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1. En partie imputable à l’absence de bons systèmes de transports en commun (qui organiseraient l’habitat), à la privatisation des terres et à la fuite devant les centres urbains jugés insuffisamment sûrs, l’essor anarchique des constructions de toutes sortes menace chaque année un peu plus l’environnement des États-Unis. Et en particulier l’ancien Ouest sauvage, où les forêts et les déserts reculent devant les coups des promoteurs immobiliers, les routes et les parkings. Désormais, ce ne sont plus seulement les écologistes qui s’interrogent sur la valeur —et sur le prix— d’un "développement" de ce type. |
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1. Uncontrolled development is a growing threat to the US environment. It is caused by the lack of efficient public transport, which helps to concentrate housing in certain areas, but also private land management and the rush to leave "unsafe" inner cities. The trend is particularly alarming in what was once the Far West. Forests and deserts are threatened by property developers and their "great deals", by roads and car parks. Environmental pressure groups are no longer the only people to question the merits, and cost, of this form of "development". |
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2. San Jose, Californie. Quatre autoroutes dotées d’une multitude de sorties, trois ou quatre voies rapides et plusieurs boulevards à six voies traversent l’immense agglomération qui s’étale sur 400kilomètres carrés pour huit cent cinquante mille habitants. Les deux tiers de la partie sud de la baie de San Francisco ne sont plus, depuis dix ans, qu’une énorme conurbation en forme de pince : à l’ouest le pouce, dont la ville de San Francisco occupe l’ongle, tout au bout de la péninsule — particularité géographique qui lui permet de ne compter que sept cent mille habitants ; à l’est, l’index qui, par Oakland et Berkeley, s’allonge vers la partie nord de la baie. Un troisième doigt, au nord-est, menace les pentes du mont Diablo, tandis qu’au sud-est San Jose continue subrepticement de s’avancer le long de l’autoroute 101 qui file vers le sud. |
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2. San Jose, California. Four highways with numerous exits, three or four urban express-ways and several six-lane boulevards criss-cross an enormous urban area that sprawls over 150 square miles and is home to 850,000 people. In the last 10 years two thirds of the southern part of the San Francisco bay have been absorbed into one huge conurbation. San Francisco itself is at the end of the western peninsula, which limits its population 700,000. To the east, Oakland and Berkeley stretch up towards the north of the bay area, and to the northeast, further development now threatens the slopes of Mount Diablo. To the southeast, San Jose continues to spread surreptitiously southwards along highway 101. |
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3. Certes, ce n’est pas encore tout à fait Los Angeles, mais la prodigieuse accélération, depuis les années 70, du développement de la Silicon Valley a balayé les magnifiques vergers de la plaine de Santa Clara, autrefois surnommée "la vallée du ravissement du coeur"... Il faut grimper bien haut sur les collines par —ô miracle !— une petite route pour retrouver un paysage somptueux où cependant de nombreux terrains sont d’ores et déjà en vente. Partout ailleurs, des quartiers entiers surgissent de terre, ici et là, au gré des promoteurs, comme des dés jetés au hasard. |
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3. It is not as bad as Los Angeles yet. Even so, the gathering momentum of development in Silicon Valley since the 1970s has swept away the magnificent orchards of the Santa Clara valley, once known as "the valley of heart’s delight". Nowadays you need to climb far up the hills, along a miraculously narrow road, to find unspoilt landscape —and even there numerous plots are already up for sale. Everywhere else developers are building complete neighbourhoods, dotted haphazardly across the landscape. |
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4. Le "zonage" impose une stricte séparation des zones résidentielles —quadrillage de rues sans vie le long desquelles s’alignent les célèbres "petites boîtes" des banlieues — et des zones commerciales— les centres commerciaux, ou malls, qui rivalisent de gigantisme. Le troisième pôle (le lieu de travail) n’est plus majoritairement situé dans le centre-ville, car la multiplication des usines d’électronique a pour conséquence leur dispersion géographique. |
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4. Zoning lays down strict rules for land use, separating residential areas —lifeless streets, intersecting at right angles and lined with small "suburban boxes"— from commercial zones, with their gigantic malls. Most workplaces, which fall into a third, equally separate category, are no longer in the town centre : the growing number of electronics factories has made them move to the outskirts. |
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5. La voiture est la grande gagnante de cet éclatement de la vie quotidienne, où rien —travail, école, commerce, loisirs— n’est à portée de marche et où le béton est roi, à tel point qu’on a pu inventer, à la place du mot landscape (paysage), des néologismes tels que streetscape et même carscape : la voiture devient non plus un élément mais le centre même du paysage urbain, voire sa raison d’être, tandis que les transports en commun fonctionnent mal et sont déva lorisés. |
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5. Cars are the big winners in this compartmentalised life style, since nothing —work, school, shops, leisure facilities— can be reached on foot. Masonry and tarmac are so omnipresent that new words, such as streetscape or even carscape, have been invented to replace the idea of landscape. Cars are not just part of the urban scene, they are its focal point and the reason for its existence in the first place, public transport being inefficient and inferior. |
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6. Le problème de l’ "étalement sauvage des villes et des banlieues" (urban sprawl ) a déjà fait couler beaucoup d’encre ; mais, loin de se résoudre, il ne cesse de s’aggraver. On peut l’exprimer par un triptyque simple où les chiffres américains de densité de population urbaine (14 personnes par hectare), de déplacement à pied ou à bicyclette (5 % des habitants des villes) et d’utilisation des transports en commun (3 %) sont pratiquement les plus faibles du monde, le dernier chiffre ayant d’ailleurs baissé en dix ans. |
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6. Much has been written about urban sprawl, but it has gone on deteriorating. Three figures sum up the situation : urban population density (36 people per square mile), travel on foot or by bicycle (5% of town dwellers) and use of public transport (3%) are almost the lowest in the world. |
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7. Ainsi a-t-on pu constater dans le Sud-Ouest, en quelques décennies, l’expansion phénoménale de Phoenix, Arizona, à la vitesse, dit-on, d’un demi-hectare à l’heure pour atteindre une superficie de 1 200 kilomètres carrés. Six des métropoles au développement le plus rapide sont situées à l’ouest ; en gros, leur population s’accroît de cinquante mille habitants par an grâce à l’industrie électronique, aux télécommunications, au tourisme —et aux promesses d’impôts locaux faibles. Or ces mêmes impôts locaux financent la construction des infrastructures indispensables —routes, égouts, canalisations— au détriment des parcs, écoles et espaces publics (sans parler des allocations sociales), ce qui, de fait, subventionne les promoteurs. Au nom du droit à la propriété, ceux-ci résistent avec succès à toute tentative de conserver des espaces vierges. |
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7. Over the last 20 or 30 years, Phoenix, Arizona, is reckoned to have expanded at the phenomenal rate of one fifth of a square mile per hour. It now occupies 460 square miles. Six of America’s fastest developing cities are located in the west. Thanks to the electronics industry, telecommunications, the travel trade and the promise of low taxes, their population is increasing by 50,000 a year. Local taxes pay for the construction of essential infrastructures —roads, sewers and water mains— taking funds away from parks, schools, public amenities, and of course welfare. This boils down to subsidising the property developers. Worse still, in the name of the right to private property, the developers have so far resisted all attempts to preserve unspoilt land. |
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8. Même chose à l’heure actuelle à Davis, au nord de la Californie, où, après un moratoire à la construction imposé par une mairie progressiste, l’explosion du marché du bâtiment fait surgir de terre depuis treize ans lotissement sur lotissement : 861 maisons d’un coup récemment, dont chacune occupe la quasi-totalité de parcelles de 500 mètres carré. |
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8. The picture is similar in Davis in northern California. After a ban on building applied by a progressive mayor, the boom in the property market has in the last 13 years brought a seemingly endless succession of housing estates —861 homes in one go recently— with each structure occupying almost all of its 5,000 square foot plot. |
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9. Quel est le coût de ce développement sauvage ? Le plus étonnant est que personne ne le sait ou ne veut le savoir. La dernière étude fédérale remonte à 1974... et avait calculé que le coût du développement "compact" revenait à 40% de celui du développement dispersé. On peut parier sans crainte que la situation a empiré, avec la pratique immobilière surnommée le "saute-mouton" : 500 000 hectares de terre arable seraient perdus chaque année. |
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9. But what is the cost of this uncontrolled development ? Surprisingly no-one knows or even wants to know. The most recent federal study dates back to 1974. It calculated that "compact" development costs only 40% as much as sprawl and, more than likely, the disparity is even greater now. Thanks to a technique known as "leapfrog" development 1,235,000 acres of arable land are lost every year. |
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10. Les cris d’alarme pourtant ne manquent pas : "Nous ne pouvons plus nous permettre le luxe de banlieues tentaculaires", avait affirmé haut et clair pour la Californie un rapport étonnant de la Bank of America en 1995. Maintenant, en envahissant le désert, des métropoles comme Phoenix, Las Vegas et Salt Lake City battent des records de pollution de l’air. Dans une région qui ne reçoit que 100 mm de pluie par an, les réserves d’eau pourraient atteindre leurs limites dans une dizaine d’années. |
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10. And yet there have been plenty of protests. In 1995 a Bank of America report on California stated categorically that Americans could no longer afford the luxury of sprawl. As they reach out into the desert, urban areas such as Phoenix, Las Vegas or Salt Lake City break all records for air pollution and, with annual rainfall of only four inches, water reserves could run out in about 10 years. |
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11. Les paysages et la nature pour lesquels on était venu s’installer ici sont enlaidis. Enfin, les routes et le trafic automobile laissent présager une "losangelisation" du paysage : la circulation automobile à Denver (Colorado) s’accroît à une vitesse double de celle de la population. "Nous allons continuer à construire des routes, beaucoup de routes", déclare pourtant le gouverneur républicain de l’Utah. "Nous disons que nous ne voulons pas être comme Los Angeles, et pourtant nous le sommes", avoue une habitante de Phoenix. Même dans le Nord-Ouest, qui a pourtant la réputation d’un paradis écologique, la population des banlieues de Seattle a augmenté de 22 % en dix ans, et le nombre de kilomètres parcourus en voiture a quadruplé. |
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11. The landscape and wilderness that originally attracted people have been disfigured. The roads and traffic suggest the landscape will soon be absorbed into "Los Angeles-style burbs". Car traffic in Denver, Colorado, is growing twice as fast as the population. But the republican governor of Utah was adamant : "We are going to build roads and lots of them." As a woman in Phoenix put it, "We say we don’t want to be like LA and yet we are". Even in the northwest, reputedly an ecological paradise, the population of Seattle’s suburbs has increased by 22% in 10 years and the number of miles travelled by car has quadrupled. |
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12. Plus de voitures et plus de parkings, et cela à une échelle qui n’a plus rien d’humain. Chaque véhicule nécessitera sept places de parking pour se garer dans les trois "pôles" mentionnés ci-dessus et pour manoeuvrer. Sachant qu’un centre commercial doit compter 150 mètres carrés de parking pour 100 mètres carrés de magasin, on mesure l’énormité du résultat final, telle qu’elle est prescrite par les lois de zonage. |
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12. Every year brings more cars and more car parks, on a scale that is no longer human. Each vehicle requires the equivalent of seven spaces to be able to park and manoeuvre —at home, at the mall and at work. With zoning regulations that require shopping centres to provide 1,600 square feet of parking space for 1,000 square feet of sales area, the end result is clear. |
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13. Le coût est phénoménal, qu’il s’agisse du budget familial moyen (dont un cinquième est consacré à l’automobile) ou des budgets publics, fédéral et local, pour construire et entretenir des routes qui coûtent de plus en plus cher (20 millions de dollars le kilomètre en moyenne) et qui, au lieu de réduire l’engorgement du trafic, ne font que le développer : car plus de routes, au bout du compte, signifie toujours plus de voitures. Au total, la moitié de la surface des villes américaines est occupée par des routes, des garages et des parkings (65 % à Los Angeles), et l’espace consacré à la voiture est plus grand que celui pris par les habitations. |
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13. The cost is stupendous. The average family devotes a fifth of total spending to cars. Local and federal authorities must build and maintain roads that cost more and more ($32m a mile on average) and, far from reducing congestion, make it worse. More roads generate more traffic. In all, half the total area of US towns is occupied by roads, garages and car parks (and 65% of Los Angeles) and cars take up more space than dwellings. |
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14. A la clé de tout cela, le prix de l’essence, qui est trois fois moins cher qu’en Europe. Pourquoi économiser ? Vingt-cinq ans après le premier embargo imposé par les pays de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), qui avait déclenché une période d’économies d’énergie qui dura dix ans, l’heure est à l’insouciance. Les achats de voitures de sport et de véhicules tout terrain se multiplient et la consommation d’essence au kilomètre ne cesse d’augmenter. De façon générale, la consommation d’énergie est la plus élevée du monde (350 millions d’unités thermales par personne, contre 150 à 180 pour le Japon et l’Europe). La moitié de cette consommation dépend actuellement des importations de pétrole —un record—, et les appels des présidents Nixon, puis Carter, à ne plus dépendre de sources d’énergie étrangères sont bien oubliés. |
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14. This is possible because petrol is three times cheaper than in Europe. So why should anyone go without ? Twenty-five years after the first Opec embargo, which triggered a 10-year drive to reduce energy consumption, consumers no longer care. Purchases of sports cars and recreational vehicles are increasing and mileage per gallon is steadily dropping. Overall energy consumption is the highest in the world (350m BTU per person, compared with 150 to 180 for Japan and Europe). Half of this amount now depends on oil imports, which is a record ; and warnings by Nixon and Carter not to depend on foreign energy sources went unheeded. |
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15. Au fond, la politique étrangère des États-Unis au Proche-Orient et autour de la mer Caspienne viserait-elle à maintenir un certain style de vie identifié à la banlieue et à la voiture ? Toujours le rêve américain, dira-t-on. Mais les dérives sont évidentes : on construit de plus en plus grand dans ces banlieues de plus en plus lointaines. Alors que la taille de la famille moyenne s’est réduite d’un sixième, celle des nouvelles habitations s’est agrandie d’un tiers, tandis que le nombre des équipements ménagers et de bureau augmentait également. |
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15. United States’ foreign policy on the Middle East and the area round the Caspian Sea can be seen as primarily designed to maintain a life style associated with the suburbs and car transport, now synonymous with the American dream. But have things got out of hand ? People are building bigger and bigger houses further and further out from the city centres. The size of the average family has declined by a sixth but new houses are a third larger. |
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16. L’accumulation des biens de consommation se conjugue désormais avec une idéologie du gigantisme, tandis qu’on appelle liberté la dépendance totale à la voiture. "Nous n’allons pas abaisser tout simplement notre niveau de vie", a dit M. Chuck Hagel, sénateur républicain du Nebraska, en rentrant de la conférence de Kyoto, où les États-Unis n’ont guère montré d’enthousiasme pour réduire la pollution. "Les économies d’énergie, pour un tiers des Américains, sont synonymes de privations, d’inconfort et d’interdictions ", explique un défenseur de l’environnement. "Si nous augmentons le coût de l’énergie, nous allons forcer les gens à prendre les autobus ", s’insurge un homme d’affaires, comme si on lui parlait de s’éclairer à la bougie... |
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16. The accumulation of consumer goods goes hand in hand with an ideology that puts the emphasis on size and calls dependence on cars "freedom". "The answer is not just to say we’re going to lower everybody’s standard of living," said Chuck Hagel, the senator for Nebraska on his return from the Kyoto Conference, where the US was far from enthusiastic about cutting pollution. "Conservation to a third of Americans ... means privation, discomfort and curtailment," explained an environmental activist. "If we raise the price of energy we will push some people back onto the buses," protested a business man, as if he had been asked to go back to using candlelight. |
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17. Pourquoi les transports en commun ont-ils si mauvaise presse aux États-Unis ? Dans les années 30 et 40, un consortium composé de la General Motors, la Standard Oil, la compagnie Firestone et une entreprise de camions a réussi à remplacer par des autobus les tramways et les trolleybus de quarante-cinq villes, de Baltimore à Los Angeles, de Philadelphie à Salt Lake City. Les transports en commun, argumente-t-on alors, deviendraient plus coûteux ; le nombre de lignes se réduirait ; la propagande contre la corruption des gouvernements locaux d’une part, des compagnies ferroviaires d’autre part, les éclabousserait. |
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17. But why does public transport get such bad press in the US ? In 1930-40 a consortium consisting of General Motors, Standard Oil, Firestone and a truck manufacturer succeeded in replacing the trams and trolley buses in 45 cities — from Baltimore to Los Angeles, Philadelphia to Salt Lake City. At the time they claimed that the cost of public transport would increase and the number of lines decline. Propaganda about the corruption in local government and railway companies further blackened the picture. |
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18. Surtout, on joue facilement sur la résistance traditionnelle des Américains à subventionner par leurs impôts les services publics ; ces derniers sont présentés comme une oligarchie, alors que la voiture représenterait la liberté individuelle et la démocratie (un homme = un vote = une voiture ?). |
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18. Above all it is easy to play on traditional US reluctance to use taxes to support public services. Taxes are presented as a form of oligarchy whereas cars stand for individual liberty and democracy —one man, one vote, one automobile. |
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19. Beau tour de passe-passe où n’étaient pas mentionnés la kyrielle de subventions directes ou indirectes à l’automobile, à travers la construction des routes nationales puis des autoroutes à partir des fonds fédéraux, mais aussi le maintien de prix artificiellement bas pour l’essence. |
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19. Of course they make no mention of the numerous direct or indirect subsidies to cars, in the form of federal funds to pay for building highways, not to mention artificially low petrol prices. |
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20. Les États-Unis sont loin d’être entièrement bitumés et bétonnés, et le charme de leurs petites villes, où réside la majorité de la population, reste vivace. Mais elles aussi se trouvent à la merci de lotissements anarchiques et de la percée d’autoroutes. Le pouvoir des promoteurs et celui des géants de l’automobile pèsent lourd. A preuve les difficultés de la ville de San Jose pour instaurer une "limite au développement urbain" (Urban Growth Boundary) de façon à empêcher les promoteurs de monter plus haut encore à l’assaut des collines. |
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20. The US is far from being completely covered in asphalt and concrete, and the little towns, where the majority of the population live, are still attractive. But they are at the mercy of uncontrolled property development and new motorways. The difficulties San Jose city council has had in its attempt to introduce an urban growth boundary and prevent housing from spreading any further up the surrounding hills are some indication of the power and influence of the developers and automobile giants. |
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