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En pays masaï, la lutte de l’écologiste et du berger


Clash of interests in Masai country

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1.

Le Kenya est parsemé de réserves et de parcs nationaux destinés à protéger la nature et les animaux sauvages. Dans la région de Mara, au sud du pays, les populations masaïs sont confrontées à un double défi : cohabiter avec la faune, garante du tourisme, et maîtriser les revenus tirés de la terre. Concilier la conservation de la biodiversité et le développement économique et social représente une équation souvent délicate à résoudre.

1.

Kenya is rich in nature reserves and national parks where wildlife is protected. In the Mara region in the south of the country, the Masai face a double challenge : they must share space with the wild animals that bring in the tourists and make a living from the land. It is hard to strike a balance between the rival claims of biodiversity and economic and social development.

2.

Tous les jours, en juin, des nuages gris et blancs s’intercalent dans le ciel bleu au-dessus de Narok, au sud-ouest du Kenya. Mais, tous les jours, ils ne sont que vaine promesse de pluie. "Depuis les trombes d’El Niño, en 1998, il n’a pratiquement pas plu dans la région, souligne anxieusement M. Ken Waiwana, petit artisan. Il y a quelques averses, c’est tout. Chacun souffre, ici, les êtres humains comme les bêtes." Le phénomène affecte l’ensemble du pays et, cette année, le retard des pluies a eu de graves conséquences pour la zone de Mara, dans le district de Narok. Dans cette zone, qui comprend la réserve nationale de Masaï Mara et les ranchs périphériques, les activités humaines doivent coexister avec une faune sauvage nombreuse. Et, lorsque la terre manque d’eau, les conflits se multiplient.

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Day after day, throughout June, grey and white clouds float across the blue sky above Narok in south-west Kenya. But, day after day, the rain they promise fails to materialise. "There’s been practically no rain in the region since the torrential downpours of El Niño in 1998", says an anxious tradesman, Ken Waiwana : "just a few showers. Everyone’s suffering, people and animals alike." The whole country is affected and, this year, the lack of rain has had serious implications for the Mara area, in the district of Narok. Here, in the Masai Mara national reserve and surrounding farms, the people have to live and work and share the land with all kinds of wildlife. And when water is short, conflicts arise.

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Chef-lieu du district, bourgade de terre battue, de parpaings et de tôle ondulée, Narok n’est située qu’à 145 kilomètres de Nairobi. Pourtant, c’est comme si la ville appartenait à un autre pays. En effet, jusqu’à une cinquantaine de kilomètres de la capitale, les cultures maraîchères prédominent dans un paysage occupé, ordonné. Puis, graduellement, la route s’élève et pénètre dans la vallée du Rift, gigantesque entaille de 6 000 kilomètres de long, jalonnée de lacs, qui court de la mer Rouge au Mozambique et qui traverse l’ouest du Kenya du nord au sud.

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The district capital, Narok, a small town of dirt tracks, breeze-blocks and corrugated iron, is only 145 kilometres from Nairobi, but it seems like another world. As you leave Nairobi, the landscape looks settled and ordered, full of market-gardens, for the first 50 kilometres or so. Then the road gradually rises and enters the mountainous region of the Rift Valley, the great lake-strewn cleft in the continent that extends for 6,000 kilometres from the Red Sea to Mozambique, cutting through Kenya from north to south.

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Alors, le paysage change encore : une savane herbeuse, arbustive ou arborée, dans laquelle se détache l’acacia épineux, s’étale à perte de vue. D’immenses espaces piquetés parfois de quelques points —vaches, moutons et chèvres qui disputent leur pitance aux gazelles de Thomson et aux zèbres. Enfin, près de Narok, apparaissent les premières cultures de blé et de maïs.

4.

Then the country changes again, this time to savanna, open grassland with scattered bushes or trees, mainly acacia, stretching as far as the eye can see —vast spaces dotted with a few cattle, sheep and goats grazing alongside Thomson’s gazelle and zebra. And finally, as you approach Narok, the first fields of corn and maize begin to appear.

5.

Les Masaïs vivent pauvrement dans ce vaste espace, et leur revenu annuel par tête est inférieur à celui de la moyenne nationale, déjà très faible (300 dollars). Cette précarité est accentuée par une fécondité largement supérieure (7 %) à celle de l’ensemble du pays (3,8 %). Pour ce peuple de pasteurs aux nombreuses tribus, la possession du bétail est une nécessité économique et sociale : "S’il veut se marier, un homme doit avoir suffisamment de bétail pour faire les cadeaux demandés au père de sa promise, pour payer la dot et pour constituer à sa femme un troupeau d’un boeuf et de huit génisses." Mais les Masaïs sont de plus en plus sédentaires, et la possession de la terre pour les cultures est devenue prioritaire.

5.

The Masai eke out a bare living in this huge space. Their annual per capita income is below the national average of $300, itself very low, and their situation is made even more precarious by the fact that their fertility-rate (7%) is much higher than that of the country as a whole (3.8%). They are tribal herdsmen for whom cattle are an economic and social necessity : "If a man wants to marry, he must have enough cattle to offer the customary gifts to the father of his intended bride, pay the bride-price and provide his wife with a bullock and eight heifers". But more and more Masai are now settled and it has become more important to own land.

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Des plaines d’Uasin-Gishu (au nord-ouest de Nairobi) jusqu’au cratère de Ngorongoro (à l’ouest d’Arusha, en Tanzanie), le pays masaï ancestral ne connaissait pas de limites. Il a été réduit avec la création des frontières, puis des aires protégées pour la biodiversité, où des activités traditionnelles, comme la chasse, sont exclues (zone protégée de Ngorongoro et parc national du Serengeti en Tanzanie, parc national de Tsavo et réserve nationale de Masaï Mara au Kenya).

6.

The boundless, ancestral lands of the Masai once stretched from the plains of Wasin-Gishu, north-west of Nairobi, to the Ngorongoro Crater, west of Arusha in Tanzania. They have been sadly diminished with the coming of national borders and nature reserves, the Ngorongoro reserve and the Serengeti National Park in Tanzania, and the Tsavo National Park and the Masai Mara national reserve in Kenya, where traditional activities such as hunting are forbidden.

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Première destination touristique du Kenya, la réserve nationale de Masaï Mara (1 368 km2) est propriété du gouvernement. Une vaste zone de 4 566 km2 l’entoure, découpée en ranchs appartenant aux Masaïs. Les conseils généraux (county councils) de Narok et de Trans-Mara, qui gèrent la réserve, perçoivent l’essentiel des droits d’entrée. Dans celle-ci, le tourisme, seule activité autorisée, rapporte 20 millions de dollars par an. Les ranchs tirent aussi des revenus importants de ce secteur (10 millions de dollars), parallèlement à ceux de l’agriculture (3,8 millions de dollars) et de l’élevage (2,4 millions de dollars).

7.

The 1,368 sq km Masai Mara national reserve in Kenya, owned by the government, is the country’s most important tourist attraction. It is surrounded by a vast area of 4,566 sq km, divided into farms belonging to the Masai. The Narok and Trans-Mara county councils, which manage the reserve, take most of the entrance fees. Tourism, the only authorised activity in the reserve, brings in $20m a year. It is also a substantial source of revenue for the farmers ($10m), in addition to their income from farming ($3.8m) and stock-breeding ($2.4m).

8.

Résultats trompeurs, car les ranchs ne récupèrent qu’une faible part des profits nets de ces activités 1,3 million de dollars au total, soit 8 % des 16,2 millions de dollars générés. De ces bénéfices, 72 % proviennent du bétail, 16 % de l’agriculture et seulement 14 % du tourisme. Pourquoi ces disparités ?

8.

The figures are deceptive, however, for the farms receive only a small proportion of the net profits from these activities : $1.3m in all, about 8% of the $16.2m generated. About 70% of these profits come from cattle, 16% from crops and only 14% from tourism. Why these disparities ?

9.

Le bétail appartient aux Masaïs, qui l’exploitent directement. En revanche, l’argent du tourisme revient très largement aux opérateurs de voyages organisés et de safaris, aux propriétaires des hôtels, des lodges et des camps, aux agences de charters. De même, les profits de l’agriculture se retrouvent pour l’essentiel sur les comptes des entrepreneurs hors zone (souvent des Kényans d’origine indienne et asiatique, mais aussi des Européens), qui louent les terres aux Masaïs.

9.

The cattle belong to the Masai, who deal direct with the buyers. Most of the proceeds of tourism, on the other hand, go to tour operators, firms organising safaris, owners of hotels, lodges and camps, and charter companies. Similarly, most of the profits from farming find their way into the accounts of businessmen outside the area (often Kenyan Asians, but also Europeans) who lease land to the Masai.

10.

Le Kenya Wildlife Service (KWS) a la responsabilité des espaces naturels et de la faune sauvage du pays. Il gère les parcs nationaux mais non les réserves, dont il assure cependant la supervision technique. Ces responsabilités l’amènent de plus en plus à intervenir dans le développement global de la zone de Mara. "La question du régime foncier est l’une des plus préoccupantes, souligne M. Nehemiah Rotich, directeur du KWS. Au cours des cinq dernières années, les surfaces emblavées se sont largement multipliées. Ce n’est pas un hasard, car c’est aussi une période pendant laquelle le tourisme a connu une baisse certaine d’affluence. De plus, les investisseurs sont attirés par les profits rapides. Ils louent les terres pendant deux à trois ans, puis s’en vont ailleurs."

10.

The Kenya Wildlife Service (KWS) is responsible for the country’s nature reserves and wildlife. It manages the national parks but not the reserves, though it does provide technical supervision there. In discharging these responsibilities, it finds itself increasingly involved in the overall development of the Mara. "The problem of land management is one of our biggest worries," says KWS director Nehemiah Rotich. The area under cultivation has increased by leaps and bounds in the past five years. This is no accident. Tourism has declined and investors are looking for quick profits. They lease land for two or three years and then move on."

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La Banque mondiale a établi que, dans cette zone, le bétail assurait 60 schillings (soit 6 francs) à l’hectare par an ; le tourisme, 443 schillings ; et l’agriculture, 17 500 schillings. Ce dernier poste se développe donc de plus en plus, d’autant que le prix des terres et la consommation de céréales ne cessent d’augmenter. En outre, la faiblesse des ressources consacrées aux fertilisants et à la gestion du sol amène à privilégier les cultures extensives. De fait, plus de 15 000 hectares sont déjà cultivés dans le district de Narok, et, à l’intérieur de la zone de Mara, les surfaces louées aux opérateurs sont passées de 18 000 hectares en 1973 à plus de 27 000 hectares en 1987.

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According to World Bank estimates, the yield from cattle in this area is the equivalent of $0.75 a year per hectare, while tourism brings in $5.5 and farming $218.75. So there is a natural tendency for farming to expand as land prices rise and cereal consumption increases, a tendency encouraged by the fact that very little money is spent on fertilisers or land management. More than 15,000 hectares are already under cultivation in the Narok district and the land leased to farmers in the Mara rose from 18,000 hectares in 1973 to more than 27,000 in 1987.

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La conversion des terres pour la culture du blé et du maïs (emblavement) augmente de 18 % par an dans le district, tandis que la moyenne nationale est de seulement 7 %. Les profits tirés de la location des terres ne représentent pour les Masaïs qu’une faible part des revenus réalisés (5,3 % en 1989). Certains envisagent alors une gestion directe de ces surfaces, limitée à l’agriculture et à l’élevage. Dans cette hypothèse, qui verrait la suppression du tourisme sur les ranchs, les ressources dégagées pourraient s’élever à 54 millions de dollars, dont 20 millions de dollars de profits —15 fois ceux actuellement réalisés. Mais ce scénario est-il réaliste ?

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The land turned over to corn and maize is increasing at 18% a year in the district, compared with a national average of only 7%. For the Masai, the profits from leasing land represent only a small part of their overall income (5.3% in 1989). So thoughts are turning to schemes for direct management of these areas, which would then be used exclusively for farming and stock-breeding. If tourism was banned on farmland, the resources released might be as much as $54m and profits could be $20m, 15 times the sum realised at present. But is this a realistic scenario ?

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Si les terres sont en majorité propriété collective, les Masaïs n’en sont pas moins engagés dans une course à la propriété individuelle. "C’est la seule qui puisse leur donner le sentiment de maîtriser quelque peu leur destin, de pouvoir prendre les décisions qui les concernent, relève Mme Helen Gichohi, directrice de l’African Conservation Centre, organisation non gouvernementale très active dans la zone de Mara. Mais le corollaire, c’est la fragmentation, la subdivision des terres. Nous essayons d’expliquer qu’une gestion commune, par l’intermédiaire des collectivités, est préférable, nettement plus cohérente et plus rentable pour tous." Certains ranchs ont bien compris ces impératifs de rentabilité. Celui de Koyaki, par exemple, a signé un contrat d’exclusivité avec des opérateurs de safari pour 40 000 dollars par an.

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Most of the land is communal property but the Masai are nevertheless moving very fast towards private ownership. "It’s the only way they can feel they have at least some control over their lives," says Dr Helen Gichohi, director of the African Conservation Centre, a non-governmental organisation that is very active in the Mara. The corollary, of course, is that the land is broken up and subdivided. We try to explain that common management by the local community is better, more logical and more profitable for all concerned." Some farmers are well aware of the need to make a profit. One, Koyaki, signed an exclusive $40,000-a-year contract with firms organising safaris.

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Mais la terre a d’autres utilisateurs. Environ 250 000 bovins, moutons, chèvres et ânes paissent sur les ranchs (les pacages non autorisés, mais tolérés de facto, dans la réserve ne sont pas exceptionnels). Parmi les animaux sauvages, les gnous sont les plus nombreux, entre 1,3 et 1,4 million. Leur migration annuelle depuis le parc national du Serengeti, en Tanzanie, les ramène dans la réserve de Mara de juillet à octobre. Une armée gigantesque, accompagnée de plusieurs milliers de zèbres, d’élans et de gazelles de Thomson à la recherche de verts pâturages. La réserve elle-même comptant environ 40 000 animaux sauvages résidents et les ranchs une centaine de milliers, toute cette faune doit cohabiter.

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But others also use the land. Some 250,000 cattle, sheep, goats and donkeys graze on the farmlands, and grazing is frequently tolerated on reserves where it is theoretically forbidden. Gnu, 1.3 to 1.4m of them, are the most numerous of the wild animals in the area. Their annual migration to the Mara reserve from the Serengeti National Park in Tanzania takes place between July and October. This vast army is accompanied by millions of zebra, eland and Thomson’s gazelle, in search of green pastures. Some 40,000 wild animals are permanent residents in the reserve itself and about 100,000 in the farmlands, all using the same space.

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Cette année, la migration a commencé plus tôt que de coutume : dès juin, les points d’eau de la réserve étaient entourés par les premières masses compactes des troupeaux de gnous. Pour M. Donald Young, qui dirige une entreprise de safaris et dont le lodge est situé dans la réserve, "cela s’explique parfaitement. La sécheresse est grande au Serengeti, alors ils ont hâté leur départ. Ils ont trouvé la même sécheresse à Mara, mais il y a quand même un peu plus d’herbe". Toutefois, les animaux ne connaissent pas les interdits des hommes. Ils s’aventurent quelquefois sur les ranchs pour se nourrir.

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The migration started earlier than usual this year. The first dense herds of gnu were seen round the water holes on the reserve in June. Donald Young, who runs a safari company and has a lodge in the reserve, finds this perfectly understandable. "Drought has struck in the Serengeti, so they left earlier. There is drought in the Mara too but there is just a little more grass here." But animals don’t recognise keep-out signs and they sometimes stray onto the farms in search of food.

16.

Les communautés masaïs ne s’opposent pas officiellement au principe d’une zone protégée. Mais leurs membres, pris individuellement, considèrent cette faune qui se déplace sur leurs terres comme parasite (d’autant que les ressources en herbe et en eau sont déjà diminuées par le surpâturage fréquent du bétail). Et leurs raisons paraissent très cohérentes à nombre d’observateurs, notamment M. Michael Norton-Griffiths : "L’idée romantique persiste que les pasteurs masaïs (et d’autres) coexistent harmonieusement avec la nature sauvage. La vérité, bien sûr, est différente, et ce que l’on interprète comme une coexistence est en fait une insuffisance de capital et de technologie des pasteurs pour prétendre changer le statu quo. Dans le passé, peut-être, quand les densités humaines étaient faibles, les pasteurs pouvaient ignorer cette nature. Mais, aujourd’hui, la prolifération des populations humaines, l’accroissement des besoins financiers et les enjeux économiques rendent absolument nécessaire une augmentation de la productivité de la terre. Les pasteurs, tout simplement, ne peuvent plus supporter les coûts supplémentaires de production liés à la nature sauvage."

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In principle, the Masai communities are not against protected areas. But in practice, they regard the wild animals on their lands as parasites, the more so as their grass and water resources are already eroded by over-grazing of domestic animals. To many observers, including Michael Norton-Griffiths, their position seems quite reasonable. "There’s still a widely held romantic idea that the Masai and other tribesmen live in perfect harmony with the animal world," he says. "The truth, of course, is rather different. This is not peaceful coexistence. The herdsmen simply lack the capital and know-how to change the status quo. In the past, when there were fewer people, the herdsmen may have been able to overlook these natural intruders. But now, as populations expand, financial needs increase and the economic stakes rise, it’s absolutely essential to make the most of the land. Quite simply, the herdsman can no longer bear the additional costs associated with the presence of wildlife."

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Les Masaïs estiment que les animaux sauvages dévorent des ressources, apportent des maladies, peuvent blesser ou tuer. Les populations protègent donc leurs habitations de torchis avec des clôtures, veillent en permanence sur leurs champs et leurs troupeaux. Les Masaïs sont autorisés à supprimer ces concurrents uniquement dans les cas individuels de menace, la faune sauvage appartenant à l’État. Alors, plutôt que d’entreprendre des campagnes discrètes d’élimination, ils pratiquent une politique plus subtile, et aussi plus radicale à terme : le défrichement, l’érection de barrières, l’accès réservé aux points d’eau, les brûlis...

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From the point of view of the Masai, these animals consume scarce resources, spread disease and may injure or even kill. So the men build protective fences round their cob houses and keep permanent watch over their fields and herds. All wildlife is owned by the state, however, and the Masai are only allowed to eliminate this particular form of competition if they are under personal threat. So, rather than killing a few on the quiet, they take the more devious and ultimately more radical course of clearing land for cultivation, putting up fences, limiting access to water holes, and burning stubble.

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En conséquence, la faune dépérit à grande vitesse. Non seulement dans la zone de Mara, mais au Kenya dans son ensemble. De 1977 à 1994, le pays a perdu 44 % de ses animaux sauvages. Un chiffre énorme dont les variations sont instructives. Des pertes de 53 % en dehors des aires protégées, et, à l’intérieur, de 30 %. Mais pour le district de Narok (hors réserve), elles atteignent 73 %.

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As a result, these animals are rapidly dying out, not just in the Mara but in Kenya as a whole. Between 1977 and 1994, the country lost 44% of its wildlife. This represents a huge loss and the local variations are instructive : 53% outside the protected areas, 30% inside, and a staggering 73% in the Narok district, outside the reserve.

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Pourtant, si les Masaïs se plaignent des animaux sauvages, ceux-ci conditionnent le tourisme. Les ressources que pourrait produire la zone de Mara dans son ensemble, réserve comprise, en consacrant toutes les terres à l’agriculture et à l’élevage, seraient inférieures à celles actuellement acquises avec le tourisme comme poste principal.

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The Masai may complain about the wildlife but tourism depends on it. If all the lands in the Mara, including the reserve, were used for farming and stock-breeding, they still would not make anything like the money generated by tourism, the most important source of revenue.

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L’équilibre est difficile à trouver et à respecter entre la conservation de la biodiversité et le développement économique et social des populations. Un dicton masaï, qui s’adresse au voyageur solitaire mais qui pourrait s’appliquer pareillement à tous ceux qui sont concernés par la zone de Mara, dit : "Ne pars pas dans la nature sans un compagnon pour t’enlever la poussière des yeux."

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It is often difficult to strike a balance between the rival claims of biodiversity and economic and social development. The Masai have a saying, addressed to lone travellers, but applicable to anyone concerned with the Mara : "Don’t go into the wild without a companion to wipe the dust from your eyes".

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