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1. LE MONDE DIPLOMATIQUE - septembre 2003 - Pages 18 et 19 |
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1. Le Monde diplomatique - September 2003 |
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2. Chili, 11 septembre 1973 |
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2. CHILE THIRTY YEARS AFTER THE DEATH OF ALLENDE |
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3. L’Unité populaire par ceux qui l’ont faite |
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3. Voices from a revolution |
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4. Longtemps occultée par la dictature, l’oeuvre de l’Unité populaire reste largement méconnue au Chili même. Ceux qui en furent les acteurs se battent pour raviver sa mémoire. « Connaître l’expérience de notre défaite est nécessaire pour affronter l’avenir ». |
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4. Popular Unity is misremembered in Chile, when it is recalled at all. Those who took part in the movement are trying to change that, since Chileans ‘need to understand the experience of defeat in order to face the future’. |
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5. Par Frank Gaudichaud , historien, membre de l’équipe de rédaction de la revue Dissidences. |
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5. By FRANCK GAUDICHAUD, historian and member of the editorial team of Dissidences magazine (Translated by Gulliver Cragg) |
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6. C’est presque étrange de parler de tout cela aujourd’hui, cela m’apparaît parfois comme s’il s’agissait d’un rêve... » En 1972-1973, M. Mario Olivares était jeune ouvrier métallurgiste et délégué du cordon industriel Vicuña Mackenna. Il a effectivement vécu un rêve, un rêve éveillé, partagé par des milliers d’hommes et de femmes, salariés et militants de la gauche chilienne. |
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6. MARIO Olivares says that “it’s strange to talk about all that now - it sometimes seems as though it was all a dream”. He was a young metalworker and union delegate on the Vicuña Mackenna industrial belt in 1972-73, and he did live through a waking dream, one that was shared by thousands of men and women, workers and activists of the Chilean left. |
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7. A cette époque, M. Hernan Ortega, président de la Coordination des cordons industriels de Santiago - nouvelles organisations de base surgies en réaction à la grande grève patronale d’octobre 1972 -, milite au Parti socialiste. « Pour moi, dit-il, comme pour tous les Chiliens, l’Unité populaire signifiait l’aspiration à une société distincte, plus démocratique, plus égalitaire, permettant aux travailleurs d’atteindre un développement plein et entier, pas seulement du point de vue économique, mais aussi de celui de l’épanouissement intégral de l’être humain. » |
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7. Hernan Ortega was then chairman of the united cordones industriales (elected workers’ committees) of Santiago, grassroots organisations which sprang up as a reaction to the great white-collar strike of October 1972, and he was a Socialist party activist. He says : “For me as for all Chileans, Popular Unity meant hoping for a different society, more democratic and egalitarian, which would allow workers to develop fully, to blossom, not just on a financial level but on a human one.” |
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8. Le président Salvador Allende a été porté au pouvoir par une coalition. La « voie chilienne au socialisme », renforcée par la dynamique du combat des ouvriers, des paysans, des pobladores, n’est, bien sûr, pas exempte de contradictions. Ainsi, ce mouvement bouscule la direction de la Centrale unique des travailleurs (CUT), dominée par le Parti communiste, premier parti ouvrier du pays et force qui représente au sein du gouvernement l’aile la plus modérée. La centrale s’affirme comme la courroie de transmission de l’exécutif en prenant en charge le « système de participation des travailleurs » au sein des entreprises nationalisées, l’« Aire sociale de production ». |
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8. President Salvador Allende came to power as head of a coalition. Of course, the “Chilean way to socialism”, backed by the struggles of workers, peasants and pobladores, had its contradictions. The grassroots movements swept away the leadership of the Central Workers Union of Chile (Central Unica de Trabajadores de Chile, CUT), which had been dominated by the Communist party - the largest workers’ party in the country and most moderate force in the government. The CUT drove the new leaders’ plans forward, taking control of the system of worker participation in nationalised companies, thought of as the social arena of production. |
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9. Cependant, la grande majorité des salariés se trouve hors cette influence directe, car sans droit de se syndiquer et surtout sans perspective d’intégration au système de participation allendiste. Refusant la passivité, prise à la gorge par le développement du marché noir et les boycotts patronaux, la fraction la plus radicalisée du mouvement ouvrier s’organise de manière indépendante du gouvernement. Cette dynamique se traduit par le nombre croissant d’entreprises occupées en vue de leur nationalisation, l’augmentation du nombre de grèves et, à la campagne, par l’étendue des domaines expropriés, bien au-delà des réformes annoncées par Allende. |
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9. Yet most workers had no access to this system of direct influence. They had no rights to unionise and, above all, they had no hopes of entering the Allendist system of worker participation. Hit hard by the development of the black market and by white-collar boycotts, the more radical sections of the workers’ movement refused to remain passive and acted independently of the government. This led to a massive expansion in the number of companies being taken over by workers demanding their nationalisation, an increased number of strikes and, in the countryside, the expropriation of much more land, far beyond the reforms announced by Allende. |
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10. La consigne « créer, créer, pouvoir populaire » est agitée dans les entreprises par les militants de la gauche du Parti socialiste, du Mouvement d’action populaire unitaire (MAPU) et de la Gauche chrétienne. |
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10. The chant “Crear, crear, poder popular” (create popular power) was spread across com panies by leftwing activists in the Socialist party, by the Movement of Popular Unitary Action (Movimiento de Acción Popular Unitaria) and by the Christian Left party. |
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11. Outre ces partis, qui appartiennent à la coalition gouvernementale, le Mouvement de la gauche révolutionnaire (MIR) se veut également un champion du « pouvoir populaire ». « Il s’agissait d’une période très riche, durant laquelle beaucoup de ceux qui sympathisaient avec l’Unité populaire se sont rebellés contre elle et se sont incorporés à l’organisation des cordons industriels, rappelle M. José Moya, qui était membre du MIR et ouvrier d’une industrie électronique de presque 1 000 salariés . Je me rappelle avoir été dans des assemblées où des représentants de la CUT venaient discuter avec les cordons et repartaient “la queue entre les jambes” ! » Pourtant, l’impulsion du « pouvoir populaire » ne naît à aucun moment contre le gouvernement, qui reste le « gouvernement du peuple » aux yeux de la majorité du mouvement ouvrier. |
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11. Besides these parties, all members of the government coalition, the Movement of the Revolutionary Left (Movimiento de la Izquierda Revolucionaria, MIR) formed another would-be champion of popular power. “It was a very heady period, which saw many of those who had supported Popular Unity rebelling against it and joining the cordones”, remembers Jose Moya, a member of the MIR who worked for an electronics company with 1,000 employees. “I remember being at meetings where representatives of the CUT would come to talk with the cordones and leave with their tail between their legs.” Nevertheless enthusiasm for popular power never went so far as to go against the government, which most of the workers’ movement saw as a government of the people. |
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12. M. Luis Ahumada, alors étudiant, milite activement au sein des industries de Santiago : « Le plus important de ce que nous avons impulsé à travers les cordons a été la solidarité, de mur à mur, d’usine à usine. Cette solidarité, “innée” chez les ouvriers, nous avons contribué à ce qu’elle se manifeste en termes concrets : une usine se solidarisait avec les luttes d’une usine voisine. Et comme les cordons ont réussi à obtenir une expression populaire assez large, ils sont devenus par la suite une référence parmi la population du secteur, de telle manière que quand il y avait une entreprise en conflit elle recevait aussi la solidarité des organisations sociales des alentours. » |
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12. Luis Ahumada, then a student, was an activist among the factory workers of Santiago, and explains : “The most important achievement of the cordones was solidarity, from wall to wall, factory to factory. This solidarity was instinctive for the workers, but we helped to make it more concrete : one factory would make common cause with the struggles of another factory. Since the popularity of the cordones was far-reaching, they became a reference point among the people of each area. So when one company was in conflict, it had the support of all the neighbouring social organisations.” |
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13. Malgré la grève des syndicats de camionneurs et des transports publics, dominés par l’opposition, ces salariés parviennent à faire fonctionner les usines sous leur contrôle. « Nous sortions exproprier les bus avec des armes de poing, des pistolets, se souvient M. Mario Olivares, militant ouvrier du MIR, et nous les amenions à l’intérieur des usines entre les mains des travailleurs. Ainsi, nous garantissions que la production ne s’arrête pas. Nous allions aussi chercher les travailleurs et les transportions. » Il ajoute avec la même fougue que celle dont il faisait preuve hier, lors des assemblées d’usine : « Nous, on commençait à parler d’un pouvoir réel des travailleurs (...). Peut-être que nous n’avions pas toute la clarté idéologique, mais nous exigions une plus grande participation dans tous les domaines, et pas seulement dans la production ! » |
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13. Despite strikes by the truck-drivers’and public transport unions, dominated by the opposition, workers were successful in keeping the factories under their control going. “We’d go out with guns and requisition buses,” recalls Mario Olivares, factory worker and MIR activist ; “then we’d bring them into the factories, to the hands of the workers. That way we made sure that production didn’t stop. We also used to fetch workers and transport them.” With the verve he must have shown at the factory meetings, he adds : “We were beginning to talk about real workers’ power. Perhaps we weren’t all that clear or coherent ideologically, but we demanded greater participation in every area, not just in production”. |
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14. Pour M. Neftali Zuniga, vieil ouvrier textile, ex-dirigeant syndical de la grande entreprise Pollack et militant communiste toujours actif, le souvenir le plus fort demeure avant tout celui du défi de « la bataille de la production » au sein de l’Aire de propriété sociale, le secteur nationalisé. L’objectif était de défendre le pays contre le boycott et le rationnement. |
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14. For Neftali Zuniga, who used to be union leader at the textile giant Pollack and remains an active communist campaigner, the most vivid memory is that of the battle for production within the nationalised sector, to defend the country against boycotts and rationing. |
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15. Il évoque, avec orgueil, les travaux volontaires qui mobilisaient des milliers de personnes : « Que faisions-nous, nous, les travailleurs conscients ? Tous les dimanches, nous allions (...) dans les grandes plantations couper du maïs pour pouvoir alimenter de plus grandes quantités de volailles. Et c’est cela, la conscience politique qu’il nous aurait fallu créer au sein de la grande population travailleuse de ce pays. » |
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15. He remembers with pride how thousands of people came forward to do voluntary work : “We conscientious workers went to the big plantations to cut the corn every Sunday, so that we could feed more chickens and other birds. That’s the kind of political conscience we needed to sow among the working population of this country.” |
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16. Quand, après octobre 1972, Allende parvient à reprendre le contrôle de la situation via la création d’un cabinet civilo-militaire, la créativité populaire connaît un regain d’activité. Le rôle de résistance des cordons industriels est, de nouveau, fondamental. L’idée naît aussi de créer une liaison des secteurs populaires au sein de « commandos communaux ». Ces derniers n’ont pas eu le temps de se développer amplement, même si des coordinations ont effectivement vu le jour comme, par exemple, entre le cordon industriel Vicuña Mackenna et le commando communal de Barrancas, formé autour du campement Nueva La Habana. |
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16. When, after October 1972, Allende managed to regain control of the situation by appointing a semi-military cabinet, the people’s creativity was revived. Resistance from cordones industriales was pivotal. There also emerged the idea of linking different areas through communal commandos. Though these never had the time to develop fully, some structures were created, including the Vicuña Mackenna cordon and the Barrancas communal commando, formed around the Nueva La Habana encampment, a real self-run village within Santiago. |
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17. Alors ouvrier de la construction, M. Abraham Pérez a été l’un des dirigeants de ce campement, véritable village autogéré, à Santiago. « Chaque pâté de maison élisait librement et démocratiquement un délégué », lesquels décidaient depuis l’administration du ravitaillement jusqu’à la sécurité du quartier, à travers des milices populaires, ou encore l’appui aux usines occupées du cordon voisin. Abraham vit encore dans un quartier pauvre, issu d’une occupation de terrain. Pourtant la situation a changé et il se remémore avec nostalgie ces temps bénis : « Il y avait beaucoup de participation et tout cela en accord avec les habitants du quartier. A cette époque, on ne connaissait pas la délinquance. Nous nous protégions dans le campement ; si un voisin sortait, il laissait la porte ouverte... » |
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17. Abraham Perez, then a construction worker, was a leader of this encampment : “Every block would elect a representative, freely and democratically. The representatives would then take decisions covering everything from supplies to security for the area, carried out through the popular militia or with the help of the neighbouring cordon.” Abraham still lives in a poor area that was created by an “occupation”. But things have changed. He thinks of that happy time with nostalgia : “There was a lot of participation, and the residents all took part. There was no crime in those days. We protected each other in the encampment : you left your door open when you went out.” |
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18. Quand on discute de cette période avec M. Edmundo Jiles, syndicaliste du cordon Cerrillos, il est gagné par une forte émotion et respire profondément : « La majorité d’entre nous était jeune, mais les plus anciens savaient livrer leur expérience, leur sagesse afin, de temps en temps, de faire baisser le niveau d’adrénaline et de modérer un peu les actions. Mais ils nous appuyaient avec beaucoup d’enthousiasme. C’est pour cela qu’on a pu faire tout ça. » |
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18. When Edmundo Jiles, who was a unionist in the Cerrillos cordon, talks about that time, he is overcome by emotion : “Most of us were young, but the older ones know how to transmit their experience, their wisdom.They would lower the adrenaline levels and moderate our actions. But they supported us with great enthusiasm. That’s how we were able to do all those things.” |
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19. Alors que depuis les derniers mois de 1971 le président Richard Nixon a donné ordre à la CIA de « faire crier » l’économie chilienne, un état-major de la sédition regroupant l’organisation fasciste Patrie et liberté, le Parti national et les officiers putschistes s’est constitué à Antofagasta. L’ambassadeur américain à Santiago, M. Harry Schlaudeman, qui a participé à l’invasion de la République dominicaine en 1965, coordonne les militaires chiliens et la CIA. Jusqu’au fatidique 11 septembre... |
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19. When, in late 1971, the United States president, Richard Nixon, ordered the CIA to “make the Chilean economy scream”, a movement of sedition set up its headquarters at Antofagasta, attracting the fascist organisation, Fatherland and Freedom (Patria y Libertad), together with the National party and a group of officers intent on a putsch. Harry Shlaudeman, who worked at the US embassy in Santiago and took part in the invasion of the Dominican Republic in 1965, was co-ordinator between the Chilean military and the CIA. The tension mounted until 11 September 1973. |
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20. « Les ouvriers me réclamaient des armes », se souvient l’ex-ministre du travail communiste Mireya Baltra, qui se rendit le jour du coup d’Etat dans le cordon Vicuña Mackenna. |
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20. “The workers were asking me for weapons,” says Mireya Baltra, a communist and labour minister at the time. She went to the Vicuña Mackenna cordon on the day of the coup. |
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21. En écho, M. José Moya raconte comment il attendait, dans son usine : « Nous avons passé toute la nuit du 11 septembre 1973 dans l’attente d’armes qui ne sont jamais arrivées. Nous entendions des coups de feu du côté du cordon San Joaquín ; là ils avaient de l’armement - au moins ceux de l’entreprise textile Sumar. Notre rêve était qu’à tout moment pouvait arriver de l’armement et que nous allions faire de même. Mais il ne s’est rien passé. » |
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21. Jose Moya says : “We spent the whole night of 11 September waiting for weapons that never came. We could hear gunshots next to the San Joaquín cordon. Over there, they were armed - those from the Sumar textile factory anyway. Our dream was that weapons would arrive soon and we would do the same. But nothing happened.” |
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22. Contrairement à la propagande du général Augusto Pinochet, aucune armée des « cordons de la mort » n’a jamais existé. En fait, mis à part quelques actes de résistance isolés, le « pouvoir populaire » a plié rapidement sous le talon de fer de la répression. |
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22. Though General Augusto Pinochet’s propaganda machine claimed otherwise, there was never an army of cordones of death. Except for a few pockets of resistance, popular power could do little against repression. |
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23. « Le jour du coup d’Etat, il y avait des morts dans la rue, ils les apportaient même d’autres endroits et ils les jetaient ici, raconte M. Carlos Mujica, salarié de l’usine métallurgique Alusa . Et on ne pouvait rien faire ! Je crois que le plus dur fut la période 1973-1974. Par la suite, en 1975, les services secrets sont venus me chercher à Alusa. Ils m’ont détenu et m’ont emmené à la fameuse Villa Grimaldi : là, ils passaient les gens à la “parilla”, c’est-à-dire sur un sommier en fer où ils appliquaient le courant électrique sur les jambes... » |
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23. “On the day of the coup, there were dead bodies in the street. They were bringing them here from other places”, says Carlos Mujica, who was an employee of the Alusa metalworks. “There was nothing you could do. I think that the toughest time was 1973-74. In 1975 the secret services came to get me at Alusa. They held me in custody and took me to the notorious Villa Grimaldi. That’s where they put people on the parilla - a metal bed where they give you electric shocks through your legs. They knew I was the delegate for my sector.” |
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24. Ces récits d’une époque marquée par l’espoir d’un monde meilleur font partie de la « bataille de la mémoire » qui se déroule actuellement au Chili. Produit de la violente amnésie à laquelle le peuple a été soumis par la junte militaire (1973-1990), cette histoire reste largement méconnue. Une mémoire collective déchirée n’a pu se recomposer sous les gouvernements de la Concertation démocratique, dont la politique économique et institutionnelle est en continuité, sous plusieurs aspects, avec le régime du général Pinochet. Dans ces conditions, les souvenirs continuent à vivre, mais de manière fragmentée, atomisée. Il s’agit d’une histoire portée par ceux qui l’ont vécue, tout du moins ceux qui ont la chance d’être encore vie. |
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24. These accounts of an era defined by hopes of a better world are part of the contemporary battle, this time for memory, being fought in Chile. Thanks to the violent amnesia inflicted on the Chileans by the military junta, in power from 1973 to 1990, it is a story that remains mostly untold. It has not been easy, under the Concertación Democratica coalition, to piece back together the scraps of Chile’s collective memory. Many aspects of the economic and institutional policies of the post-Pinochet governments are effectively a continuation of the dictator’s regime. Memories survive, but in fragments. This is a story known chiefly to those who lived through it and are lucky enough to be alive. |
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25. « Le passé est toujours important, conclut pourtant M. Luis Pelliza, militant syndical toujours actif, après dix-sept ans de dictature et plus de vingt années de néolibéralisme. Il fait partie d’une histoire que nous avons vécue.Connaître l’expérience de notre défaite est nécessaire afin de comprendre comment nous allons pouvoir affronter le futur ». |
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25. “The past is always important,” says Luis Pelliza, a worker still active in the unionist movement after 17 years of dictatorship and more than 20 years of neoliberalism. “It’s a part of history we’ve lived through. We need to understand the experience of our defeat so we know how to face the future.” |
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