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Coetzee face aux barbares


South Africa’s voice of freedom

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LE MONDE DIPLOMATIQUE - novembre 2003 - Page 33

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Le Monde diplomatique - November 2003

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Un Prix Nobel entre deux mondes

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‘I MERELY WRITE DOWN THE WORDS AND TEST THEM’

3.

Coetzee face aux barbares

3.

South Africa’s voice of freedom

4.

C’est le 10 décembre que John Maxwell Coetzee recevra son Prix Nobel de littérature - le second pour l’Afrique du Sud, après Nadine Gordimer en 1991. Celui que couronne ainsi l’Académie suédoise est un voyageur entre deux mondes : l’Afrique, où il a grandi, et l’Europe. Deux réalités aux relations contradictoires, dans l’affrontement desquelles il est difficile de distinguer la surface du fond. Dans son dernier livre, Coetzee définit l’écrivain comme le « secrétaire de l’invisible »

4.

JM Coetzee, the South African novelist who defines himself as a ‘secretary of the invisible’, receives the Nobel prize for literature next month.

5.

Par Marie Luise Knott , journaliste, Berlin.

5.

By MARIE LUISE KNOTT, journalist in Berlin (Translated by Jeremiah Cullinane)

6.

A la question de son éditeur : « Fiction ou mémoire ? » , J. M. Coetzee répondit : « Dois-je choisir entre l’une et l’autre ? » Même ses textes autobiographiques, Boyhood (1) (1997) et Youth (2002), ne se présentent pas comme des souvenirs racontés au passé : il s’agit non d’événements réels ordonnés selon leur date, mais de descriptions au présent de situations séparées les unes des autres par des numéros. Et il rejette non seulement toute lecture privée de ses oeuvres, mais également toute lecture directement politique.

6.

JOHN Maxwell Coetzee was asked by his publisher : “Is this fiction or memory ?” and he answered : “Do I have to choose ?” Coetzee, now Nobel Literature Prize laureate and twice Booker Prize winner, denies any private or directly political reading of his work. Even his autobiographical works Boyhood (1) and Youth (2) do not have memories written in the past tense. They are descriptions of situations, told in the present tense and separated by numbers, rather than chronological sequences of actual events.

7.

Fils de Boer, Coetzee naît en 1940 au Cap et reçoit une éducation à la britannique. A vingt et un ans, il part à Londres, où il travaille comme programmeur informatique. En 1965, il se rend aux Etats-Unis, soutient une thèse sur la prose de Beckett et écrit ses premiers récits. La guerre du Vietnam réveille en lui des souvenirs de son pays. Arrêté lors d’une manifestation à Buffalo (New York) en 1973, il décide de retourner en Afrique du Sud.

7.

Coetzee was born of Boer parents in 1940 in Cape Town and had a British-oriented upbringing. He went to London at 21, where he worked for a while as a computer programmer. In 1965 he left for the United States, did his doctorate at the University of Texas in Austin on Samuel Beckett’s prose and wrote his first stories. The Vietnam war reminded him of stories from South Africa and after he was arrested at a demonstration in Buffalo, New York, in 1973, where he was teaching literature at the State University of New York, he resolved to return home.

8.

Bien que la gauche l’attire, les masses de manifestants le paniquent. De retour au Cap, où il devient professeur de littérature, il publie Dusklands (Pays dans le brouillard , 1974), collage de deux récits implacables : d’une part, le rapport fictif d’un Américain spécialiste de la conduite de la guerre psychologique au Vietnam ; de l’autre, le rapport fictif de Jakobus Coetzee, un ancêtre boer du XVIIIe siècle qui, pendant la colonisation, a participé à l’extermination d’une tribu hottentote.

8.

Back in Cape Town he was drawn to the political left, but the singing and slogans of the masses made him panic. He became a professor of literature and wrote Dusklands (3), a collage of two uncompromising fictions, the first an account of a US psychological warfare specialist in Vietnam ; the second about Jakobus Coetzee, his Boer ancestor in the 18th century who helped annihilate a Hottentot tribe during colonisation.

9.

Son premier roman, In the Heart of the Country (2), paraît en 1977, dans les tourments de la guerre civile. Coetzee s’y concentre sur une question : comment le racisme saccage les sentiments et les relations humaines. Magda, la fille d’un Blanc, éleveur de moutons, monologue en 266 interventions sur sa vie. Le système de l’apartheid est sa prison : dans l’« univers insensible » du petit monde domestique, un filet d’oppression, de suspicion et de surveillance, son père amène une maîtresse (noire), qui est également la femme d’un travailleur. Et cela brise la paix féodale. Magda a-t-elle vraiment été violée par un serviteur noir et a-t-elle réellement tué son père ? Ou n’est-ce que débordement de son imagination ? Cela n’est pas clair - tout comme, dans le Comment c’est de Beckett, la seule certitude à laquelle le lecteur s’accroche, c’est l’incertitude.

9.

During the turmoil of the 1977 civil war he published his first novel In the Heart of the Country (4), which contained no concrete political criticism. He was far more concerned with the way racism destroys human relationships and feelings. All of his characters embody violent conflict : Magda, a white farmer’s daughter, reflects on her life and how the apartheid system has become her prison. Her father introduces a black lover - his foreman’s daughter - into this hostile universe of domestic life, a web of oppression, suspicion and surveillance. The feudal peace falls apart. It is unclear whether Magda is really raped by a black servant and kills her father or whether this is a fantasy, as in Beckett’s How It Is (5), in which the only certainty is uncertainty.

10.

Dans ses paraboles, les notes de Coetzee tournent sans cesse autour des thèmes de l’injustice de l’oppression coloniale, de la nostalgie de l’enracinement dans les traditions ( « Où est donc passée toute cette formation humaniste ? » ) et de la compromission personnelle qui ne laisse aucune échappatoire. « Le monde est rempli de gens qui veulent se construire une vie à eux, mais, en dehors du désert, bien peu jouissent d’une telle liberté. »

10.

Coetzee’s imagery is obsessed with the injustice of colonial oppression, the desire for rootedness and tradition (“What has happened to human learning ?”), and personal entanglement from which there is no escape. “The world is full of people who want to make their own lives, but to few outside the desert is such freedom granted.”

11.

On reconnaît les caractéristiques de la prose de Coetzee dès le monologue frénétique de la fille du fermier, où transparaissent à la fois les désirs de vie et de mort : le combat qu’il faut mener pour atteindre l’idéal flaubertien du « mot juste » (on sait que Flaubert prenait parfois toute une journée pour fignoler une phrase), lié à un travail minutieux sur la langue afin de ralentir l’oeil du lecteur et son oreille interne - l’oeil et l’oreille de l’esprit, donc -, de telle sorte qu’ils soient prêts à s’ouvrir à l’image voulue par l’auteur.

11.

The essence of Coetzee’s prose is recognisable in Magda’s raging monologue, alternating lust for life with death wishes, and in his striving for the mot juste (also dear to Flaubert, who could tinker with a sentence for days on end), together with a meticulous working of the language intended to slow the mind’s eye and inner ear and prepare them to accept the imagery.

12.

Dans ses oeuvres récentes, ce ralentissement est encore plus accentué. Sa prose traite de manière répétitive les mêmes thèmes : désir, amour, plaisir, douleur, culpabilité, compromission, dignité, liberté, scrupules - mais aussi le droit, le droit à la liberté et au désir. Inlassablement, à travers des variations toujours renouvelées, Coetzee décortique ces concepts dans toute leur portée, poussant ainsi le lecteur à les questionner toujours plus.

12.

In later work this slowing process is more noticeable. The prose returns to the same themes : desire, love, lust, pleasure, pain, guilt, entanglement, dignity, freedom and decency. The right to freedom and to desire are important. Variations on these are played out and analysed in all their dimensions, urging the reader to question them deeply.

13.

Waiting for the Barbarians (3) consacra sa percée internationale. Dans la ville-frontière d’un empire colonial fictif, un juge, mandaté par un pouvoir colonial lointain, veille à l’application du droit, à la sauvegarde de la décence et de la dignité. Précaire, la paix avec les nomades voisins (mensongère, car elle est fondée sur la violence coloniale) s’effondre lorsqu’une soldatesque envoyée par la capitale provoque une guerre raciale contre les nomades, désormais proscrits et désignés comme des « barbares » . Personne ne sait pourquoi ces derniers seraient soudain une menace, mais la propagande et la terreur plongent les habitants dans la peur et l’effroi et les transforment en complices des soldats.

13.

Coetzee’s international breakthrough came in 1980 with his parable Waiting for the Barbarians (6). In the border town of a fictional empire, a magistrate is ordered by a distant colonial power to watch over justice and defend decency and dignity. But the fragile peace with neighbouring nomads (in reality, a lie based on colonial violence) suddenly falls apart when a band of irregulars arrives from the capital and provokes a race war with the nomads, condemned as barbarians. No one knows why the nomads are suddenly a threat, but terror and propaganda make the inhabitants fearful and push them towards collaboration.

14.

Minutieusement décrites, les tortures infligées à quatre prisonniers excitent manifestement les spectateurs au point qu’ils finissent par jouer eux-mêmes les bourreaux.

14.

The story culminates with a meticulous description of the torture of four prisoners, a spectacle that excites the onlookers so much that they participate as torturers when offered the whip by soldiers.

15.

Seul le juge s’insurge, mais son objection - ces ennemis sont malgré tout des êtres humains - le rend, dans cette atmosphère de lynchage, presque ridicule. Il ne perd pas seulement sa charge de magistrat ; il se retrouve nu, enfermé dans une cave et réduit aux besoins animaux élémentaires, dans l’attente d’une chimère : un procès équitable au cours duquel il pourrait se défendre ainsi que ses principes. Lorsque le livre paraît en 1980, d’aucuns doivent penser au sort du militant noir Steve Biko, mort en 1977 dans la cellule d’une prison sud-africaine, des suites des tortures subies parce qu’il persistait à affirmer que les Noirs comme les Blancs font partie du même genre humain.

15.

Only the magistrate resists, citing the humanity of the “enemies” ; but in the frenzied atmosphere he seems almost ridiculous. He loses his position and is imprisoned, naked, in a cellar, reduced to animal functions - hunger, pain, bodily emissions - waiting for an illusion : a fair trial in which he can defend himself and his principles. When the book appeared in 1980, many readers must have thought of the fate of Steve Biko, the black civil rights campaigner who died as the result of his torture in a South African prison in 1977 ; he had peacefully insisted that blacks belonged to the same humanity as whites.

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Pourtant, les romans de Coetzee ne font pas appel à une conscience politique, ce ne sont pas des récits réalistes. Pour lui, la littérature n’est jamais synonyme d’une appartenance à un parti ni même l’illustration de convictions. C’est pourquoi En attendant les barbares se termine sans message. A un moment ou un autre, la soldatesque s’en va pour aller se battre ailleurs : l’endroit est dévasté et attend la vengeance des barbares. La question du juge au bourreau - « Comment vous est-il possible de manger après avoir traité des êtres humains de cette façon ? » - résonne inutilement. En ce lieu, ce que l’on considérait comme des sentiments humains a disparu.

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But Coetzee’s novels do not appeal to our political conscience and they are not realistic. He does not allow literature to affiliate itself to any party or illustrate his convictions. Waiting f or the Barbarians ends without a message. The soldiers move on to fight elsewhere ; the town is deserted and expects barbarian revenge. When the magistrate asks the torturers how they can eat after what they have done, the question has no effect. Normal human reactions have been forgotten.

17.

Comme le Hamlet de Shakespeare, les personnages sortent du monde qu’ils croyaient sûr : ainsi le héros de Life and Times of Michael K (4). Ouvrier spécialisé noir (bien que Coetzee ne décrive nulle part la couleur de peau de ses personnages) et affublé d’un bec-de-lièvre, il perd son emploi à l’office des jardins ; alors qu’il n’a rien fait d’illicite, la société le transforme en hors-la-loi, en « élément asocial ». Sa nostalgie de la plus élémentaire des libertés, celle de se déplacer, débouche sur la liberté de mourir, car, durant la guerre civile en Afrique du Sud et hormis les camps de rééducation, il n’y a pas de place pour cet homme deux fois stigmatisé. Pourtant, ce roman torturé, parmi les plus oppressants de Coetzee, raconte plus encore, dans un présent imaginaire, l’impossibilité de sortir des filets de la société. Même dans le terrier qu’il se construit et où il se cache, il ne trouve pas un semblant de paix. Inévitablement, on pense ici au récit de Kafka Der Bau (Le Terrier ). Et ses romans à venir - The Master of Petersburg (5) et Foe (6) - constituent, par leur titre même, une confrontation avec la littérature mondiale.

17.

Like Hamlet, Coetzee’s characters tumble out of the worlds that they have taken for granted. In Life and Times of Michael K (7), Michael K, a harelipped gardener (though Coetzee never describes his characters’ skin colour, the man is black), loses his job with the parks authority and, without having done anything wrong, is outlawed as an antisocial element. During South Africa’s civil war there is no place for this doubly disadvantaged man outside a re-education camp. His desire for the most basic freedom, that of movement, turns into a freedom to die. This most oppressive and tormented of Coetzee’s novels speaks, in an imagined present, about the impossibility of disengagement from society. Even in the small hole he digs to hide away in, Michael K cannot find silent peace. It makes us think of Franz Kafka’s The Burrow (8). In Coetzee’s later works, The Master of Petersburg (9) and Foe (10), the titles challenge world literature.

18.

L’apartheid, dans lequel J. M. Coetzee a grandi, représentait la tentative d’une minorité blanche pour modeler « un monde sain » (par des constructions de l’esprit, mais aussi par une application quotidienne, structurelle aussi bien que physique, de la violence). Des gens mouraient de faim, mais cela se passait loin, dans le bush, où personne ne voyait jamais les cadavres. Des chômeurs, des sans-abri, des mendiants étaient chassés des villes ou emprisonnés loin, dans des prisons ou des camps. Donner des nouvelles des opposants comme montrer des photographies de soulèvement tombait sous le coup de la répression.

18.

The apartheid in which Coetzee grew up was an attempt by a white minority to build an ideal, sanitised world through constructions of the mind and through daily application of violence, structural and physical. People starved far away in the bush where no one would see the bodies. The unemployed, the homeless, the beggars were chased out of the cities or locked away in prisons or camps. Any news from opponents or pictures of uprisings were suppressed.

19.

Cette réalité brutale a vite fait voler en éclats, chez beaucoup de contemporains, le discours humaniste qui leur avait été inculqué. Néanmoins, en tant que Blancs, ils n’avaient pas la possibilité de se placer de l’« autre » côté, celui des Noirs. « Quand un Blanc dit :"Oui, je suis pour la chute du système" , écrit Coetzee dans son essai White Writings (Essais blancs), en 1992, c’est pour le moins singulier. En d’autres termes : comment, dans une telle situation, peut-il être complètement sûr d’être sincère ? » De la même manière, En attendant les barbares ne fournit au lecteur aucun aperçu des motivations et de la conduite des barbares. Dans son magnifique roman Disgrace (7) - qui valut à Coetzee un second Booker Prize britannique et devint un best-seller -, Petrus, l’ancien boy qui veut devenir fermier, forme toujours, avec les siens, un monde à part, incompréhensible et menaçant.

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Those who grew up in this harsh reality must have lost, early and permanently, the humanist viewpoint. But the possibility of change to the other - black - side was not available to whites. In his 1992 essay White Writings (11), Coetzee wrote that when a white said he favoured the collapse of the system, how could he be completely sure of his own sincerity ? The reader of Waiting for the Barbarians is given no insight into the barbarians’ motivation or behaviour. In the superb novel Disgrace (12), which earned Coetzee his second Booker Prize in 1999, Petrus, a former servant boy who wants to become a farmer, remains with his people, in a world apart, incomprehensible and threatening.

20.

Ce roman se déroule dans la nouvelle Afrique du Sud dévastée par l’apartheid. Ici comme dans son récent roman - Elisabeth Costello, Eight Lessons (Elisabeth Costello, Huit leçons , 2003) -, les certitudes satisfaites du discours éclairé, guidé par la seule raison, sont poussées jusqu’à l’absurde. Là où il n’y a pas de narration unificatrice, les hommes se retrouvent tout simplement nus, sans défense - abandonnés aux pressions de leurs fantasmes intérieurs (culpabilité, peur, pitié) ou de la violénce extérieure (idéologie et terreur). Dans La Disgrâce , la fille du professeur, qui, par opposition à l’apartheid, s’était à l’origine retirée à la campagne afin de vivre en paix avec les Noirs, tombe dans un piège paralysant, totalitaire : elle se fait violer, mais, au lieu de s’enfuir ou bien de porter plainte, elle garde l’enfant, fait don à Petrus, l’auteur du viol, de ses parcelles de terrain et se marie avec lui - la culpabilité et la mauvaise conscience en font un objet docile du désir de Petrus.

20.

The story happens in the new South Africa that has been devastated by apartheid. Here, as well as in Coetzee’s most recent novel Elizabeth Costello : Eight Lessons (13), the complacent certainties of enlightened, reasoned discourse reach absurd levels. Where there is no narrative, people are defenceless at the mercy of their inner feelings (guilt, fear, pity) or external violence (ideology and terror). In Disgrace a professor’s daughter who moved to the countryside to live in peace with blacks in opposition to apartheid, is caught in a totalitarian trap. She is raped and, instead of fleeing or pressing charges, she has the child, signs her land over to her rapist, Petrus, and marries him. Through guilt and a bad conscience, she becomes a willing object of his desire.

21.

En Afrique du Sud, le roman a connu un immense succès, mais il fait aussi l’objet de vigoureuses critiques. Après sa parution, des membres du gouvernement du Congrès national africain (ANC) ont accusé Coetzee de racisme, considérant le fait que des Noirs y commettent des violences comme politiquement incorrect. On a même fait appel à la Commission sud-africaine des droits humains. Mais tout cela n’a nullement atteint la grandeur de l’art de Coetzee. Ce qui finit par troubler Elizabeth Costello, la fille du professeur de littérature, tout comme la fille du fermier, c’est la question de l’aptitude de l’être humain à se libérer, et donc, par son action, à éviter le malheur qui s’abat toujours automatiquement, et, du coup, paraît inévitable.

21.

Disgrace was a great success but controversial in South Africa. After it came out, Coetzee was charged with racism by members of the ruling African National Congress for having shown, in a politically incorrect manner, blacks committing violence. That does not diminish his art. Elizabeth Costello, the literature professor’s daughter in Disgrace and the farmer’s daughter in In the Heart of the Country, are troubled by humanity’s capacity for freeing itself, and in so doing, avoiding ever-present and inevitable harm.

22.

(1) Scènes de la vie d’un jeune garçon , Seuil, Paris, 2002. - (2) Au coeur de ce pays, éd. Maurice Nadeau, Paris, 1977. - (3) En attendant les barbares, ibidem , 1982. - (4) Michael K., sa vie, son temps, Seuil, 1985. - (5) Le Maître de Pétersboug, ibidem , 1995. - (6) Foe, ibidem , 1988. - (7) Disgrace, ibidem , 2001.

22.

(1) Boyhood : Scenes from Provincial Life, Penguin, 1997 ; Penguin Paperbacks, New York, 1998. - (2) Youth, Secker & Warburg, London, 2002 ; Penguin Paperbacks, New York, 2003. - (3) Dusklands, Vintage/Ebury, London, 1982 ; Viking Penguin Paperbacks, New York, 1985. - (4) In The Heart of the Country, Secker & Warburg, London, 1977 ; Viking Penguin Paperbacks, 1982. - (5) Samuel Beckett, Comment c’est, Les Editions de Minuit, Paris, 1961 ; How It Is, Grove Press, New York, 1988. - (6) Waiting for the Barbarians, Secker & Warburg, London, 1980 ; Viking Penguin Paperbacks, New York, 2003. - (7) Life and Times of Michael K, Viking Press, New York, 1984 ; Viking Penguin Paperbacks, New York, 2003. - (8) Franz Kafka, Der Bau, in Sämtliche Erzählungen, Fischer Taschenbücher, Frankfurt, 1972 ; The Burrow, in The Complete Stories, translated by Nahum Norbert Glatzer, Schocken Books, New York, 1995. - (9) The Master of Petersburg, Viking Press, New York, 1994 ; Penguin Paperbacks, New York, 1995. - (10) Foe, Secker & Warburg, London, 1986 ; reprinted by Penguin Paperbacks, New York, 1988. - (11) White Writing : On the Culture of Letters in South Africa, Yale University Press, New Haven/ London, reprinted 1990. - (12) Disgrace, Secker & Warburg, London, 1999 ; Viking Penguin Paperbacks, New York, 2000. - (13) Elizabeth Costello : Eight Lessons, Secker & Warburg, London, 2003 ; Viking Press, New York, 2003.

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