétrole auprès de pays étrangers – a été détaillée pour la première fois dans un rapport du National Energy Policy Development Group, publié le 17 mai 2001. Rédigé par le vice-président Richard Cheney, ce document établit une stratégie destinée à répondre à l’augmentation des besoins en pétrole des Etats-Unis au cours des vingt-cinq prochaines années. Si le rapport évoque quelques mesures destinées à économiser l’énergie, la plupart de ses propositions visent à augmenter les réserves énergétiques américaines.

20.

The intent to acquire more foreign oil supplies was first evident in the report of the national energy policy development group in May 2001, known as the “Cheney report” after its principal author, Vice President Dick Cheney. The document is meant to be a comprehensive plan to supply the US’s growing energy needs over the next 25 years. It incorporates some increased energy conservation, but most proposals are aimed at expanding the supply of energy.

21.

Dès sa publication, le rapport Cheney a déclenché une double polémique. D’abord, parce qu’il recommande d’implanter des stations de forage dans le parc national de l’Alaska, mais aussi parce que ses auteurs ont eu des contacts préalables avec Enron, aujourd’hui en faillite. Cette polémique a contribué à faire passer sous silence d’autres aspects du rapport, notamment ceux concernant les véritables implications internationales de cette politique énergétique. Celles-ci n’apparaissent clairement que dans le dernier chapitre (« Renforcer les alliances globales »), qui propose de parer à la pénurie imminente de pétrole en augmentant les importations.

21.

The report caused great controversy because it advocates oil drilling in the Arctic National Wildlife Refuge in Alaska and because its authors consulted regularly with officials of the now-disgraced Enron. Unfortunately the controversy has deflected attention from its other aspects, particularly those bearing on the international implications of energy policy. Only in the final chapter is its true significance apparent, when we are told of plans to solve the looming energy shortfall in the US by substantially increasing foreign oil imports.

22.

D’après le rapport, la dépendance américaine en pétrole étranger devrait passer de 52 % de la consommation totale en 2001 à 66 % en 2020. La consommation totale augmentant elle aussi, les Etats-Unis vont devoir importer, en 2020, 60 % de pétrole de plus qu’aujourd’hui, passant ainsi de 10,4 millions de barils par jour à environ 16,7 millions. Le seul moyen d’y parvenir est de persuader les fournisseurs étrangers d’augmenter leur production et de vendre davantage aux Etats-Unis.

22.

According to the report, US reliance on imported oil will rise from about 52% of total consumption in 2001 to an estimated 66% in 2020. Because oil use is also rising, the US will have to import 60% more oil in 2020 than it does today. This means that imports will have to rise from their current rate of about 10.4m barrels a day to an estimated 16.7m barrels a day in 2020. The only way to do this is to persuade foreign suppliers to increase their production and sell more of their output to the US.

23.

Mais la plupart des pays producteurs n’ont pas les ressources financières nécessaires au développement de leurs infrastructures pétrolières, ou répugnent à laisser des clients américains dominer leur production énergétique. Conscient de cela, le rapport recommande à la Maison Blanche de faire du développement des importations pétrolières « une priorité de [la] politique commerciale et étrangère ». Afin de répondre aux besoins du pays, le rapport conseille notamment à l’administration de se concentrer sur deux objectifs.

23.

But many supplying countries lack the capital to make the necessary investments in production infrastructure, and are reluctant to allow US firms to dominate their energy sector. The report calls on the White House to make the pursuit of increased oil imports “a priority of our trade and foreign policy”. It calls on the president and other top officials to try two ways to meet America’s growing oil requirement.

24.

Le premier consiste à augmenter les importations venant des pays du golfe, qui détiennent environ les deux tiers des réserves énergétiques mondiales. Aucune autre région du monde ne pouvant augmenter sa production aussi rapidement, le rapport recommande de vigoureux efforts diplomatiques destinés à persuader l’Arabie saoudite et ses voisins de laisser à des entreprises américaines le soin de conduire des travaux importants de modernisation de leurs infrastructures.

24.

The first is to increase imports from Persian Gulf countries, which together own about two thirds of the world’s known oil reserves. Recognising that no other region can increase production as rapidly and substantially, the report wants a US diplomatic effort to persuade the governments of Saudi Arabia and other producers to allow US firms to improve the infrastructure of their countries.

25.

Second objectif, augmenter la « diversité » géographique des importations américaines, afin de réduire les conséquences économiques des futurs soubresauts d’une région chroniquement instable. « La concentration de la production pétrolière dans une seule région du monde risque de contribuer à l’instabilité du marché » , explique le rapport. En conséquence, « la diversification des sources d’approvisionnement est de prime importance ». Afin de la promouvoir, le rapport suggère une collaboration étroite avec les entreprises américaines du secteur énergétique, destinée à augmenter les importations à partir du bassin de la mer Caspienne (en particulier de l’Azerbaïdjan et du Kazakhstan), de l’Afrique subsaharienne (Angola et Nigeria) et de l’Amérique latine (Colombie, Mexique et Venezuela).

25.

The second aim is to increase the geographic diversity of US imports, to reduce the economic damage that would be caused by future supply interruptions in the ever-turbulent Middle East. “Concentration of world oil production in any one region is a potential contribution to market instability,” the report says, so “greater diversity remains important”. To promote diversity, the report calls on the president and top officials to work with US energy firms to increase oil imports from the Caspian Sea basin (especially Azerbaijan and Kazakhstan), sub-Saharan Africa (Angola and Nigeria), and Latin America (Colombia, Mexico, and Venezuela).

26.

Mais le rapport Cheney oublie de préciser ce que tout lecteur un tant soit peu informé est obligé de conclure : toutes les régions désignées comme sources potentielles de pétrole sont instables ou entretiennent de forts sentiments anti-américains, quand ce n’est pas les deux. S’il est vrai que certaines parties des élites de ces régions sont peut-être favorables au développement de la coopération économique avec les Etats-Unis, d’autres parties de la population rejettent souvent cette idée, par nationalisme ou pour des raisons économiques ou idéologiques. Les tentatives américaines visant à acheter davantage de pétrole à ces pays risquent donc fort d’être accueillies par diverses formes de résistance pouvant aller jusqu’au terrorisme ou d’autres types de violence. Le rapport implique donc des conséquences relatives à la sécurité qui ont une importance considérable pour la stratégie internationale de Washington.

26.

The report does not say openly what will be obvious to any reader : almost all areas identified as potential sources of increased oil supplies are chronically unstable or harbour anti-American sentiments, or both. While elites in these countries may favour increased economic co-operation with the US, other sectors of the population often oppose such ties for nationalistic, economic or ideological reasons. So US efforts to obtain more oil from these countries is almost certain to provoke resistance, including terrorism and other violence. There is an unacknowledged security dimension to the Cheney energy plan, with considerable significance for US military policy.

27.

Et c’est ici qu’apparaissent des parallèles évidents entre la stratégie militaire et la politique énergétique de l’administration Bush. En effet, une politique énergétique visant à permettre aux Etats-Unis d’accéder à des réserves de pétrole situées dans des régions à l’instabilité chronique n’est réaliste que dans la mesure où les Etats-Unis sont capables de projeter leur puissance militaire dans ces régions.

27.

The parallels between the military strategy and energy policy are striking. Without implying any conscious intent by the administration to heighten this conjunction, it is clear that an energy policy favouring increased US access to oil supplies in the Persian Gulf, the Caspian, Latin America and sub-Saharan Africa would be more realistic if accompanied by a strategy favouring a big increase in US capacity to project military power.

28.

Que les responsables politiques soient parvenus à cette conclusion ou non, il ne fait aucun doute que les états-majors, eux, l’ont fait. Dans le rapport de septembre 2001 de la Quadrennial Defense Review (QDR), le ministère de la défense reconnaît que « les Etats-Unis et leurs alliés vont continuer à dépendre des ressources énergétiques du Proche-Orient », et que cet accès pourrait être entravé par divers moyens militaires. La QDR décrit alors les types d’armes et de troupes dont les Etats-Unis auront besoin pour faire face à ces menaces – précisément celles énumérées par M.Bush lors des déclarations citées plus haut. Notre stratégie militaire « repose sur la capacité des forces américaines à projeter leur puissance dans le monde entier », conclut le rapport.

28.

Whether or not senior political figures have reached this conclusion, US military officials have certainly done so. In the Quadrennial Defence Review (QDR) report of September 2001, the Department of Defence acknowledges that “The US and its allies will continue to depend on the energy resources of the Middle East,” and that access to this region could be jeopardised by military threats. The QDR describes the weapons and forces that the US will need to protect its interests in the Middle East and other zones, listing the capabilities identified in the Bush statements. American strategy “rests on the assumption that US forces have the ability to project power worldwide,” it declares.

29.

Troisième grande priorité de l’administration Bush, la campagne contre le terrorisme a été explicitée par le président lors d’un discours devant le Congrès le 20 septembre 2001, neuf jours après les attentats de New York et de Washington. Cette campagne ne sera pas limitée à une série de bombardements punitifs ou à une grande bataille, mais elle impliquera une « campagne prolongée » s’étendant à plusieurs théâtres d’opération jusqu’à ce que « chaque groupe terroriste à visée mondiale ait été découvert, arrêté et détruit » . Plus tard, le président Bush a étendu la guerre contre le terrorisme à l’Iran et à l’Irak, qui représenteraient une menace en raison de leur intention de développer des armements nucléaires, chimiques et bactériologiques.

29.

The third priority, success in the war against terrorism, was spelled out in Bush’s address to Congress nine days after the attacks on New York and Washington. This campaign would be not limited to punitive strikes or one great battle but would entail a “lengthy campaign” in many theatres of operation and continuing “until every terrorist group of global reach has been found, stopped and defeated”. Bush later extended this mandate to encompass states like Iran and Iraq, said to threaten terrorism through pursuit of nuclear, chemical and biological weapons.

30.

Une telle stratégie exige deux types d’efforts : au niveau du renseignement, afin de trouver et de neutraliser les réseaux terroristes, et au niveau militaire, afin de détruire les sanctuaires des terroristes et de punir les Etats qui les protègent. Si ces deux activités semblent vitales à la victoire, c’est l’aspect militaire qui a le plus attiré l’attention des dirigeants. Or cet aspect converge assez précisément avec les deux autres grandes priorités de l’administration.

30.

This strategy needs both intelligence and law enforcement efforts to locate and destroy hidden terrorist cells ; and also a military effort to destroy terrorist sanctuaries and punish states that offer them protection or assistance. All these activities are thought crucial to the success of the war on terrorism, but the military aspect has attracted most attention from senior administration officials. It is this aspect that is most closely associated with the other strands of US security policy.

31.

La manière dont a été menée la guerre en Afghanistan illustre ainsi la capacité à « projeter [la] puissance » évoquée par le président Bush lors de son discours de 1999 à Citadel. Avant le début de la campagne, les Etats-Unis ont acheminé par avion de grandes quantités d’armes et d’équipements vers des pays alliés et déployé une flotte imposante en mer d’Arabie. Les combats au sol ont été menés par des forces d’infanterie légère appuyées par des bombardiers à long rayon d’action équipés d’armes téléguidées de haute précision. L’accent a été mis sur la manoeuvrabilité des troupes au sol et sur l’utilisation d’appareils d’observation perfectionnés permettant de localiser l’ennemi de jour comme de nuit.

31.

Many aspects of the war in Afghanistan reflect the power projection model that Bush delineated. In preparation for the campaign, the US airlifted large amounts of weapons and equipment to friendly states in the area, and deployed a powerful fleet in the Arabian Sea. Much of the fighting was done by light infantry, supported by long-range bombers with precision-guided weapons. A high premium was placed on battlefield manoeuvre and advanced surveillance devices to pinpoint enemy locations day and night.

32.

Une opération de même ordre contre l’Irak réclamerait probablement le déploiement de dizaines de milliers de soldats en des endroits-clés du pays, combiné à des bombardements massifs. « Il ne serait pas nécessaire d’occuper le terrain et de protéger nos flancs, comme ce fut le cas en 1991, explique un officier supérieur au New York Times, il s’agirait davantage de déplacer rapidement les troupes pour les concentrer sur des cibles précises. » Et, comme ce fut le cas en Afghanistan, l’invasion devrait s’appuyer sur l’utilisation massive des forces spéciales, qui combattront aux côtés de groupes dissidents armés.

32.

A similar operation in Iraq will mean tens of thousands of US troops quickly inserted in key locations across the country, with relentless air and missile attacks. “We would not need to hold territory and protect our flanks to the same extent [as in the Gulf war],” a senior officer told the New York Times. “You would see a higher level of manoeuvre and airborne assault, dropping in vertically and enveloping targets, less slogging mile by mile through the desert”. The planned attack should mean wide use of US Special Forces with armed dissident groups, as in Afghanistan.

33.

La guerre contre le terrorisme contribue donc désormais à l’effort américain destiné à protéger l’accès au pétrole, notamment dans le golfe et dans le bassin de la mer Caspienne. Et la guerre en Afghanistan apparaît alors comme un prolongement de la guerre secrète menée en Arabie saoudite entre les opposants à la monarchie en place et la famille royale, soutenue par les Américains. Depuis que le roi Fahd a décidé, après l’invasion du Koweït par l’Irak en 1990, d’autoriser les Américains à utiliser son pays comme base pour attaquer l’Irak, des extrémistes saoudiens, dirigés par M. Oussama Ben Laden, sont engagés dans une lutte clandestine visant à renverser la monarchie et à chasser les Américains du pays. A ce titre, la volonté américaine de détruire le réseau Al-Qaida en Afghanistan apparaît motivée par la nécessité de protéger la famille royale saoudienne afin de garantir l’accès américain au pétrole de ce pays.

33.

The war on terrorism has merged with the US effort to safeguard access to oil, especially in the Persian Gulf and the Caspian Sea basin. The war in Afghanistan can be seen as an extension of the shadow war in Saudi Arabia between radical opponents of the Saudi monarchy and the US-backed royal family. Ever since King Fahd decided, after Iraq’s invasion of Kuwait, to allow US troops to use his country as their base for attacks on Iraq, Saudi extremists, led by Osama bin Laden, have fought an underground war to topple the monarchy and drive the Americans out. US moves to destroy al-Qaida and its support in Afghanistan can be seen as an effort to protect the Saudi royal family and ensure access to oil.

34.

On observe une évolution de même ordre dans la région qui borde la mer Caspienne. Sous le président Clinton, le ministère de la défense a établi des relations avec les forces armées d’Azerbaïdjan, de Géorgie, du Kazakhstan, du Kirghizstan et de l’Ouzbékistan, et a commencé à leur fournir armes et entraînement. Mais, depuis le 11 septembre 2001, ces efforts se sont considérablement intensifiés. Ainsi, les bases temporaires en Ouzbékistan et au Kirghizstan sont en train de devenir des installations semi-permanentes. Les Etats-Unis aident également au « réaménagement d’une base aérienne d’importance stratégique » au Kazakhstan. Selon le département d’Etat, cette initiative serait destinée à « améliorer la coopération entre les Etats-Unis et le Kazakhstan, tout en établissant une base américaine interarmées dans cette région riche en pétrole ». Les Etats-Unis vont également aider l’Azerbaïdjan à se constituer une flotte militaire en mer Caspienne, où se sont récemment déroulés plusieurs incidents entre des navires azerbaïdjanais d’exploration pétrolière et des bâtiments militaires iraniens. Si ces initiatives sont justifiées par la nécessité de faciliter la participation de ces pays à la lutte contre le terrorisme, elles font également partie des efforts américains visant à établir un environnement protégé pour la production et l’acheminement du pétrole.

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The war on terrorism has also merged with US efforts to safeguard the flow of Caspian oil and natural gas to the West. These began modestly during the Clinton administration, when the Department of Defence established links with the forces of Azerbaijan, Georgia, Kazakhstan, Kyrgyzstan and Uzbekistan, and began to provide military aid and training. But since 11 September, these efforts have increased, and temporary US bases in Uzbekistan and Kyrgyzstan are being made semi-permanent. There is US aid “for the refurbishment of a strategically located air base” in Kazakhstan, which, according to the State Department, is intended to “improve US-Kazakh military cooperation while establishing a base along the Caspian”. The US will also help Azerbaijan to begin to defend the Caspian Sea, where there have been recent encounters between Azerbaijani oil-exploration vessels and Iranian gunboats. These initiatives are said to help countries’ participation in the war against terrorism, but are also linked to US efforts to provide a safe environment for the production and transport of oil.

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Quelles qu’aient pu être les intentions initiales des dirigeants américains, les trois priorités du gouvernement en matière de sécurité internationale –l’amélioration des capacités militaires, la recherche de nouvelles sources de pétrole et la guerre contre le terrorisme – ont désormais fusionné en un seul objectif stratégique. Et il va devenir de plus en plus difficile d’analyser séparément ces trois démarches. La seule manière de décrire précisément la tendance globale de la stratégie américaine est en termes d’objectif unique, que l’on peut résumer comme une « guerre pour la domination américaine » . S’il est encore trop tôt pour évaluer les conséquences sur le long terme de cette fusion en un seul objectif, il est cependant possible de faire plusieurs observations.

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Whatever the intent of US policymakers, the three key strands of their foreign security policy have now merged into a single strategy. Attempts to analyse them as separate phenomena will become more difficult as they increasingly intertwine. The only way to describe US security policy today is to speak of a unified campaign - “the war for American supremacy” - combining elements of all three. It is too early to gauge the significance of this, but we can make some preliminary observations.

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Tout d’abord, une fois combinées, ces trois orientations créent une dynamique plus puissante. Il est en effet très difficile de critiquer une stratégie qui porte sur autant d’aspects vitaux de la sécurité nationale. Si on les présentait séparément, il serait possible de leur imposer des restrictions particulières. Par exemple, on pourrait exiger la limitation des budgets militaires ou la réduction des troupes engagées dans des régions riches en pétrole. Mais, lorsque tous ces aspects sont placés sous la bannière de l’antiterrorisme, il devient presque impensable de les discuter. On peut donc s’attendre que la politique de la Maison Blanche rencontrera un certain soutien auprès du Congrès et de la population américaine.

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The combined campaign has more vigour and momentum than its parts ; it is hard to question or criticise a strategy that integrates so many key aspects of security. When separated, it might be possible to impose limits on one aspect - to constrain procurement levels or troop deployments in oil regions. But when these are combined with anti-terrorism, it is almost impossible to advocate limits. It is highly likely that the combined campaign will very successfully gain and retain support from Congress and the people.

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Mais, pour les mêmes raisons, une telle stratégie comporte un risque non négligeable d’escalade, de démesure et d’enlisement. En effet, elle peut mener à une succession d’opérations militaires de durée incertaine, qui deviendront de plus en plus complexes et dangereuses, et qui nécessiteront l’engagement de moyens et de troupes toujours accru. Il s’agit précisément du type de stratégie contre lequel M. George W. Bush mettait en garde l’Amérique avant les élections de 2000, mais qu’il semble avoir résolument adopté depuis. C’est en tout cas ce qui semble se produire dans le golfe, en Asie centrale et en Colombie. Dans ces trois cas, c’est bien la combinaison des trois orientations qui rend très difficile la limitation de l’engagement américain.

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But the enterprise has a significant risk of “mission creep” and “overstretch” : it could lead to open-ended overseas operations that become more complex and dangerous and require ever-growing US resources and personnel. This is the behaviour Bush warned against during his election campaign, but now seems to have fully embraced. It appears to be the case in the Gulf, Central Asia, and Colombia, where the combined impact of the policy strands makes it difficult to establish limits.

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La plus sérieuse mise à l’épreuve du modèle défendu par la Maison Blanche risque de se produire en Irak. Le président américain ne cache pas son intention de renverser le président Saddam Hussein, et le ministère de la défense prépare les plans de l’invasion. De nombreux dirigeants arabes l’ont mis en garde contre le fait que cette invasion étendra le désordre et la violence à travers tout le Proche-Orient. De hauts responsables du Pentagone ont également émis des réserves portant sur le coût et sur les risques inhérents au maintien d’une importante présence américaine en Irak après le renversement du régime de Bagdad. Mais ces mises en garde ne semblent pas affecter la Maison Blanche, qui semble décidée, quoi qu’il arrive, à attaquer l’Irak.

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The greatest test of the strategic design may well come in Iraq. Bush has made no secret of his desire to overthrow Saddam Hussein, and the Department of Defence is planning a US invasion. Many Arab leaders have warned Bush that such an invasion will trigger disorder and violence throughout the Middle East. Senior Pentagon officials have also pointed out the costs and risks of maintaining a large US military presence in Iraq, of necessity, after Saddam Hussein has been ousted. But none of these warnings seems to have had any effect on the White House.

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